L’arbitrage, la quadrature du siècle
L’arbitrage, la quadrature du siècle
L’arbitrage va mal et personne ne le conteste. Le Luxembourg pourrait se consoler en voyant sa province homonyme, juste de l’autre côté de la frontière, tirer la langue elle aussi, mais ça ne ferait guère avancer les choses. Il faut s’attaquer à la racine du problème. Elle est profondément enfoncée dans le sol et les ramifications sont nombreuses.
La base est gangrénée et le sommet fait pâle figure. Le premier constat, c’est le manque cruel d’arbitres. «Si on traitait les gens convenablement, il faudrait recruter moins de personnes. Mais au moindre problème, des gens sont écartés», lâche Laurent Kopriwa.
Un brin idéaliste
Il faut être un brin idéaliste pour se lancer dans une aventure qui demande du temps et un mental à toute épreuve. Car la fonction ne se limite pas à siffler deux mi-temps de 45 minutes ou même moins. Elle requiert une préparation théorique et un entretien physique, sans oublier le travail administratif qui suit un match.
Ce bagage vous expose tout de même aux sautes d’humeur des joueurs ou joueuses quand ce n’est pas un membre du staff ou un spectateur qui vous invective. Pour une poignée d’euros, c’est cher payé, surtout que les sanctions encourues par les coupables sont dérisoires. Laurent Kopriwa, qui a jeté le gant il y a quelques mois, donne son point de vue.
«Ce sont les clubs qui votent les sanctions à travers les statuts, donc ce n’est pas étonnant si les amendes restent marginales.» L’ancien arbitre FIFA est plus critique lorsqu’on évoque les moyens consacrés à la profession, notamment sur l’absence de l’assistance vidéo. «Je suis allé à Malte et au Kosovo notamment. Je ne pense pas qu’ils disposent de plus d’arbitres que nous mais ils ont la VAR. Quand j’entends que ça coûte de l’argent, il me semble que la FLF est la fédération sportive la plus riche du pays et que l’UEFA octroie des aides pour aller dans ce sens. Il existe des formats plus réduits que dans les grands championnats avec notamment cinq caméras. Qu’on essaie au moins avant de dire que ça ne fonctionnera pas.»
Kopriwa flingue le CA
Mais là où le désormais ancien arbitre sort le carton rouge, c’est quand on lui parle de cuisine interne et de promotion.
«Je devais arbitrer un match en Israël mais j’étais blessé trois semaines avant. J’ai dû déclarer forfait pour les tests physiques mais j’étais rétabli déjà une semaine plus tard. J’ai reçu un e-mail du chef des arbitres pour me signaler qu’on m’avait retiré le match. Même pas un coup de fil après plus de 20 ans de service. On m’a dit que c’était une question de transparence par rapport à mes collègues. Mais lorsque deux d’entre eux échouent aux tests physiques mais sifflent tout de même des matches de BGL Ligue, on ne parle plus de transparence.»
Kopriwa insiste là où ça fait mal. Le copinage est devenu trop voyant dans une fédération qui doit boucher les trous comme elle peut pour proposer un cadre A le plus complet possible. «Je ne dis pas qu’il y a deux ou trois arbitres qui n’ont pas le niveau pour y figurer mais ils ont été propulsés trop vite à ce rang. Ce n’est pas leur rendre service. Et un arbitre ne va jamais refuser une telle promotion. La faute ne leur incombe pas, mais elle est du ressort des décideurs.»
Laurent Kopriwa appelle au changement pour apporter un vent de fraîcheur. «Je n’ai pas renoncé à donner un coup de main à la profession mais pas avec des gens qui m’ont poignardé dans le dos.»
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