Le cyclo-cross comme cure de jouvence
Le cyclo-cross comme cure de jouvence
On n'ira pas jusqu'à dire qu'elle volera la vedette aux Elites et aux Espoirs, mais la catégorie Masters aura fière allure aux Nationaux de Mamer programmés dimanche dès 11h. Ils seront un peu plus d'une vingtaine à s'élancer dans la boue pour un titre national ou juste pour se tirer la bourre entre copains.
Les objectifs sont en effet divers et variés. «Il y a trois divisions. Les bons courent pour le titre, les seconds couteaux pour avoisiner le Top 5 et les plus modestes dont je fais partie pour prendre du bon temps et boire un coup après la course», résume Alain Pletschette.
À 52 ans, le sociétaire de l'UC Munnerefer Velosfrënn n'a pour seule ambition que d'assouvir sa passion. «Je suis originaire d'Harlange. J'y jouais au football avant de m'orienter vers le cyclo-cross. Peut-être parce que j'apprécie le gazon et la boue», rigole-t-il. «J'y retrouve parfois des sensations similaires. Un terrain profond notamment. Et puis je suis un amoureux de la nature.»
Vigilance et équilibre
Ils sont des dizaines comme Alain à se défouler chaque week-end sur les circuits proposés aux quatre coins du pays. Il faut pourtant une certaine audace pour se lancer dans une discipline violente qui ne laisse pas la place à l'impréparation. «Ce sport demande de l'adresse, de la vigilance, de la concentration, de l'équilibre, de la force mentale, une capacité à développer des watts et une adaptabilité certaine. Moi, je suis demandeur de tout ça.»
Kinésithérapeute au Domaine Thermal de Mondorf, Alain voit passer des gens tout au long de la journée. Mais il s'imagine très bien qu'une personne isolée ou enfermée dans un bureau huit heures par jour cherche à s'évader et à se vider le cerveau. Le cyclo-cross devient ainsi un terrain de jeu fort prisé. «Et chez nous, ce n'est pas seulement un sport individuel. C'est un esprit d'équipe avec un mécano (Mario) à notre disposition puis parfois un petit challenge interne pour voir qui finira devant l'autre. Qu'on le veuille ou non, il y a toujours un esprit de compétition et un mauvais résultat est toujours susceptible de me rendre un peu plus grincheux.»
Alain reconnaît volontiers qu'il faudrait l'intervention de voies divines pour qu'il se retrouve en compétition avec les meilleurs au terme des 40 minutes qui attendent les Masters, c'est-à-dire les coureurs de plus de 40 ans, dimanche à Mamer.
A l'autre bout de la chaîne, Tom Flammang (LG Bertrange), lui, reconnaît sans prétention qu'il espère faire partie de ce peloton de tête. «L'esprit de compétition ne m'a jamais quitté», reconnaît l'ancien professionnel. Dix-neuvième de Paris-Roubaix il y a un petit peu plus de 20 ans, l'ex coureur de Cofidis s'est aussi adjugé un titre de champion national dans les sous-bois en 2004. Devenu chef des Sports à RTL, le quarantenaire reconnaît que la discipline séduit les moins jeunes. «Aux Championnats d'Europe de Namur, la catégorie 55-60 ans était la mieux représentée.» Il avance dans la foulée quelques pistes qui tendent à expliquer le phénomène.
180 pulsations
«De nouvelles méthodes d'entraînement sont apparues avec notamment le home trainer. Ce n'est plus nécessaire de faire 5 heures de vélo par jour. La curiosité conduit aussi certains à s'essayer au cyclo. Pour voir ce que ça représente de monter à 180 pulsations. Et puis certains ont leur fils ou leur fille qui courent et ils s'y mettent aussi. Mais même quand on vise la victoire chez les Masters, ça ne nous empêche pas de boire une bière après la course.»
Les Masters, c'est le point final d'une carrière parfois commencée chez le débutants, parfois un peu plus tard. On retrouve forcément des noms qui n'ont cessé de résonner pendant de longues années comme celui de Pascal Triebel ou celui de Gusty Bausch. C'est aussi un moyen comme un autre de soigner son hygiène de vie et de rester en bonne forme. «La rengaine est connue. Si tu te sens bien dans ton corps, tu es bien dans la tête donc plus performant dans la vie de tous les jours. Ma carrière d'ancien sportif m'aide dans ma nouvelle vie professionnelle. Les sacrifices, le goût pour l'effort, la capacité à se structurer, celle à surmonter des moments plus compliqués. Tout ça joue et je n'ai pas l'impression de prendre trop de temps à ma famille. Surtout que je suis mon gamin sur les courses.»
Tom Flammang le reconnaît volontiers. Lorsque l'esprit de compétition le quittera, il raccrochera quasiment son vélo au clou. Il ne se voit pas enchaîner des milliers de kilomètres par an mais il respecte ceux pour qui avaler du bitume est un pain quotidien.
Dimanche, il sera davantage question de boue et d'ornières. Les moins âgés auront 40 ans, le doyen, Pascal Kess, en aura plus de 60. De quoi susciter encore des vocations. Même sur le tard…
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