Gerson Rodrigues, le héros malheureux
Gerson Rodrigues, le héros malheureux
Dans un match où le Luxembourg était censé avoir moins la maîtrise que vendredi face à la Lituanie, les Roud Léiwen ont affiché de fameuses qualités techniques, physiques et collectives contre une bonne équipe d'Ukraine. Une telle prestation ne méritait pas un épilogue aussi cruel.
Anthony MORIS (6/10): une première prise de balle très propre sur corner (24e), suivie d'une sortie un brin attentiste devant Tsygankov, mais sans dommage (36e), il ne peut rien sur l'égalisation du même Tsygankov (40e). Un arrêt pas évident sur un tir bondissant de Malinovskyi (79e)... avant le coup du sort du temps additionnel.
Laurent JANS (6): avec le binôme Konoplyanka - Mykolenko dans les pattes, le capitaine s'est d'abord concentré sur sa tâche défensive, délivrant beaucoup moins de centres que vendredi contre la Lituanie. Un bon centre néanmoins à la 23e, et une superbe percée qui s'est clôturée d'un envoi pied gauche dans les gants de Pyatov (54e). Plus offensif en seconde période.
Maxime CHANOT (6,5): le New-Yorkais s'est montré intransigeant et concentré. Roi du trafic aérien, il a souvent donné de la voix pour replacer ses partenaires. A un cheveu d'inscrire son quatrième but en sélection si un Pyatov hors norme ne s'était pas trouvé sur le chemin de sa reprise à bout portant (33e). Un carton jaune un peu idiot pour contestation (51e).
Kevin MALGET (7): plus athlétique et plus «défenseur» dans l'âme que Lars Gerson, titulaire contre la Lituanie, le Dudelangeois a été impérial dans ses interceptions. Sa reprise de la tête sauvée in extremis par Pyatov aurait mérité mieux (33e). Il est un peu court sept minutes plus tard dans son tacle sur l'égalisation de Tsygankov (40e). Dépassé par la vivacité de Junior Moraes, il a écopé d'un carton jaune (61e). Sobre et efficace: on ne lui en demandait pas plus.
Dirk CARLSON (6): l'arrière-gauche des Grasshoppers Zurich a souvent reçu le soutien de Rodrigues pour bloquer les infiltrations de Butko et surtout Tsygankov, l'homme le plus dangereux côté ukrainien. Il est pris dans le dos sur l'égalisation du n°15 du Dynamo Kiev (40e). Il a parfois tendance à faire preuve de nonchalance dans ses gestes à la relance, mais a gagné en confiance et en assurance au fil de la rencontre. Il a reçu un carton jaune en toute fin de match pour avoir coupé l'élan de Tsygankov (90+1).
Christopher MARTINS (8): son rôle de n°6 lui va si bien. Son placement et ses anticipations judicieuses devant Bezus ont fait merveille. Toujours calme, le pied sur le ballon, il a commis sur Malinovskyi une faute aux abords de son rectangle qui aurait pu coûter très cher à ses couleurs (30e). Un rayonnement et une clairvoyance qui en font le patron incontestable du jeu grand-ducal. Il a su garder l'église au milieu du village dans un cinquième quart d'heure compliqué pour ses couleurs.
Vincent THILL (7): comme contre la Lituanie, il a étalé son aisance balle au pied (gauche) pour rentrer dans le jeu depuis son flanc droit. Parfois un peu stéréotypé dans ses enchaînements, il a souvent provoqué des fautes ukrainiennes. L'artiste a aussi humblement très bien rempli sa part de travail défensif. Parfois un peu léger face aux gabarits adverses, mais ce n'est pas une nouveauté. On a l'impression que le Palois a encore franchi un palier dans ce match. Un peu émoussé, il a cédé sa place à Stefano BENSI (-) à la 74e minute. Le Folaman a pris place côté droit, un changement poste pour poste.
Leandro BARREIRO (5,5): dans la même position que vendredi, avec Kiki Martins dans son dos, il a montré quelques belles accélérations. Moins en verve que contre la Lituanie, il a éprouvé des difficultés à desserrer l'étau ukrainien dans l'axe du jeu.
Olivier THILL (7): il a souvent eu tendance à aller chercher le côté gauche pour se défaire du marquage de Zinchenko, et c'est de la... droite qu'il distille le centre qui amène le but de Turpel (34e). Un début de match un peu compliqué, avant de se libérer petit à petit et de finir en boulet de canon. Sa reprise de volée ne trouve que le petit filet de Pyatov sur un centre aérien de Bensi après une reconversion hyper-rapide (90+1). Remplacé par Mario MUTSCH (-) dans le temps additionnel, pour la mythique centième sélection du trentenaire du Progrès.
Gerson RODRIGUES (7,5): le dangereux Tsygankov l'a d'abord obligé à se replier plus souvent qu'à son tour et à cadenasser son flanc gauche. On l'a même vu tacler à hauteur de son grand rectangle et dégager le ballon de la tête sur corner adverse. Techniquement capable de garder le ballon entouré de trois adversaires, il a mis le feu dans la moitié de terrain ukrainienne dans le troisième quart d'heure. Il est malheureusement surmonté sur le but de l'égalisation de Tsygankov (40e). En confiance, le joueur de Jubilo Iwata ose tout et régale le public. De héros potentiel, il est devenu l'homme le plus malheureux de la soirée en déviant du sommet du crâne au fond de ses filets le coup franc bombé de Malinovskyi dans un épilogue cruel pour le Luxembourg.
Dave TURPEL (6,5): après seulement une douzaine de minutes jouées contre la Lituanie, il retrouvait sa place d'attaquant titulaire en front de bandière. Spécialiste du jeu dos au but et en pivot, le Dudelangeois était au bon endroit pour pousser au fond du but de Pyatov le ballon mal dégagé par Butko (34e). Son quatrième but en sélection, tout en opportunisme. Le grand Dave avait la rage, et ça s'est vu tant il avait envie de «bouffer du gazon».

