Vents contraires pour le Plan Energie-Climat
Vents contraires pour le Plan Energie-Climat
(pj avec Annette WELSCH) Début décembre, le Plan national énergie et climat avait été dévoilé. Occasion pour les deux ministres Déi Gréng de l'énergie, Claude Turmes, et de l'environnement, Carole Dieschbourg, de rehausser les ambitions du Luxembourg en matière de réduction d'émission de gaz à effet de serre (-55%d'ici 2030), d'efficacité énergétique (+ 40-44% en dix ans) et d'emploi des énergies renouvelables (+25% sur la même période). Le tout tient désormais en un document adopté par le dernier conseil de gouvernement.
Ces 200 pages traduisent, à l'échelle du Grand-Duché, la mise en œuvre des objectifs de l'UE. Toutefois, les deux ministres impliqués dans sa conception sont allés -parfois- au-delà des demandes européennes. Mais, mardi, en commission de l'Environnement, ce plan «Generatioun Klima» est loin d'avoir fait l'unanimité des députés participants. A commencer par Martine Hansen (CSV) qui regrette un manque de clarté sur la méthode à suivre pour atteindre les objectifs fixés.
Pour la cheffe de fraction d'opposition, il manque aussi des précisions sur les programmes à venir de rénovation des bâtiments ou la réforme des primes au logement. Rien non plus sur le caractère contraignant ou non des objectifs fixés pour certains secteurs (agriculteurs, transports, industrie).
De plus, Martine Hansen reproche aux ministres impliqués de n'avoir retenu aucune des mesures avancées par le député Claude Wiseler (CSV) à l'occasion du débat sur le climat organisé à la Chambre en décembre dernier. Un sectarisme balayé d'une phrase : «Voilà pour le respect du Parlement».
Elargir le champ des aides
Dans le pacte Energie-Climat, il est souvent question d'accompagnements financiers pour aider à la transition énergétique, à l'amélioration de l'isolation des logements, etc. Mais qu'en sera-t-il de ces coups de pouce sur l'ensemble de la population? Le texte parle bien des compensations proposées aux classes les plus basses, mais rien sur les autres catégories. De fait, les élus craignent que certains résidents -de bonne volonté pourtant-se retrouvent lésés.
Pour le nouveau chef de fraction LSAP, Georges Engel, la question est essentielle. Et le socialiste de rappeler : «En ce qui concerne les mesures sociales, nous avons convenu qu'elles ne devraient pas être seulement accessibles aux 10% de ménages bénéficiant de l'allocation de vie chère. On a parlé de revenu médian ou même plus». Dans cet espoir, il attend le retour des ministres qui ont promis de tenir les députés informés dès que des chiffres sur les primes ou les rénovations de maisons seraient disponibles.
Parmi les points du nouveau pacte, l'instauration de nouvelles taxes sur le prix des carburants n'a pas manqué d'alimenter le débat des parlementaires. En contrepoint aux protestations des professionnels du Groupement pétrolier luxembourgeois, certains députés rappellent : «Le trafic des camions représente les trois quarts des ventes de carburant. Il est fortement pollué par le bruit, les particules et le volume du trafic, donc nous devons faire pression pour le réduire».
Pour leur part, les Pirate et Marc Goergen en tête, invitent le gouvernement à augmenter le prix du diesel au-delà d'un certain niveau, «à partir de 100 litres». De fait, selon le député Piraten, «les petites gens ne devraient pas payer pour le trafic de camions.».
Incitation plutôt que sanction. C'est dans ce sens que Max Hahn (DP) souhaite voir s'orienter l'application des objectifs environnementaux du Luxembourg. Pour l'élu, il sera donc utile de bien introduire les compensations sociales en lien avec les mesures climatiques dans la prochaine réforme fiscale annoncée pour 2021.
Pour Déi Lénk, David Wagner a la dent plus dure: «Si nous avions un salaire minimum décent, nous n'aurions pas besoin d'une indemnité de vie chère, de bureaux sociaux ou de crédits d'impôt», tonne le député.
900 millions d'euros de retombées
Face aux critiques, le ministre de l'Energie n'a pas manqué de répondre. A commencer par cette remarque : «Avec un plan de 200 pages, on peut difficilement nous accuser de ne pas avoir de détails». De plus, il a tenu à rappeler combien les actions retenues par «Generatioun Klima» pouvaient non seulement être positives pour l'environnement mais aussi pour l'économie nationale.
Ainsi, l'ensemble des mesures pourraient ainsi augmenter le produit intérieur brut (PIB) de 900 millions d'euros au cours des dix prochaines années, a indiqué le ministre Turmes. «Ce n'est pas beaucoup, mais la protection du climat va néanmoins créer un peu plus d'emplois et un peu plus de puissance économique»
