Gazon maudit au stade Josy-Barthel
Gazon maudit au stade Josy-Barthel
«Un champ de patates.» Cristiano Ronaldo n'avait pas mâché ses mots quand il avait évoqué la surface de jeu du stade Josy-Barthel quelques minutes après la rencontre Luxembourg – Portugal. Des paroles qui avaient fait rire la toile, mais beaucoup moins les Dudelangeois, prochains locataires de l'enceinte de la route d'Arlon.
Les paroles de la star portugaise ont trouvé écho cette semaine dans la bouche du délégué de l'UEFA en charge du match Dudelange – APOEL Nicosie. En tout début de semaine, il a posé un ultimatum au F91, avec une seule condition: la réfection totale de la pelouse. Cette dernière a souffert des conditions climatiques mais aussi de la tenue d'un match de rugby. Une opération de 150.000 euros à la charge, a priori, du club de la Forge du Sud.
«Il s'est montré intransigeant», a commenté Romain Schumacher qui se torture les méninges depuis quelques jours et qui a essuyé un refus catégorique. «Nous avons d'abord proposé de faire comme la FLF, de changer quelques bandes gazonnées puis de couvrir le terrain avec notre bâche.» Une bâche qui a coûté «la bagatelle de 50.000 euros», un investissement que le club a effectué, il y a un mois dans l'optique des dernières rencontres en Europa League.
A cet investissement pas rentabilisé, appliquer l'exigence de l'UEFA coûterait donc 150.000 euros de plus de l'aveu de Romain Schumacher. Une somme rondelette qui a poussé le F91 à faire un appel du pied à la Ville de Luxembourg et à la Fédération. Objectif: partager les frais. «Pour l'heure, nous attendons encore qu’on daigne nous répondre.»
Pour rappel, le stade sera bientôt détruit pour faire place à un nouveau complexe immobilier.
Pour autant, la réfection totale de la surface de jeu n'est pas la panacée. A en croire le maître d'œuvre sollicité, rien ne garantit la tenue du match de jeudi soir en cas d'intempéries. Ce qui pousse Romain Schumacher à juger que cette question «commence à devenir insoluble».
En effet, aucune base de repli n'est possible au pays. La pelouse d'Oberkorn est dans le même état que celui de la capitale. Quant au stade de la Frontière, les projecteurs ne sont pas assez puissants pour assurer une retransmission télé de qualité.
«C'est à regretter de s'être à nouveau qualifiés pour une phase de poule. Cela montre aussi tout l'intérêt que le pays prête au sport depuis des années», peste encore Romain Schumacher. Une référence directe à la frustration éprouvée au regard du retard pris par le Luxembourg au niveau des infrastructures sportives.
Virton et Kaiserslautern évoqués
A court de solutions, le club pourrait sortir une dernière carte de sa manche: jouer cette rencontre face à Nicosie à l'étranger. Du côté de Virton ou de Kaiserslautern, s'amuse Romain Schumacher en évoquant à demi-mot Flavio Becca, le propriétaire des clubs belge et allemand. Un arrangement entre amis que pourrait refuser l'UEFA, mais aussi les 3.000 détenteurs d'un billet de match obligés de parcourir 120 ou 320 km aller-retour pour supporter leurs couleurs.
«De toute façon, nous n'avons pas le choix», conclut le président dudelangeois. «Si nous ne jouons pas à l'étranger, ça nous coûtera 150.000 euros. Je préfère ça plutôt que de déclarer forfait auquel cas c'est un chèque de 500.000 euros que nous enverrons à l'UEFA.» Ce qui représenterait un sixième de la prime versée par l'instance européenne pour sa participation à la phase de poules. Affaire à suivre.

