Vaccination ne rimera pas avec profession
Vaccination ne rimera pas avec profession
Lundi, le Premier ministre et la ministre de la Santé ont expliqué quelle catégorie de la population serait prioritaire pour la phase 2 de la campagne de vaccination. Cette fois, selon l'avis de la commission nationale d'éthique (CNE), il est question de protéger les 75 ans et plus. Et cela en raison de leur vulnérabilité face au covid. Mais des voix réclament l'accès rapide au sérum, mettant en avant une activité professionnelle les exposant davantage à une possible contamination.
Dans leurs dernières recommandations au gouvernement, les «sages» sont loin de partager ce point de vue. Certes enseignants, militaires, salariés des établissements pénitentiaires ou agents de la police grand-ducale (pour ne prendre que des exemples dans l'administration) sont sans doute plus en contact avec des populations à risque, mais doivent-ils pour autant être rapidement être invités pour une injection? Pour la CNE, la réponse est non. Ce qui vaut également pour les autres métiers dits «de première ligne» (commerçants, caissières, etc).
Pour la commission d'éthique, ce refus s'explique pour plusieurs raisons. Déjà, parce que ces actifs font partie des catégories d'âge qui, heureusement, ne payent pas le plus lourd tribut à l'infection (566 décès à ce jour). Ces mêmes actifs ne pèsent pas non plus le plus lourdement sur le système hospitalier pour l'instant. Deux constats importants alors même que les 25-60 ans sont bien la tranche la plus sujette actuellement à être dépistée positive au virus, mais sans développer de formes graves de l'infection.
De plus, la CNE rappelle que prioriser une catégorie professionnelle «équivaudrait à retarder la priorité accordée à un groupe de personnes plus vulnérables de par leur âge ou leur vulnérabilité médicale». Et ce sont ces critères qui doivent d'autant plus primer, pour le moment, que l'arrivée massive de vaccins est loin d'être assurée.
Cependant, il ne s'agit là que d'une suggestion adressée au gouvernement. Après tout, quand il s'est agi de répartir les premiers masques de protection dans la pays, l'Etat a également choisi d'en équiper la population dans son ensemble, mais aussi les premiers salariés à sortir du confinement (les ouvriers du bâtiment, puis les artisans), mais également l'ensemble des travailleurs compris ceux venus des Etats voisins. Aussi, si Xavier Bettel devait faire un autre choix, la commission a déjà réfléchi à la question. Et d'inviter les ministères à se rapprocher des organismes professionnels concernés pour se concerter. Il ne serait alors plus question «de principes éthiques vitaux et sanitaires (...) mais de considérations et contraintes sociales, économiques, politiques, stratégiques».
Si tel ou tel métier devait avoir un accès plus rapide à la vaccination au Luxembourg, la CNE invite donc le gouvernement à «ne pas faire de différence entre résidents et frontaliers». Mais dans ce cas sans doute faudrait-il que le pays demande à se voir attribuer plus de doses que celles commandées pour la protection de ses seuls habitants.
Par contre, «si le Luxembourg est réduit à se contenter de la ration de doses calculée pour sa population, celle-ci est prioritaire en droit de recevoir le vaccin», préconise l'institution. Les frontaliers devant alors se tourner vers leur pays de résidence pour obtenir leur injection.
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