Après Luxembourg - Moldavie (4-0): tout le monde se lève pour Danel
Après Luxembourg - Moldavie (4-0): tout le monde se lève pour Danel
On joue la 75e minute de ce Luxembourg - Moldavie, rencontre initiale du groupe 2 en Division D de la Ligue des Nations. Les Roud Léiwen mènent 2-0, et Danel Sinani enivre le public de Josy Barthel de sa conduite de balle chaloupée et de son pied gauche magique depuis le début de la seconde période. Olivier Thill est au corner côté gauche, et le joueur d'Oufa dépose le ballon sur le pied gauche du Dudelangeois: reprise instantanée et premier but en sélection pour Danel Sinani.
«C'est mon premier but en sélection, c'est quelque chose d'exceptionnel. En plus, cela se passe dans un match important», avoue celui qui avait déjà cette saison secoué les filets à trois reprises en barrages de l'Europa League contre les Roumains de Cluj, en plus d'une réalisation en BGL Ligue face à Mondorf. «C'est un peu le même bonheur que face à Cluj, car ce sont deux compétitions importantes et qui aiguisent la motivation de marquer.»
Pour l'ailier dudelangeois, comme pour une bonne partie des Lions Rouges, tout s'est accéléré après le repos, samedi contre la Moldavie. «En première mi-temps, c'était très compliqué pour les attaquants et les joueurs offensifs en général, car on a joué beaucoup de longs ballons, ce qui ne correspond pas du tout à notre jeu. Devant, nous n'alignons pas spécialement de grands gabarits et donc, c'était très difficile.»
Le pauvre Sinani semblait en effet un peu perdu dans l'axe, derrière son coéquipier dudelangeois Dave Turpel et entouré d'Olivier Thill à droite et de Gerson Rodrigues à gauche: une entame de match ingrate au possible, deux menus ballons touchés après... un quart d'heure, coincé entre les Moldaves Gatcan et Posmac, avec beaucoup de courses dans le vide en pure perte, à la chasse d'un cuir insaisissable, transitant soit dans les airs (et comme le duel aérien n'est pas son exercice de prédilection...), soit sur les côtés, un pressing en perte de balle insuffisant, un replacement défensif incertain et peu ou pas d'interceptions de ballons adverses. Bref, une misère, que même le switch opéré avec Olivier Thill et une transhumance côté droit au coeur du premier acte ne sont pas parvenus à enrayer. Sinani se trouve où le ballon n'est pas et... inversement.
Sinani - Martins, le ticket gagnant après le repos
Dans ce marasme pourtant, le n°14 dépose un corner parfaitement dosé sur le crâne rageur de Kevin Malget pour une ouverture du score cent pourcents dudelangeoise à la 34e minute. Un assist dans la grisaille pour un Luxembourg bien payé de ses maigres efforts...
Le changement de décor est radical à la reprise: Danel Sinani, qui s'est avancé pratiquement au côté de Dave Turpel dans un rôle de second attaquant, touche plus de ballons dans le quatrième quart d'heure que lors des 45 minutes initiales: le feu follet du F91 peut enfin étaler son registre technique, sa patte gauche magique. Son premier tir au but, cadré, intervient à la 49e minute, sans inquiéter toutefois Koselev. Mais le héros de Cluj a faim et... n'est pas rassasié.
Il enchaîne dribbles courts, passes ajustées et actions individuelles (50e, 51e, 59e), commence à combiner de plus en plus avec un Christopher Martins lui aussi bien plus mordant et incisif, bref le jeune gars de la Forge du Sud devient le moteur des actions offensives d'un Club Luxembourg qui double la marque à l'heure de jeu via Olivier Thill. Enfin, il fait parler son pied gauche et exhibe son immense talent. «Les Moldaves ont été obligés d'ouvrir le jeu, et donc, de créer des espaces, que... nous avons très bien utilisés. Nous avons bien joué entre les lignes. On a retrouvé notre vrai jeu, et je m'y suis senti bien plus à l'aise.»
Et... cela s'est vu! On a déjà évoqué plus haut le but du 3-0, première réalisation sous le maillot national de Danel Sinani (75e), qui faisait suite à un slalom dans l'axe et un une-deux «brésilien» avec Christopher Martins, tout en finesse et en précision (74e). La défense centrale moldave est lacérée, déchirée et fait connaissance avec le petit feu follet du Jos Nosbaum. Et dire que quatre minutes plus tôt, replié sur sa ligne de but dans un temps fort moldave, il intercepte un peu par hasard un ballon qui traîne et le rebond atterrit... dans les gants d'un Moris tout heureux de pareille issue (71e).
Galvanisé par son but, gonflé de confiance, Sinani régale et ne s'arrête pas là: il offre un caviar à Kiki Martins pour le bouquet final (4-0, 84e), véritable allégorie jouissive d'un ticket chic et choc Sinani - Martins, 100% gagnant en seconde armure. Et dire que les deux compères n'ont que 21 ans...
Dommage que l'ultime coup franc brossé et cadré du gaucher du F91 n'ait trouvé que les poings de Koselev en toute fin de match (89e), sans quoi c'eût été carrément l'extase.
Avec une seule défaite (0-4 contre l'Autriche en mars) en sept sélections, Danel Sinani incarne l'exemple même du football luxembourgeois qui naît à l'ambition. «Chacun dans le groupe amène ses qualités et sa mentalité pour aborder chaque match, mais je ne pense pas spécialement être un porte-bonheur», explique-t-il, avant de, déjà, se plonger dans le déplacement qui attend les Roud Léiwen ce mardi à Saint-Marin. Gare à l'excès de confiance? «Nous sommes favoris, je dirais, oui, mais bon, après, une fois sur le terrain, on ne sait jamais ce qui peut arriver. On peut avoir un jour sans ou bien eux peuvent se retrouver en état de grâce. Mais c'est à nous de développer notre jeu comme on sait le faire et de rester bien concentrés.»
Sûr aussi qu'après l'été démentiel du Dudelangeois, le tube luxembourgeois du moment, se pose la question de la place de Vincent Thill en sélection. En orienteurs de jeu et en seconde lame derrière le (ou les) attaquant(s), les deux jeunes joueurs apparaissent en concurrence. Deux joyaux pour un seul écrin? A Luc Holtz de gérer cette abondance de biens, peut-être en redonnant du temps de jeu au néo-Palois dès mardi à Saint-Marin...
Sous la loupe
- Passes
En retrait: 6
De temporisation: 11
Vers l'avant: 14
- Jeu avec ses coéquipiers
Danel Sinani a pratiquement joué avec tous ses coéquipiers samedi soir au Josy Barthel, en ce compris Anthony Moris sur un sauvetage devant sa ligne à la 71e minute, mais son schéma préféré passait par Christopher Martins, avec qui il a pourtant... seulement joué en seconde mi-temps. La clé du succès grand-ducal?
Christopher Martins: 8 échanges de balles
Daniel Da Mota: 6
Olivier Thill, Dirk Carlson, Laurent Jans: 5
Lars Gerson: 4
Gerson Rodrigues, Dave Turpel: 3
Kevin Malget, Aurélien Joachim: 2
Anthony Moris: 1
Seuls Maxime Chanot et Mario Mutsch (entré à la 77e minute) n'ont eu aucun échange direct avec Danel Sinani

