Luc Holtz: «Nous ne mettrons pas le bus devant notre but!»
Luc Holtz: «Nous ne mettrons pas le bus devant notre but!»
La sélection nationale prend ses quartiers à Logrono en cette fin de mercredi après-midi. Une seule séance d'entraînement est prévue sur la pelouse de l'Estadio Municipal Las Gaunas, jeudi, à la veille de défier l'Espagne dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2016. Luc Holtz est déjà tendu vers ce rendez-vous très particulier avec les champions du monde et d'Europe. Le sélectionneur nous livre quelques réflexions.
Propos recueillis par Didier Hiégel
Après son échec au Mondial 2014, l'Espagne est-elle selon vous revenue au niveau des meilleures nations comme l'Allemagne?
Je crois bien que oui. Les Espagnols vont encore faire très mal dans les années à venir. Leur réservoir de joueurs de grande qualité est tel… Dans notre groupe C, ils ont dû hisser leur niveau de jeu contre la Slovaquie (2-0) qui les devançait au classement, et ils ont su le faire parfaitement.
Qu'avez-vous retenu des déboires de la Roja au Mondial brésilien qui pourrait vous servir?
Au niveau tactique, je me pose la question si, dans certaines zones, il ne vaut pas mieux appliquer un marquage individuel sur certains joueurs, cela demande bien entendu des qualités de vitesse. En 2014, ils perdent 1-5 contre les Pays-Bas qui ont évolué avec cinq défenseurs mais ce n'est pas le nombre d'arrières qui a fait la différence mais l'animation. A partir d'un certain moment, ils ont exercé un marquage individuel qui a posé beaucoup de problèmes à une équipe espagnole qui a eu du mal à se procurer des occasions de but car, avec une défense néerlandaise haute, elle a été amenée à jouer de longs ballons faute de joueurs disponibles dans certaines zones. Cette défaite a été la clé de leur élimination car ils ont commencé à douter. Et ce doute leur a fait perdre une partie de la fluidité de leur jeu.
Diego Costa n'a pas été retenu par Vicente Del Bosque mais l'Espagne a prouvé qu'elle pouvait se passer de véritable attaquant de pointe en titularisant un manieur de ballon à l'image d'un Cesc Fabregas. Considérez-vous la sélection espagnole plus efficace avec un attaquant du style Diego Costa ou Álvaro Morata en attaque?
Je trouve cette équipe plus dangereuse avec un véritable attaquant de pointe, car ce dernier offre plus de solutions et pèse athlétiquement plus dans la „box“. Sans cette pointe, on peut se dire qu'on peut laisser les couloirs et que les centres seront moins dangereux. Pendant un temps, le FC Barcelone a peut-être manqué de cette présence athlétique devant le but. Le puzzle catalan a été complété avec l'arrivée de Suarez.
Vous connaissez parfaitement cette équipe espagnole, le match de ce vendredi est donc le plus facile à préparer?
Oh que non! C'est l'adversaire le plus dangereux que l'on puisse avoir. On a la possibilité de mettre un place un bloc compact bas, ils font tourner la balle pendant 90 minutes et peuvent mettre six ou sept buts. Si on met un bloc un peu plus haut, par des changements de rythme ils sont capables aussi de nous ridiculiser. Au Luxembourg, on parle souvent à propos de notre système de jeu, de l'animation offensive mais cela fait plus de trois ans que nous n'avons pas pris une raclée avec notre animation offensive. Ce n'est pas en mettant le bus devant notre but que nous éviterons de prendre une déculottée. Non, nous ne mettrons pas le bus devant notre but!
Les forfaits de ces derniers jours sont plutôt rassurants pour le Luxembourg?
Pas vraiment étant donné le choix et la qualité des joueurs espagnols. Pour moi, Del Bosque n'a qu'à faire un copy-paste pour avoir une équipe tout aussi compétitive.
Pour la sélection nationale, jouer l'individuelle dans certaines zones, est-ce la solution pour contrer ces maestros?
La vitesse et la valeur athlétique sont des clés pour contrarier cette équipe espagnole, mais je ne crois pas que nous possédons toutes ces qualités. Il nous faudra être costaud défensivement, et au niveau de notre mentalité il faut bien se rendre compte qu'il nous faudra courir davantage, et sans le ballon, une chose que tous les joueurs n'aiment pas trop faire. Ce sera 90 minutes au cours desquelles le travail défensif primera.
Par rapport au match aller, quelles sont les autres leçons que vous avez retenues?
Lors de l'aller (0-4), nous avons fait une prestation plus que correcte. Mais ils nous ont donné la preuve qu'ils sont capables à tout moment de nous "tuer" comme cette frappe de 25 mètres pleine lucarne de David Silva. Le quatrième but (Bernat) que nous encaissons provient d'une situation de contre, élément qui n'est pas forcément dans leur philosophie de jeu mais qu'ils maîtrisent bien aussi. Pour eux le football est semblable à la corrida, ils tournent autour du taureau avant de porter l'estocade.
Un léger doute pour Turpel
La sélection s'est entraînée une dernière fois ce mardi avant le départ pour l'Espagne ce mercredi après-midi. Toni Luisi et Ben Payal ont été laissés au repos par mesure de précaution. Dave Turpel, malade, n'a pas participé à la séance et un très léger doute plane sur sa capacité à entrer en ligne de compte pour ce pénutlième rendez-vous de la campagne. Maxime Chanot, lui, rejoindra la sélection ce mercredi. Chris Philipps, suspendu, fera quand même le déplacement.

