Une ligne de fracture se dessine autour du vote des étrangers
Une ligne de fracture se dessine autour du vote des étrangers
PAR DOMINIQUE NAUROY
A un mois du référendum, aucune des trois questions soumises aux électeurs n'emporterait l'adhésion, à en croire les résultats d'un nouveau sondage PolitMonitor Luxemburger Wort / RTL publié mercredi.
Qu'il s'agisse du droit de vote conféré aux étrangers sous condition, du droit de vote à partir de seize ans ou de la limitation des mandats ministériels à dix ans, aucune proposition n'atteint la barre des 50%.
Lors du précédent sondage, réalisé par TNS Ilres, seule la dernière question –la limitation des mandats – rassemblait une majorité potentielle. Ce n'est plus le cas et ce n'est pas la seule chute car la mesure en faveur du vote des étrangers aux législatives (qui concernerait quelque 35.000 résidents étrangers sur les 248.900 résidents étrangers comptabilisés en 2014) perd, également, quatre points auprès des résidents luxembourgeois qui s'étaient précédemment exprimés en sa faveur.
Il reste, cependant, un lot d'inconnues. Sur les trois questions (vote des étrangers, vote des jeunes, limitation des mandats), il existe à l'heure actuelle respectivement 7, 4 et 10% d'indécis. De quoi renverser éventuellement la vapeur pour la troisième question.
Quant à la seconde, le vote des étrangers, on peut s'interroger sur l'impact des récentes prises de position en sa faveur, qu'elles émanent de la scène culturelle luxembourgeoise, de l'archevêque ou du Premier ministre, intervenues les 27, 30 avril et 5 mai. Le sondage, lui, a été réalisé du 23 avril au 3 mai.
Nonobstant, une majorité écrasante de sondés estime que rien ne pourra lui faire changer d'avis d'ici la tenue du référendum.
TNS Ilres s'est enfin intéressé au regard que portent les sondés, Luxembourgeois ou étrangers, sur la signification des résultats liés à la question du droit de vote des étrangers.
Il en ressort que parmi les étrangers en faveur de ce droit (ils sont 78%), près des deux tiers (63%) jugeraient grave que le non l'emporte. Les Luxembourgeois en faveur de ce droit (40%) sont eux-mêmes une majorité (52%) à trouver grave que le non puisse l'emporter.
Mais, à l'inverse, les Luxembourgeois opposés à ce droit sont encore plus nombreux (59%) à trouver grave que ce droit puisse être établi. De quoi, dans tous les cas, dessiner une ligne de fracture dans un pays où, au soir du 7 juin, il est probable que d'autres solutions devront être apportées pour combler le déficit démocratique actuel.
Le sondage a été mené auprès de 1.179 personnes, dont 841 électeurs, de dix-huit ans et plus.
