«Avec sérieux et humilité»
«Avec sérieux et humilité»
Carlos, dans quelles dispositions d’esprit êtes-vous à la veille de la reprise en championnat?
Carlos Fangueiro - «Bien entendu, comme tout le monde je suis impatient. Nous avons réalisé une bonne préparation, et j'ai même l'impression qu'elle est passée vraiment très vite.
Avec le recul, quand vous vous penchez sur la première partie de saison, quels sont les ingrédients principaux qui ont fait votre réussite?
«Le premier est pour moi essentiel, c'est cet esprit de famille que nous avons rapidement su créer. Les liens qui nous unissent sont vraiment très forts. Nous avons aussi rapidement trouvé notre match référence, la victoire à domicile contre Dudelange (2-0, le 25 septembre). Et ce, même si cette équipe du F91 n'était pas au top en championnat, mais il faut se souvenir qu'elle restait sur une belle victoire à Nicosie (4-3), en Coupe d'Europe.
Nous avions alors fait preuve d'un bel état d’esprit, en «mode guerrier», tout en appliquant la tactique que nous avions mise au point. La confiance aidant, nous avons enchaîné les bons résultats en prenant soin d'aborder tous nos matches de la même manière, avec sérieux et humilité. Et nous allons poursuivre dans cette voie qui nous a permis de terminer la première phase en tête.
Vous avez mis en relief l'esprit familial qui règne dans votre club, il vous a pourtant fallu intégrer pas moins d'une vingtaine de nouveaux joueurs l'été dernier. C'est plutôt paradoxal, non?
«Justement, c'est en partie parce qu'il nous fallait intégrer tous ces nouveaux joueurs que tout le monde a fait les efforts nécessaires pour développer cette amitié.
Dans ce contexte, et avec une vingtaine de postulants pour onze places de titulaire, on imagine vos casse-têtes en fin de semaine pour composer vos équipes...
«Effectivement, ce fut très très dur de mettre des joueurs sur le banc ou d'en laisser en tribune. Mais ça se passe d'autant mieux quand il existe cette atmosphère familiale. D'autre part, j'ai expliqué, ou rappelé, comment fonctionne le système au Luxembourg, avec notamment l'obligation des sept premières licences sur la feuille de match et le quota des quatre joueurs transférés. C'est ainsi que j'ai effectué une rotation, et je pense même que je n'ai aligné la même équipe qu'à deux reprises.
Pleurer maintenant pour sourire après
Vous avez donc progressé dans la gestion du groupe?
«Effectivement, chaque jour on apprend. J'ai dû aussi m'adapter parfois pour rendre mon groupe toujours très attentif à ce que je lui demande, mais je dois avouer que j'ai un groupe intelligent à ma disposition. Je dois rarement me répéter, il assimile vite. Tout cela est très positif, tout comme notre environnement qui fait en sorte de nous placer dans les meilleures conditions.
C'est ainsi que votre comité vous a permis de partir en stage en Espagne pendant la trêve...
«Etant donné nos conditions d'entraînement à Pétange - nous sommes un des rares clubs à ne pas disposer de terrain synthétique -, le club avait provisionné un budget, en début de saison, pour que nous puissions bien travailler. Au retour, nous avons retrouvé nos trois terrains en herbe en piteux état.
Qu'avez-vous particulièrement travaillé en Espagne?
«Beaucoup la technique, beaucoup l'aspect tactique et les automatismes. Quant au physique, nous l'avons toujours travaillé avec le ballon. Sans oublier le mental, car travailler en situation de grosse fatigue reste nécessaire. Mes mots étaient: «Pleurer maintenant pour sourire après».
Vous avez pour habitude de codifier vos phases de jeu. Cela vous a fort bien réussi lors de la première phase, mais n'avez-vous pas peur que vos adversaires aient profité de la trêve pour décoder votre jeu pour mieux vous contrer?
«C'est fort possible… car nous faisons la même chose. Mais nous avons une manière de travailler qui rend quand même les choses difficiles pour nos adversaires. Par ailleurs, nous avons profité de la trêve pour changer des phases et créer la surprise tout en laissant beaucoup de libertés aux joueurs, surtout dans les 30 derniers mètres.
Pour en revenir au championnat, vous reprenez le collier à Dudelange ce dimanche. Est-ce une bonne chose d'aller défier le champion en titre sur ses terres?
«Si j'avais pu faire un choix, je n'aurais sans doute pas choisi Dudelange. J'aurais préféré y aller crescendo en termes de qualité de nos adversaires pour nous remettre progressivement dans le bain. Mais bon, nous n'avons pas le choix. Je pense que les Dudelangeois sont prêts, mais je vous assure que nous aussi.
Pour le titre, c'est encore trop tôt
En cas de succès de l'Union Titus Pétange, pourrait-on parler de passation de pouvoir?
«Non, bien entendu, même si nous ferions un peu plus le trou avec le F91 au classement. Mais si le résultat est contraire, rien de grave ne se passera et, de toute façon, nous allons continuer à travailler. C'est ce qui s'est passé lorsque nous avons été battus au Fola (0-2). Et personne n'avait été perturbé par cette défaite.
Après avoir visé le top 5, puis le top 3, vous lorgnez quand même le titre maintenant?
«Même si nous sommes actuellement en tête, j’estime que c'est trop tôt. D'autant que certains clubs ont fait un investissement énorme alors que nous, nous avons baissé notre budget par rapport à la saison dernière. La moyenne d’âge du groupe est jeune aussi. Plus raisonnablement, on va jouer pour une place en Coupe d’Europe.
Pourtant, mis à part le F91, vous allez jouer tous les «gros» du championnat à domicile...
«Effectivement, et je préfère jouer à la maison. J'ai une équipe qui adore faire le jeu en partant de derrière, mais pour qu'elle s'exprime véritablement, il lui faut des "billards"… ce qui n'est pas toujours le cas à domicile. On s’adaptera pour faire les meilleurs résultats possible, mais pour le titre, je le répète, c'est encore trop tôt.

