«Voyageurs, vos papiers, vaccins, certificats, masques…»
«Voyageurs, vos papiers, vaccins, certificats, masques…»
Le covid n'a pas de frontière. C'est ainsi qu'en quelques semaines, une épidémie locale s'est transformée en pandémie générale. Non content de circuler à travers le monde, voilà maintenant le virus qui mute. Et dangereusement même à en croire la méfiance scientifique face à l'apparition de variants. Britannique, sud-africain, brésilien, japonais : tous inquiètent. Car ces nouvelles souches sont bien plus rapides dans leur diffusion d'un sujet à l'autre, leur contamination d'une région à l'autre, leur infection d'un pays à l'autre.
Premier réflexe : restreindre les allées et venues des voyageurs pour limiter cette circulation virale. Même le libéral Premier ministre luxembourgeois l'admettait vendredi : «De nouvelles mesures s'imposent pour la rentrée sur notre territoire». Sauf que des mots aux actes, il y a un grand pas. Une réflexion nationale, européenne, internationale à mener.
Xavier Bettel a déjà pu esquisser le débat, jeudi soir, avec ses homologues du Conseil européen. Ce weekend et lundi, il entend en discuter encore avec ses ministres mais aussi «les pays voisins et les institutions européennes» avant de trancher. La France a déjà fait savoir qu'elle était favorable à un test PCR obligatoire pour quiconque venait de l'étranger pour séjourner dans l'Hexagone. La Belgique entend proscrire les «voyages non essentiels». Modèles à copier?
Une certitude : le Premier ministre a déjà en tête mille et une interrogations. «Un test covid négatif pour tout voyageur entrant d'accord, mais un test effectué depuis quand? Quel type de test aussi (PCR, sérologique)?» Des obligations qui s'appliqueraient de la même façon que l'on vienne d'un Etat membre ou d'un pays en dehors de l'Union? Pour les frontaliers ou pas? Au moins sur ce point, l'homme d'Etat a fait son choix.
Pas question d'entraver la libre circulation des quelque 206.000 frontaliers qui servent l'activité luxembourgeoise. «Il est important que les frontières restent ouvertes avec les pays autour. Sans la main-d'oeuvre frontalière, il serait par exemple impossible de faire fonctionner le secteur de la Santé (NDLR: près de 60% des effectifs provenant de France, Belgique et Allemagne). Nous allons donc tout faire pour que ce ne soit pas le cas.»
Il faudra néanmoins avoir une attention particulière pour les Länder voisins. Si comme d'autres régions allemandes, Sarre ou Rhénanie voient le nombre de cas de variant britannique exploser, ne vaudra-t-il pas mieux abaisser un cordon sanitaire, et empêcher finalement les mouvements de salariés comme de particuliers? «Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, est déjà en contact avec les autorités concernées.»
Par ailleurs, qu'en sera-t-il des hommes d'affaires atterrissant directement depuis l'Angleterre au Findel? Quel sort réservé aux routiers filant de pays en pays? Comment traiter les Luxembourgeois qui, pour raisons professionnelles ou leurs vacances, ont passé un séjour loin de la Gëlle Fra? Chacun doit-il disposer d'un statut et donc d'obligations sanitaires différentes (ce qui contredirait le caractère universel de l'infection covid)? Quid aussi de la liberté de circulation des personnes au sein de l'espace Schengen?
Ce type de formalité obligatoire créerait une société à deux classes
Xavier Bettel
Aux yeux de Xavier Bettel, la solution ne tient pas encore dans la mise en oeuvre d'un passeport vaccinal. Trop tôt. «Tant que nous n'avons pas la certitude que la vaccination empêche d'être contagieux ou contaminé, ce document n'aurait aucune valeur», juge le Premier ministre. «Ensuite, ce type de formalité obligatoire créerait une société à deux classes.» Les uns retrouvant une certaine liberté d'agir ou de se déplacer quand les autres devraient rester immobilisés. Guère envisageable pour le politique libéral.
Lui plaide pour «des règles cohérentes». Autrement dit : tout sauf le chacun pour soi qui verrait chaque gouvernement établir ses propres obligations. D'où sa volonté de «ne pas précipiter les choses» et trouver la juste mesure dans la prudence sanitaire à appliquer. Et c'est tremblant que le Luxembourg envisage cette prochaine étape alors même qu'en ce début d'année il semblait juguler l'infection.
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