Pascal Raspollini: «Le jeu de Bouna Sarr m'a emballé»
Pascal Raspollini: «Le jeu de Bouna Sarr m'a emballé»
L'ex-Messin et attaquant Pascal Raspollini (59 ans) suit avec intérêt le parcours du FC Metz (19e, 26 points) en Ligue 1. L'enfant de Villerupt apprécie Albert Cartier, se montre séduit par Sarr et attend plus de la part de N'Gbakoto. Le maintien s'annonce comme une opération compliquée à atteindre.
• Pascal, le FC Metz a battu Toulouse logiquement (3-2) mais se trouve toujours en très mauvaise posture. Quel est votre bilan après 31 journées de championnat?
J'avais été agréablement surpris par le début de saison malgré un doute sur notre défense. Je pensais que le recrutement qui avait été opéré été parfait. Je ne m'explique pas ce trou noir et ces 18 matchs sans succès qui forcément vous plombent une équipe. Face au TFC, un garçon, Maïga (3 buts), a fait la différence et nous avons eu des occasions nettes de marquer. La mauvaise série est stoppée mais est-ce que le maintien est possible? Franchement, la situation messine est très compliquée.
• Quels doutes aviez-vous sur la défense messine?
On demande avant tout à une défense de savoir défendre: cela paraît simple à dire mais à l'époque j'estimais que nos défenseurs, Bussmann et Métanire, étaient trop portés vers l'avant. Cela a bien fonctionné au début de saison mais ensuite, avec l'enchaînement des matchs et la répétition des efforts, les deux ont été dans le doute.
• Toulouse et Reims ont évincé leur entraîneur récemment. Peut-on considérer Albert Cartier comme un privilégié?
Non. Je ne suis absolument pas un adepte du fameux choc psychologique. Dans la plupart des cas cela ne fonctionne pas. Je connais bien Albert et je l'apprécie. C'est un garçon qui ne lâche jamais. Les Messins sont devant une mission immense, effacer une série de 18 matchs sans succès et obtenir un maintien qui serait synonyme de grosse performance. La saison dernière, Sochaux avait fait une fin de parcours de toute beauté mais avait coincé lors des dernières rencontres et est descendu en Ligue 2. C'est dur de rattraper un tel retard.
• Vous ne croyez plus au maintien du FC Metz en Ligue 1?
Tout dernièrement, j'en ai parlé avec Nico Braun, Hugo Curioni et Bernard Zénier. Nous sommes maintenant tributaires des résultats des autres équipes et en particulier de Toulouse (18e, 32 points) et Lorient (17e, 34). Le réveil grenat arrive un peu tard, il aurait fallu qu'il s'opère il y a quatre ou cinq matchs. Là, c'est encore possible mais il va falloir réaliser de gros exploits face à Paris, Bordeaux, Marseille et Monaco. Ce ne sera pas simple.
• A l'aller, les hommes d'Albert Cartier avaient su montrer un très beau visage face à Paris (2-3) et Marseille (1-3)...
C'est exact. D'ailleurs, ils ne méritaient absolument pas de s'incliner. Les garçons avaient produit deux bons matchs et au final ils n'avaient pas été récompensés. Il y a des saison où tout rigole et d'autres où rien ne fonctionne comme on aimerait. Le FC Metz a survolé le National et la Ligue 2 en profitant, sur certaines parties, d'une belle réussite. Si cette dernière revient en cette fin de parcours, alors sait-on jamais?
• Quels sont les joueurs messins qui vous ont séduit le plus ou qui vous ont laissé sur votre faim?
Bouna Sarr m'a emballé! Balle au pied, il est fort et il possède la fougue de la jeunesse même s'il devra corriger un peu son jeu. Je m'attendais à ce que Yeni N'Gbakoto soit une des révélations de la L1 car il a de sacrées qualités. Florent Malouda a été blessé au moment où le FC Metz avait le plus besoin de lui. Son absence a été préjudiciable à un moment clé de la saison.
• Est-ce l'heure du bilan?
Non! Un bilan se fait toujours à la fin de l'aventure. Est-ce que le recrutement a été bon? Que s'est-il passé pour vivre une aussi mauvaise période sans succès? Ces questions, bien sûr qu'il faudra les poser, mais pas maintenant.
• Quelles sont les différences profondes entre le foot des années 80 et celui d'aujourd'hui?
La plupart des joueurs de mon époque ont appris à jouer au football dans la rue. Et quand on portait sur nos épaules le maillot de Metz ou Nancy, c'était exceptionnel. Aujourd'hui, j'ai l'impression que le jeu de nombreuses équipes est stéréotypé. Les joueurs sont mieux préparés, ce sont de véritables athlètes, mais il manque une touche personnelle. Il faut reconnaitre que la pression est bien plus forte depuis quelques années car les enjeux financiers sont nettement plus importants qu'à mon époque.
Propos recueillis par Hervé Kuc

