Seydi: «On peut viser le titre»
Seydi: «On peut viser le titre»
Moussa Seydi flambe. L'attaquant sénégalais du Fola est resté sur sa lancée de la saison dernière et a inscrit quatre buts en trois matches. Demain, il affronte Muhlenbach et son ami Fine Bop. L'objectif de son club, ses ambitions personnelles, les gens qui ont compté dans son parcours: l'ailier du club doyen dit tout.
Moussa Seydi, vous avez fêté vos 23 ans ce mercredi. C'est l'âge de...
De la maturité. Maintenant c'est parti!
Et c'est bien parti avec quatre buts en trois matches. Vous enchaînez après votre deuxième tour de la saison dernière au cours duquel vous en avez inscrit neuf. Y a-t-il eu un déclic?
Ma première saison (2017-2018) a été difficile puis je me suis blessé au début de la seconde. L'entraîneur m'a encouragé. Il m'a dit que j'aurais du temps de jeu. Que j'étais capable de marquer et de faire marquer. J'ai travaillé dur pour revenir. Et plus tu bosses, plus tu obtiens.
Qui sont les personnes qui ont compté dans ces moments de doute?
Papiss Cissé (l'ancien Messin) qui habitait à 200 m de chez moi au Sénégal et Sadio Mané, qui vient de la même région que moi m'ont encouragé à ne jamais baisser les bras.
Le Fola a connu un été mouvementé avec pas mal de départs. Comment avez-vous traversé cette période?
Ce furent des moments compliqués, mais comme joueur, nous avons le devoir d'aider le club. On doit faire le job. On n'a pas le choix.
Avez-vous été sollicité par d'autres clubs?
Oui, pas mal de clubs me voulaient, mais mon agent m'a dit d'attendre le moment venu. Je me sens bien ici et mon contrat court jusqu'en juin 2020.
D'autres personnes vous ont-elles influencé?
Oui, je pense à mon coéquipier Julien Klein qui n'a pas arrêté de me parler. Il a fini par me convaincre: «Reste petit, tu vas faire un bon championnat!», disait-il.
Mais le Fola n'est pas une fin en soi, si?
Non, je veux rebondir chez les professionnels.
Un monde que vous avez connu au FC Metz. Cela vous a fait mal au cœur de quitter les Grenats en 2017?
C'est le foot. Il faut parfois partir pour relever un challenge. Mais je n'ai jamais douté. J'ai toujours su que j'avais les capacités pour rebondir au plus haut niveau. Il n'est pas question de baisser les bras. Ce n'est pas dans ma nature.
Revenons au Fola. On imagine qu'avant de le quitter, vous souhaitez gagner un trophée, non?
Nous visons les trois premières places, mais on peut être champions. On fera un bilan à la fin de la première partie du championnat. Je suis persuadé qu'on peut y arriver car les coaches nous poussent à aller au fond de nous-mêmes et le groupe vit bien.
Il a pourtant dû digérer le départ de Samir Hadji, meilleur buteur de la saison dernière?
Quand j'ai vu Samir pour la première fois, je me suis demandé ce qu'il faisait encore ici tellement il était fort tactiquement et techniquement. Dans le jeu, il prenait beaucoup la profondeur. Gauthier (Caron) a un autre profil, mais je m'adapte et la machine commence à tourner.
Vous, on vous retrouve toujours à gauche. Votre place préférée?
Je préfère rentrer sur mon pied droit pour frapper. Lorsqu'un ballon est adressé dans le dos des défenseurs je peux plonger et me retrouver en face du gardien sur mon pied droit.
C'est là que vous avez été formé?
Non, j'étais avant-centre quand je jouais à Génération Foot. Puis, lorsque Olivier Perrin m'a découvert et m'a fait venir au centre de formation du FC Metz, il m'a dit que je pouvais répéter les efforts et faire les appels. Et donc que je serais plus à l'aise sur l'aile.
Un travail qui a payé avec une première apparition avec l'équipe première en septembre 2016 contre Bordeaux.
Oui. Comme Vincent Thill d'ailleurs. On est entré dans un contexte difficile puisque le FC Metz a perdu 0-3, mais je remercie Philippe Hinschberger pour m'avoir fait confiance comme je n'oublierai pas non plus Albert Cartier qui m'a lancé contre Seraing en amical.
Vous n'êtes pas avare de remerciements. Cela vient de votre éducation?
Mes parents étaient éducateurs au Sénégal. Ils m'ont inculqué certaines valeurs et m'ont encouragé à enseigner aussi. Le social m'intéressait mais je préférais encore plus le football.
Comment êtes-vous arrivé à percer dans ce milieu?
Génération Foot est venu recruter des joueurs dans notre région. Je n'étais pas très chaud tellement il y avait du monde. Je me disais que ça ne pouvait pas marcher. On m'a inscrit. J'ai fait un quart d'heure, j'ai marqué sur mon premier ballon puis j'ai encore fait marquer aussi. Olivier Perrin m'a dit: «Fais tes valises, on va à Dakar». C'est formidable pour un jeune qui vient du sud du pays car il faut encore plus bosser pour se faire remarquer.
Vous avez même quelques sélections chez les U23…
Oui on a une belle génération avec Moussa Wagué (FC Barcelone), Ismaïla Sarr (Watford) et puis mon «frère» Habib (Diallo) qui m'a guidé à Metz.
Avez-vous digéré la défaite du Sénégal en finale de la CAN?
On ne peut toujours pas expliquer comment le but est arrivé. On était favoris même si l'Algérie avait déjà gagné le premier duel contre nous en phase de poules. On doit rendre au peuple ce qu'il mérite un jour et gagner enfin un premier trophée continental. Dans deux ans j'espère.
Demain, vous allez rencontrer Muhlenbach, l'équipe la plus «sénégalaise» de BGL Ligue. C'est un sentiment spécial?
Clairement, ça fait toujours plaisir de jouer contre les frères. Surtout Fine Bop qui est mon «gars». Un vrai ami contre qui je n'ai jamais joué, mais j'ai toujours suivi son parcours.
Pourquoi portez-vous le n° 29 ?
Je voulais le n°19 comme Sadio Mané, mais c'est Gérard (Mersch) qui le portait. Il me fallait un 1 ou un 9 alors j'ai pris le 29.
La tête du classement des buteurs, vous comptez la garder longtemps?
J'espère. C'est ce qu'on demande aux attaquants après tout. Je préfère marquer que faire marquer. C'est bon pour la confiance et puis les statistiques, c'est important.

