Il y a 50 ans, la tragédie des JO de Munich
Il y a 50 ans, la tragédie des JO de Munich
(jg/dpa) - Quels sont les moments les plus marquants, les plus légendaires et les plus importants des Jeux olympiques ? Jesse Owens, le chouchou du public en 1936 à Berlin, le Black Power à Mexico, les sept médailles d'or de Mark Spitz à Munich, le fabuleux record du monde d'Usain Bolt ou les allumeurs de torche Muhammad Ali et Cathy Freeman en font sans aucun doute partie.
Tout comme le massacre des sportifs israéliens. Si l'événement n'a rien à voir avec le sport, il n'en a pas moins marqué les Jeux olympiques. Aucun événement sportif mondial n'a connu un tournant aussi brutal que cette journée de compétition du 5 septembre 1972.
Il y a tout juste 50 ans, les festivités sportives ont laissé place aux terroristes palestiniens cagoulés sur le balcon du quartier israélien du 31 Connollystrasse, des policiers en survêtement sur les toits du village olympique, des otages martyrisés et des hélicoptères brûlés à l'aéroport de Fürstenfeldbruck. Chronique des heures tragiques.
5 septembre 1972
4h20 : huit membres du groupe terroriste palestinien «Septembre noir» escaladent la clôture du village olympique en survêtement. Les fonctionnaires de la poste qui observent le groupe prennent les hommes pour des sportifs.
4h35 : les terroristes pénètrent dans la maison du 31 rue Connolly et prennent en otage des athlètes israéliens et leur encadrement.
4h52 : Moshe Weinberg, un entraîneur de lutte, est abattu alors qu'il tentait de s'échapper. Il est la première victime des terroristes.
4h55 : la police reçoit un premier appel d'urgence. Les terroristes lancent un tract depuis le balcon. Ils posent des exigences et un ultimatum : 234 Palestiniens détenus en Israël et les terroristes de la RAF Andreas Baader et Ulrike Meinhof doivent être libérés avant 9 heures. Ils demandent également un sauf-conduit (ndlr : un laissez-passer) et un avion ravitaillé - sinon, tous les otages seront abattus.
5.30 : les terroristes déposent le corps de Moshe Weinberg devant la porte du refuge. Ils laissent l'haltérophile Josef Romano, blessé par balle lors d'une tentative d'évasion, se vider de son sang dans l'appartement du premier étage sous les yeux des neuf autres otages. Le Comité international olympique (CIO) est alerté.
8h30 : Walther Tröger (maire du village olympique), Willi Daume (chef du comité d'organisation), le chef de la police de Munich Manfred Schreiber et le ministre bavarois de l'Intérieur Bruno Merk négocient sur place avec les terroristes autour de leur chef "Issa". Le ministre fédéral de l'Intérieur Hans-Dietrich Genscher et le chef des opérations de police Heinz Hohensinn arrivent brièvement. Genscher se propose comme otage de substitution - sans succès.
8h45 : l'ultimatum est prolongé jusqu'à 12h00.
9h : les premières manifestations sportives commencent.
12h00 : l'ultimatum est prolongé jusqu'à 13h00 (plus tard jusqu'à 15h00 et 17h00).
15h38 : le président du CIO, Avery Brundage, interrompt les compétitions.
16 h 30 : des policiers lourdement armés se postent sur le toit de l'immeuble de la Connollystrasse 31, déguisés en sportifs, mais sont filmés par des caméras de télévision, les terroristes voient les images à la télévision. L'assaut prévu contre l'appartement échoue.
17 heures : les terroristes exigent désormais un sauf-conduit pour eux et les otages vers Le Caire. Genscher et Tröger visitent l'appartement avec les prisonniers - mais ne voient fatalement que quatre terroristes au lieu de huit.
20h50 : le chancelier allemand Willy Brandt négocie en vain avec le Premier ministre égyptien Asis Sidki un vol des terroristes vers Le Caire. Aucun accord n'est trouvé.
22h06 : les terroristes et les auteurs de l'attentat sont transportés en bus vers deux hélicoptères qui ont atterri au village olympique. Ils décollent à 22h22 pour l'aéroport militaire de Fürstenfeldbruck, à l'ouest de Munich. Un Boeing 727 y est prêt - mais avec des réservoirs presque vides.
22h33 : des policiers déguisés en membres d'équipage sont chargés de neutraliser les terroristes, mais ils s'échappent du Boeing mis à disposition peu avant l'atterrissage des hélicoptères à Fürstenfeldbruck. Ils interrompent la mission de leur propre chef, car ils estiment qu'elle est vouée à l'échec en raison de leur mauvais équipement.
22h38 : deux terroristes inspectent l'avion vide, lorsqu'ils reviennent sur le tarmac, les policiers ouvrent le feu, mais ils ne sont que cinq et la première salve ne touche qu'un terroriste sur huit.
22h39 : deux autres terroristes sont abattus, les cinq autres se livrent à une fusillade avec les policiers mal équipés, qui se trouvaient en partie dans la ligne de tir et n'étaient pas reliés entre eux par radio. Un policier de la tour est mortellement touché par une balle perdue. Les véhicules blindés, demandés bien trop tard, sont bloqués dans les embouteillages.
23h : la rumeur se répand que les otages ont été libérés avec succès.
23h30 : le porte-parole du gouvernement, Conrad Ahlers, annonce que l'opération s'est «bien et heureusement déroulée».
00h00 : Les véhicules blindés demandés arrivent. Un terroriste ouvre le feu sur les otages ligotés dans l'hélicoptère. Un autre lance une grenade dans le deuxième hélicoptère. L'un des pilotes, qui avait fait le mort, parvient à se réfugier dans la tour de contrôle.
6 septembre
00h30 : la fusillade est terminée.
2h34 : le chef de presse Hans Klein annonce à la presse l'ampleur de l'opération ratée de Fürstenfeldbruck : les neuf otages israéliens, trois terroristes et un policier sont morts, trois terroristes ont été arrêtés.
10h : début de la cérémonie funéraire au stade olympique., le président du CIO Avery Brundage prononce la phrase légendaire : «The games must go on» (ndlr: «les jeux doivent continuer»). Peu après, les compétitions commencent.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.

