Après le succès du F91 à Pétange: «Le Titus défaillant sur les appels en profondeur»
Après le succès du F91 à Pétange: «Le Titus défaillant sur les appels en profondeur»
Par Thomas Fullenwarth
Les clés de la victoire dudelangeoise
Dino Töppmoller proposait un système de jeu en 4-4-2 avec Stolz tournant autour de Turpel et un milieu central composé de deux joueurs: Pokar et Da Cruz. Si le F91 était favori logique, il a été pénalisé par son début de match. Les visiteurs n’étaient pas du tout dans le coup au niveau du jeu mais aussi et surtout dans l’agressivité défensive.
C’est donc logiquement qu’ils se sont fait punir par Filip Bojic, qui a profité d’un marquage et d’une sortie à contretemps du duo Joubert-Schnell (1-0, 7e). Les Dudelangeois se sont retrouvés face à un bloc pétangeois placé assez bas sur le terrain mais surtout très compact. Si la ligne défensive du Titus se trouvait à 30 mètres de son but, l’avant-centre Banza se plaçait devant Pokar et Cruz.
Conséquence: les quatre défenseurs et les deux milieux centraux dudelangeois avaient une vraie liberté pour lancer les attaques placées. Malheureusement, pendant les 45 premières minutes du match, 95% des attaques sont parties de longs ballons balancés sur les attaquants ou sur l’ailier qui était opposé au jeu. Peu précis, ces ballons terminaient la plupart du temps dans les mains du gardien pétangeois ou hors des limites du terrain.
L’état du terrain n’aidant pas, les transmissions ne pouvaient se faire rapidement et ni Pokar, ni Cruz n’arrivaient à déclencher quoi que ce soit. Le bloc du Titus restait solide et bien en place et n’était pas vraiment inquiété par le manque de mobilité des Dudelangeois qui restaient chacun dans leur zone de jeu ne provoquant aucun décalage.
En seconde mi-temps, on a pu voir deux changements :
- Le bloc du Titus était déjà moins structuré et les trois attaquants travaillaient moins défensivement
- La rentrée de Sinani, puis celle d’Ibrahimovic ainsi que le changement de position de Stolz ont donné plus de mobilité et de vitesse
Ces éléments combinés ont été favorables aux visiteurs qui sont montés d’un cran sur le plan de la vitesse de jeu. Plus de justesse dans les déplacements et surtout plus de prises d’initiatives ont dérouté la défense locale qui avait de plus en plus de mal à suivre. C’est donc logiquement que le F91, sans être éclatant, prenait le pas sur son adversaire et déroulait son football offensif pour tuer le match.
Qu’est-ce qui a été fatal au Titus Pétange?
Baltemar Brito proposait quant à lui un système de jeu en 4-1-2-3 en phase offensive et en 4-5-1 à la perte du ballon. On a rapidement compris que le Titus Pétange avait bien préparé son match défensivement puisque les Dudelangeois étaient contrariés lorsqu’ils avaient le ballon dans les pieds.
Le onze du Titus était très concerné, si bien qu’on a même pu voir l’avant-centre Banza s’aligner à ses milieux en phase défensive. Pétange formait alors un bloc en 4-1-5. A la récupération, les locaux sortaient rapidement le ballon et profitaient de la lenteur de reconversion défensive de leurs adversaires. La vitesse de Pedro Rodrigues et les 95% de duels aériens gagnés par Banza apportaient pas mal de danger dans une défense visiteuse pas toujours sereine.
De plus, le Titus Pétange pouvait compter sur un très bon Filip Bojic qui avait la technique nécessaire pour maîtriser la pelouse bosselée. Seul joueur à sortir de sa zone de confort, ses déplacements lui permettaient de faire le lien, au sol, entre la défense et l’attaque. Sa présence perpétuelle près du ballon provoquait un surnombre dans la zone offensive comme en témoigne son but où, sorti de sa ligne du milieu, il surprenait la défense adverse.
Défensivement, le Titus semblait maîtriser un Dudelange peu inspiré. Offensivement, il l’inquiétait parfois. Malgré cela, on sentait une vraie difficulté des quatre défenseurs à gérer les ballons en profondeur lorsque ceux-ci devaient monter leur ligne d’un cran. Sauvés par l’imprécision des longs ballons adverses, le Titus a payé cash un appel de Turpel derrière la défense (1-1, 36e).
En seconde mi-temps, à partir du moment où les attaquants locaux ne rejoignaient plus le bloc défensif de leur équipe, les quatre défenseurs étaient obligés de jouer bien plus haut. Les espaces créés dans leur dos leur ont été fatals (66 et 70e) et les Dudelangeois, auraient pu alourdir le score en se montrant plus précis.
Pourquoi la pelouse pétangeoise a-t-elle été pénalisante dans ce match?
Plus besoin de la présenter, la pelouse du stade du Titus Pétange est une catastrophe. Si elle met en difficulté les adversaires, ce qui pose un gros souci, c’est qu’elle pénalise aussi ses propres joueurs. Toute personne suivant de près ou de loin le football connaît la situation clichée du «petit club» au terrain bosselé avec ses joueurs agressifs, pas techniques pour un sou…bref, le bon traquenard pour les équipes de tête.
Le problème, c’est que les joueurs du Titus Pétange n’ont pas ce profil. On sent une vraie volonté de jouer au ballon, de construire des phases de jeu intéressantes, ce qu’ils ont réussi à faire ce dimanche face au leader. Le Titus Pétange affiche une certaine ambition dans le jeu, dans le recrutement, et montre qu’il regarde plutôt devant que derrière lui.
Cependant, il serait vraiment dommage qu’une pelouse aussi indigne stoppe cette évolution en décourageant certains joueurs à rester au club mais aussi faire reculer de futures recrues.
Les Tops
Dave Turpel (Dudelange): deux buts et une passe décisive. Plus rapide, plus costaud, assurément l'homme du match.
Filip Bojic (Pétange) techniquement, il a éclipsé tous les autres joueurs du match. Pièce maîtresse grâce à ses déplacements intelligents, il a servi de liant au jeu de son équipe.
Les entrées de Sinani et Ibrahimovic (Dudelange): même si c'était difficile de faire moins bien que Soumaré et Dobros, les deux entrants ont apporté un vrai plus qui a débloqué le match.
Les Flops
Kenan Avdusinovic (Pétange): en dessous de ses coéquipiers de la ligne d’attaque, il n’a pas réussi à faire la différence sur son côté.
Tom Schnell (Dudelange): battu, tout comme Prempeh, dans le duel aérien face à Simon Banza, ses nombreuses longues relances sont trop rarement arrivées jusqu’à un coéquipier.
La pelouse du Stade communal de Pétange: indigne pour la pratique du football.

