Verte et durable, mais pas respectueuse des droits de l'homme
Verte et durable, mais pas respectueuse des droits de l'homme
(MKa avec Florian JAVEL) - Dans le cadre d'une heure d'actualité à la Chambre, les députés se sont penchés sur les relations à entretenir avec des sites économiques qui ne sont pas en accord avec le respect des droits de l'homme ou avec des pays qui violent le droit international.
Ce n'est pas un hasard si cette problématique est abordée dans le cadre de la guerre en Ukraine et de la dépendance problématique au pétrole et au gaz russes. Avant cela, il convient tout d'abord d'examiner de manière critique la propre responsabilité du secteur financier luxembourgeois par rapport à une discorde nationale.
Dans une question parlementaire, la gauche a souligné que, selon l'étude de l'ASTM, seuls trois des 22 acteurs de la Place financière luxembourgeoise se sont engagés à respecter les droits de l'homme dans leurs statuts. En outre, l'ASTM critique le fait que les stratégies de «finance durable» se concentrent davantage sur les questions environnementales que sociales. Dans les directives de certains acteurs publics comme l'autorité de surveillance financière (CSSF), le terme «social» est plutôt utilisé pour promouvoir la philanthropie ou l'inclusion.
Les droits de l'homme, une affaire de réglementation publique
Nathalie Oberweis (Déi Lénk) est consciente du fait que les pratiques commerciales et financières actuelles du secteur économique luxembourgeois ne sont pas en harmonie avec les objectifs de responsabilité sociale des banques fixés par le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH). Dans le cadre d'une question parlementaire, elle a demandé à la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) si les efforts en matière de mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme étaient suffisants.
Dans sa réponse, la ministre s'est référée à des initiatives luxembourgeoises telles que la «Luxembourg Sustainable Finance Initiative» (LSFI) visant à sensibiliser le secteur financier aux questions de durabilité, d'environnement et de social. Une étude de Luxembourg for Finance (LFF), en collaboration avec l'Université de Genève, a contribué à cette sensibilisation en demandant aux acteurs du secteur financier dans quelle mesure les questions relatives aux droits de l'homme étaient activement intégrées dans leurs activités.
78% des personnes interrogées dans le cadre de cette étude ont estimé que le secteur financier avait une grande responsabilité dans le maintien d'une société juste et dans l'intégration des droits de l'homme dans ses activités. En outre, les personnes interrogées estiment à un niveau remarquablement élevé (75%) que le respect des droits de l'homme ne devrait pas se faire sur une base volontaire, mais être la responsabilité de la réglementation publique. Cela figure également dans les recommandations de l'étude.
L'UE plutôt qu'un «patchwork national»
Yuriko Backes ne voit pas d'avenir dans un «patchwork législatif national» pour la mise en œuvre des droits de l'homme dans le secteur financier. La nouvelle taxonomie de l'UE ou le règlement «Sustainable Finance Disclosure Regulation» seraient déjà des instruments transparents introduits au niveau de l'UE. La «Corporate Sustainability Directive» et la «Corporate Sustainability Due Dilligence Directive» sont également en passe de devenir des instruments de reporting importants, qui pourraient faciliter le suivi de l'impact des activités financières sur l'environnement et la société.
Pour l'ASTM, les efforts actuels semblent insuffisants, car les directives des UNGP (United Nations Guiding Principles) ne se retrouvent pas dans les directives des principaux acteurs financiers du pays. Cela ne constitue pas un engagement clair en faveur des droits de l'homme de la part du secteur financier luxembourgeois.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
