L'avenir incertain des cyclistes en salle d'attente
L'avenir incertain des cyclistes en salle d'attente
(DH avec Joe Geimer) - Après les classiques de printemps, les premières rumeurs se font jour. Lors du Giro, elles prennent de l'épaisseur et les signatures sont apposées au bas des contrats au début de l'année suivante. Mais, cette année, la donne a changé. Le covid-19 s'est invité à la table des négociations et brouille les cartes. C'est ainsi que la majorité des coureurs d'un peloton inactif sont confrontés à un avenir incertain. Les pros luxembourgeois n'échappent pas à la règle. Tous sont dans une situation quasi identique. Jempy Drucker, Ben Gastauer, Kevin Geniets, Bob Jungels, Jan Petelin et Tom Wirtgen verront le contrat qui les lie à leur formation prendre fin au 31 décembre.
542 coureurs sont sous contrat cette année avec des équipes du World Tour et comme les six professionnels luxembourgeois nombre d'entre eux ne savent pas encore quel maillot ils porteront l'année prochaine. Chez Ag2r-La Mondiale, par exemple, seuls dix des 29 professionnels, encore sous contrat, sont certains de rouler pour Vincent Lavenu, le patron de l’équipe, en 2021. Et l'inactivité forcée en raison de la crise sanitaire n'est pas de nature à rassurer Ben Gastauer. «Il n'y a pas de courses, je ne peux donc pas montrer ce que je vaux pour le moment. C'est une période effectivement troublante», souligne le Schifflangeois.
A 32 ans, l'expérience joue pour lui, mais il avoue qu'il serait «beaucoup plus calme avec un contrat pour 2021». Avec le report des Jeux de Tokyo, Gastauer a reporté ses ambitions olympiques à l'année prochaine «à condition «d'être présent au sein du peloton, et pour cela il me faut signer un contrat».
Certains leaders pourraient être recrutés pour relativement peu d'argent
Celui qui comptait s'illustrer au Tour d'Italie devra compter sur une participation à la Grande Boucle. La vitrine du cyclisme a été déplacée à la fin août et nombre de coureurs en ont fait leur objectif pour décrocher un précieux sésame pour 2021. Pour l'heure, le Luxembourgeois qui affiche onze années de professionnalisme porte un regard lucide sur la situation du peloton. «Certaines équipes risquent de rencontrer de graves difficultés financières et certains leaders pourraient arriver sur le marché des transferts et être recrutés pour relativement peu d'argent», dit-il. «C'est certain, eux trouveront un employeur et, par après, les équipes compléteront leur effectif avec des équipiers comme moi.»
Du côté de Deceuninck-Quick Step, l'équipe de Bob Jungels, cinq des 28 professionnels n'ont officiellement aucun contrat pour l'an prochain. Le Luxembourgeois et le Belge Yves Lampaert représentent sans conteste les deux meilleurs éléments de ce quintette. Mais cela n'augure en rien une prolongation de contrat. Car Patrick Lefevere, le manager de la formation, est connu pour tenir au mieux les cordons de la bourse.
Le Belge n'hésite pas à délester son équipe de ses meilleurs éléments pour réaliser des économies. C'est ainsi que Philippe Gilbert (BEL), Elia Viviani (ITA), Niki Terpstra (CZE), Fernando Gaviria (COL) et Marcel Kittel (ALL) ont, tour à tour, dû quitter l'équipe la plus titrée de ces dix dernières années. Toutefois, en cas de non-reconduction de son contrat, Jungels, qui est armé sur de nombreux terrains, ne devrait pas avoir de difficultés à retrouver un employeur.
Deuxième longue pause pour Drucker
En ce qui concerne Jempy Drucker (33 ans), le troisième fer de lance du cyclisme luxembourgeois, la situation apparaît paradoxale. En effet, pour sa deuxième saison avec l'équipe allemande Bora-hansgrohe, il se retrouve à nouveau privé de compétition. Pour rappel, en 2019, et suite à une chute qui lui avait causé une blessure au rachis cervical, il avait dû observer quatre mois de pause. A la suite d'un début de saison convaincant, sur Omloop Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne et Paris-Nice, il se retrouve cette fois au chômage technique. Son objectif pour espérer décrocher un nouveau contrat de deux ans est de reprendre la compétition au mois d'août sur les chapeaux de roues.
Du côté des plus jeunes, Kevin Geniets (23 ans, Groupama-FDJ) semble le mieux loti. Quatrième de l'Etoile de Bessèges, il a démontré que ses performances de l'année dernière n'étaient pas le fruit du hasard. «Je me sentais très bien physiquement en début d'année et je l'ai confirmé en course», indique-t-il. Tout autre chose qu'une prolongation de contrat avec la formation française serait une surprise.
Par contre, Tom Wirtgen n'a pas eu de chance en début de saison. A la clé, une chute en Arabie saoudite suivie d'une intervention chirurgicale au coude droit. Désormais rétabli, le grand coureur de Bingoal-Wallonie (1m91) attend de démontrer ses qualités. Enfin, la situation de Jan Petelin (23 ans) semble la plus complexe puisqu'il n’a disputé aucune course cette année et n'a pu convaincre les responsables de l'équipe Vini Zabu-KTM des bienfaits de son recrutement. Pour lui aussi, il s'agit de patienter, de garder la forme, et, si la saison reprend, de convaincre.
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