Vendredi, Luxspace vise les étoiles
Vendredi, Luxspace vise les étoiles
«L'espace vous apprend la patience.» Et Jochen Harms sait de quoi il parle, lui le directeur général de Luxspace. Prenez ce satellite, ESAIL, que la firme luxembourgeoise a entièrement fabriqué : «Le contrat date d'il y a cinq ans. Son lancement initial était prévu en août dernier. Le décollage a été reporté pour mars 2020. Avec CargoLux, nous l'avons livré en Guyane française en février... Nous sommes mi-juin, et il va enfin quitter la Terre». Sauf contrordre d'ici vendredi, 3h50 heure du Grand-Duché.
Le CEO de Luxspace suivra le départ via une retransmission en direct. En live depuis Kourou, à 7.360 km du Luxembourg. Ce sera forcément un moment de stress, mais l'avantage c'est que cet instant n'est plus sous notre responsabilité. Par contre, quelques minutes plus tard, une fois son orbite atteinte il faudra que le microsatellite "made in Betzdorf" assure. C'est le plus grand que nous ayons jamais construit, confie non sans fierté Jochen Harms. Plus d'une centaine de kilos pour ESAIL contre 30 kg pour les deux modèles qui l'ont précédé sur les tables d'assemblage luxembourgeoises.
Surtout, il s'agit là d'une première commande pour l'Agence spatiale européenne. Clairement, l'attente qualitative n'était pas la même que lors de la fabrication des deux premiers satellites pour le compte d'un opérateur commercial US. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers pour la firme fondée en 2004, déjà il faut préparer le Triton-X. «Un modèle plus avancé au niveau technologique, dédié à l'observation de la Terre et surtout bien moins cher pour nos clients.»
En attendant ESAIL en aura fait des rotations autour de la planète bleue. Lui, sa mission consiste à repérer les bateaux en fonction de leurs émissions radio. Ainsi, l'engin spatial permet aux autorités maritimes et gouvernementales ainsi qu'à l'industrie de surveiller les pêcheries, de gérer la flotte, de protéger l'environnement ou de contrôler la sécurité. «De quoi rendre les mers plus sûres», résume le directeur général.
A l'heure où SES connait un trou d'air social, et où l'affaire du satellite Luxseosys fait pleuvoir des critiques sur le rôle de l'ancien ministre de l'Economie (Etienne Schneider), Luxspace passe entre les gouttes de l'actualité. Il n'empêche qu'avec une cinquantaine de sociétés gravitant dans le business ou la recherche spatiale, le Grand-Duché commence à se faire une jolie réputation au milieu des Etats historiques liés à la conquête de l'espace. «Nous comptons pour le moment une soixantaine d'employés, mais nous avons des projets de développement» , lance d'ailleurs son responsable.
Au passage, il est à souligner que Luxspace n'a pas cessé de fonctionner ces derniers mois. Le télétravail constituant une parade active contre la propagation du virus à l'heure du pic de l'épidémie. «Cela a retardé un peu certaines avancées de projets, mais je le répète : l'espace impose un autre rapport au temps. Et puis, nous avions à cœur de ne pas solliciter le gouvernement pour des aides aux salaires de nos employés. Nous préférons que l'Etat nous encourage sur nos initiatives». En attendant, place au décompte. Five, four, three, two, one... Ignition!
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