«Molinari a été un excellent président au grand cœur»
«Molinari a été un excellent président au grand cœur»
Propos recueillis par Hervé Kuc
Jean-Paul Bernad (65 ans), que devenez-vous?
Jean-Paul Bernad - «Je suis à la retraite, je vis à Cannes, et dernièrement j'ai eu un petit problème physique, ce qui fait que j'ai besoin de calme en ce moment. Mais je vais bien. La retraite c'est parfois un peu long, et un temps, j'ai songé à entrer dans un staff technique. Aujourd'hui, je me sens prêt à une aventure avec le FC Metz si l'on me proposait de m'occuper d'un domaine en particulier, mais vous savez, dans ma vie, je n'ai jamais rien réclamé.
Quel regard portez-vous sur le football actuel?
«J'estime que cela est devenu un business et que les contrats ne veulent plus rien dire. L'argent a fait beaucoup de mal au football et certaines valeurs se perdent. On a valorisé des qualités physiques au détriment des qualités techniques, et c'est pour l'une de ces raisons que la Ligue 1 fait partie des championnats les plus faibles en Europe.
Avez-vous gardé un lien avec Carlo Molinari?
«Cela fait très longtemps que je ne l'ai pas vu. Il a été un excellent président au grand cœur. Un temps, je suis parti en Arabie saoudite avec Marcel Husson, l'entraîneur de l'époque du FC Metz, que j'apprécie énormément. Quand j'ai quitté Metz (en 1985, ndlr), Carlo m'avait dit que je pouvais rester encore au club. J'avais 28 ans et je suis parti dans le sud (OGC Nice de 1985 à 1987 et Nîmes en 1987-1988) uniquement à cause du climat et du soleil qui me manquait. Avec le temps, j'ai finalement eu des regrets, car en Moselle la mentalité des gens est vraiment très belle.
Vous étiez un numéro 10 à l'ancienne. Pourquoi ce profil de joueur a-t-il disparu?
«Les qualités physiques ont été mises en avant et l'aspect tactique a pris le dessus. Avant, quand un joueur avait du talent on le laissait jouer, il y avait du spectacle. Maintenant, on s'ennuie un peu quand même quand on regarde certains matches de Ligue 1. Moi, j'ai joué avec Serge Chiesa à Lyon (1974-1978) et j'adorais Alain Giresse. Je ne me compare en rien à eux, mais ces gars-là avaient du génie et j'ai essayé de m'en inspirer.
Peut-on connaître votre salaire lorsque vous étiez au FC Metz?
«Je ne veux pas raconter de bêtises, mais cela devait tourner autour des 30.000 francs (de l'époque, soit 4.573 euros, ndlr). C'était un salaire qui me suffisait et j'étais très heureux ainsi. Aujourd'hui, certains gagnent des millions, mais ont besoin d'un avion privé pour se déplacer. Moi, je n'ai gardé aucun maillot du FC Metz, ni même des tenues d’entraînement, j’offrais tout. Tiens, si le FC Metz veut bien me faire parvenir un maillot du club, cela me ferait très plaisir.
Metz - Barcelone (octobre 1984, 2-4 et 4-1, Coupe des vainqueurs de coupe) restera à jamais gravé dans l’esprit des supporters messins. Vous êtes entré dans la légende du club grenat. En avez-vous conscience?
«Absolument pas, et c'est un honneur que me feraient les supporters messins s'ils pensent cela de moi et des joueurs qui m'ont accompagné. Vous savez, après le revers subi à Saint-Symphorien (2-4), nous avions un match de championnat à disputer et j'avais une petite contracture. Carlo est venu me voir et m'a dit: "Jean-Paul, reste au repos et va voir jouer Barcelone". Je m'y étais rendu, j'avais une bonne place en VIP et les dirigeants barcelonais m'ont même offert du champagne et ont rigolé quand je leur ai dit que j’étais venu les superviser. Après coup, je me suis aperçu que c'était une forme de moquerie de leur part. Mais la suite a permis au FC Metz de prendre une belle revanche sur le terrain (4-1).
Suivez-vous le parcours actuel du FC Metz en Ligue 1?
«Oui, et je suis peiné de constater ses difficultés depuis une vingtaine d'années. Il y a tout pour réussir au FC Metz, mais malheureusement les moyens financiers ont pris une telle ampleur dans le football que Metz ne peut rivaliser. J'adore le FC Metz et c'est la régularité qui va faire la différence dans la course au maintien.
Peut-on connaître votre pronostic pour la rencontre entre Metz et Saint-Etienne?
«Mon cœur est à Metz! Les Messins n'ont pas le choix s'ils veulent respirer un peu mieux, il faut s'imposer. Tous les matches seront importants jusqu'à la fin de ce championnat, il ne faudra jamais rien lâcher.»
L’enjeu de la rencontre
Le FC Metz (16e, 23 points) accueille l'AS Saint-Etienne (15e, 28) ce dimanche et l'affiche promet d'être belle. Les Messins ont trouvé, apparemment, leurs repères défensifs (Centonze, Bronn, Boye et Udol), tout en affichant des qualités de combat au milieu de terrain (N'Doram, Maïga et Pajot). Si l'inévitable et l'indispensable Habib Diallo se montre toujours autant adroit devant le but adverse, le succès peut être au rendez-vous.
Le prono de la rédaction: 2 à 1 en faveur du FC Metz.

