Holtz: «Si nous avions perdu sans Deville, la presse m'aurait tué»
Holtz: «Si nous avions perdu sans Deville, la presse m'aurait tué»
- Luc, on imagine que la photographie actuelle du groupe B vous plaît particulièrement...
On a déjà vu pire (sourire). Bon, maintenant, nous devons garder les pieds sur terre, car nous nous frotterons à un tout autre adversaire que la Lituanie demain soir, avec d'autres qualités. Je l'ai déjà dit et je reste persuadé que l'Ukraine, la Serbie et le Portugal vont se livrer à une grosse bagarre pour les deux premières places du groupe. Mais on va se bagarrer pendant 90 minutes, car nous aussi on a des qualités. Le Luxembourg pourrait être un arbitre, au même titre que la Lituanie, qui a des qualités athlétiques intéressantes, avec des joueurs de grande taille difficiles à passer dans le jeu aérien. L'équipe balte peut faire trébucher une grande nation. Puis, il y aura bien sûr les confrontations directes: vendredi, le Portugal a manqué d'efficacité, mais c'est aussi dû aux qualités de l'adversaire.
- Qu'est-ce qui vous a le plus plu dans la prestation de votre équipe vendredi contre la Lituanie?
Le fait d'avoir été dominateurs. Nous avons eu la maîtrise tout au long des 90 minutes, et c'est le fruit d'un gros travail. Par le passé, nous arrivions à prendre des points, mais le plus souvent, c'était le fait d'un bloc compact, bien organisé, et nous abandonnions la maîtrise à l'adversaire. Aujourd'hui, nous sommes parfaitement capables d'avoir la possession de balle et la maîtrise du jeu. Par exemple, nous avons totalisé 24 tirs au but!, ce qui était complètement inimaginable par le passé.
- A l'inverse, qu'est-ce qui vous a déplu?
Un entraîneur n'est jamais tout à fait satisfait. Bien sûr, il y a ce but d'ouverture que l'on prend avec trois pertes de balle de suite. Le positionnement d'Anthony (Moris) et sa réaction n'étaient pas bons: il aurait dû fermer son premier poteau. Mais surtout, on a encaissé ce but parce que notre intensité et notre vitesse dans la circulation du ballon n'étaient pas assez hautes pendant 20 à 25 minutes. Mais quand on a accéléré la circulation de balle et gonflé l'intensité de jeu, cela a été nettement mieux.
- Vous aviez dit jeudi que vous réfléchiriez à rappeler un vingt-troisième homme suite au forfait d'Aurélien Joachim à l'issue du match face à la Lituanie. Finalement, vous n'avez rappelé personne. Pourquoi?
Si nous avions perdu vendredi, la presse m'aurait tué (sic!) comme je n'avais pas rappelé Maurice Deville. Pour moi le groupe actuel renferme les vingt-deux meilleurs joueurs pour aborder ces deux matches, individuellement, techniquement et mentalement. Ce sont les meilleurs en cet instant, avec nos principes de jeu actuels. Point. Bon, cela ne veut pas dire non plus que Maurice Deville n'a pas sa place en équipe nationale. Mais connaissant le garçon, le fait que son club (Waldhof Mannheim, ndlr) joue en championnat (Ligue régionale sud-ouest allemande, ndlr) pendant notre stage pourrait induire le doute chez lui sur sa situation en club pendant qu'il s'assied ici sur le banc. Bref, je l'ai laissé là-bas, et je reste sur ma décision. Mais cela ne veut pas nécessairement dire que je ne l'appellerai pas pour les échéances de juin prochain.
- Andriy Shevchenko, le sélectionneur de l'Ukraine, est un ancien immense joueur. A l'image de Didier Deschamps, il est en train de se tailler une belle réputation aussi en tant que coach...
Je ne partage absolument pas cet avis selon lequel un ancien grand joueur fait nécessairement un grand entraîneur. Maintenant, Shevchenko a incontestablement la patte d'un entraîneur quand on voit jouer son équipe. Mais il y a indéniablement une grosse formation derrière, cela se sent, dans des clubs comme le Shakhtar ou le Dynamo Kiev qui sont des institutions. Il recherche un jeu rapide avec des déplacements dans des zones offensives: on sent que tout est automatisé et planifié.

