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«Ligue des Nations: le risque est réel»
Sport 5 min. 25.01.2017 Cet article est archivé
Entretien avec Paul Philipp

«Ligue des Nations: le risque est réel»

Paul Philipp craint que la future Ligue des Nations ne piège les petites nations du football.
Entretien avec Paul Philipp

«Ligue des Nations: le risque est réel»

Paul Philipp craint que la future Ligue des Nations ne piège les petites nations du football.
Photo: Fernand Konnen
Sport 5 min. 25.01.2017 Cet article est archivé
Entretien avec Paul Philipp

«Ligue des Nations: le risque est réel»

Didier HIEGEL
Didier HIEGEL
Ancien joueur professionnel, ex-international, sélectionneur national et président de la FLF, Paul Philipp connaît le football international comme personne au pays. Il nous éclaire sur les points chauds de l'actualité footballistique.

 (LW) - Ancien joueur professionnel, ex-international, sélectionneur national et président de la FLF, Paul Philipp connaît le football international comme personne au pays.  Il nous éclaire sur les points chauds de l'actualité footballistique.

  • Le Championnat d'Europe est passé de 16 à 24 nations, la Coupe du monde de même de 32 à 48 participants. Le football international dérive-t-il vers le gigantisme?

Davantage le football international qu'européen. Près de la moitié des membres de l'UEFA ont pu se qualifier pour le Championnat d'Europe l'an dernier. Sportivement, le tour final du Championnat d'Europe a été une déception. Heureusement, l'événement a valu  par l'enthousiasme des Irlandais, des Gallois, des Islandais et des autres supporters. Par ailleurs,  les nations mentionnées n'étaient pas réellement concernées par cette augmentation des participants puisque l'Islande et le pays de Galles avaient terminé la phase qualificative à la deuxième place de leur groupe et auraient de toute façon obtenu leur qualification. Mais je suis presque certain que le nombre de participants en phase finale ne sera pas réduit à l'avenir.

L'augmentation de représentants à l'occasion de la Coupe du monde a beaucoup moins de chances d'avoir un impact sur le football européen. Même si le nombre de places pour chaque confédération n'a pas encore été exactement déterminé, on discute seulement de trois billets supplémentaires pour l'Europe et passerait ainsi à 16. L'augmentation des participants est une promesse de campagne du nouveau président de la FIFA (Gianni Infantino). N'oublions pas toutefois que nous évoquons la date de 2026,  dans près de dix ans. La qualification pour ce rendez-vous débute seulement dans  huit ans. Nous avons encore bien le temps.

  • Les critiques envers la FIFA concernent principalement le fait de vouloir gagner davantage d'argent...

Bien sûr, l'argent joue un rôle important. Le nouveau président de la FIFA, Gianni Infantino, a également promis d'allouer plus d'argent pour la base des associations. Bien entendu, une telle proposition va dans le bon sens. Mais il ne faut pas se leurrer:  cet argent doit bien venir de quelque part.  Personnellement, ce qui me surprend, c'est la rapidité avec laquelle ces réformes sont mises en œuvre. L'augmentation des participants s'est faite comme une opération commando. Le nouveau président était à peine installé.

Le comité exécutif, le conseil d'administration de la FIFA avant lui, était accusé d'avoir une trop grande influence. Maintenant, c'est un comité seul qui a décidé de la modification du format de la compétition de la Coupe du monde. Cependant, il faut bien admettre que l'augmentation à 48 nations aurait probablement été votée si on avait demandé aux plus de 200 membres de la FIFA. L'Europe, avec un peu plus de 50 votes, a peu d'influence dans l'instance internationale. Les décisions y sont principalement prises par les pays asiatiques et africains.

Même si le président de la FIFA est un européen, comme le fut son prédécesseur, Sepp Blatter, il doit son élection dans une large mesure aux voix des fédération africaines. Il ne faut pas oublier. L'Afrique et l'Asie devraient être les principaux bénéficiaires de cette augmentation.

  • Gianni Infantino est en poste depuis près d'an. Comment jugez-vous sa première année de présidence?

Elle a été caractérisée par une hyperactivité. Ces jours-ci,  par exemple, nous n'entendons parler que de l'abolition de la règle de hors-jeu proposée par Marco van Basten, nommé par Infantino responsable du développement technique de la FIFA.

Les principales exigences des membres de la FIFA concernant l'élection d'Infantino comme nouveau président de la FIFA étaient complètement différentes: la transparence et la création de structures modernes étaient à son programme. J'ai l'impression qu'Infantino essaye de montrer par tous les moyens qu'il détient désormais le pouvoir. Auparavant, il était juste, si je puis dire, en tant que secrétaire général de l'UEFA, le bras droit de Michel Platini. Il était connu du public comme maître de cérémonie de différents tirages au sort. Je pense que beaucoup de choses sont faites actuellement sans examen approfondi  juste pour montrer une différence.

  • Menace du gigantisme mais une autre menace se profile aussi, celle de la Ligue des Nations qui sera mise en place l'année prochaine, ce qui pourrait conduire à des qualifications pour l'Euro 2020 à deux vitesses. Un danger que le Luxembourg a toujours essayé d'éviter...

Le risque est réel. J'ai mis en garde depuis que les premières discussions ont été menées. Pour autant que je me souvienne,  en tant qu'entraîneur ou en tant que joueur, c'est la première fois qu'une séparation directe est envisagée selon les classements UEFA ou FIFA (l'UEFA Nations League sera composée de quatre divisions, chacune divisée en quatre poules de trois ou quatre équipes. Les 54 associations membres seront versées dans quatre groupes en fonction de leur niveau. Les équipes seront réparties sur la base du classement de l'UEFA au 15 novembre 2017, à l'issue des éliminatoires du Mondial 2018).

Le danger est que cette façon de procéder prenne de plus en plus d'ampleur encore et ne remplace les qualifications traditionnelles. Le nouveau président de l'UEFA, Aleksander Ceferin, a récemment souligné qu'il n'adoptera jamais cela, mais, dans les moments décisifs, il n'est pas le seul à prendre la décision. Mais les grandes nations ont des difficultés à trouver des dates pour organiser des matches attrayants. Un match entre l'Allemagne et l'Argentine, par exemple, réjouit n'importe quel fan de football. Mais il n'y en a guère.

Retrouvez l'intégralité de notre entretien dans l'édition de ce mercredi du Luxemburger Wort

 









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