«Une crise chez Déi Gréng? Où ça?»
«Une crise chez Déi Gréng? Où ça?»
François Bausch, sur les ondes de Radio 100.7, a lâché le mot en premier, lundi: «Déi Gréng traverse une crise». Coprésidente du parti vert, Djuna Bernard préfère parler ce mercredi de «situation difficile». Une nuance de terminologie qui pousse la responsable politique à s'expliquer : «Si nous n'avions aucune piste pour nous en sortir, là je parlerais de crise.» Pourtant, rarement les astres n'ont paru si défavorables au parti.
Décès du charismatique Camille Gira l'an dernier, problème de santé de Félix Braz jusqu'alors ministre de la Justice et vice-Premier ministre, puis maintenant la démission de son poste de bourgmestre de Roberto Traversini à Differdange après quelques approximations avec la loi : les nuages s'accumulent. Et le fait que le parti ne puisse avancer fermement aucun nom pour le remaniement gouvernemental de ces prochains jours n'a rien d'une éclaircie.
Pas de zizanie
Coprésident Déi Gréng, Christian Kmiotek entend calmer la tempête qui semble naître autour de son parti. «Quand mardi soir, nous avons tenu notre comité exécutif, je n'ai rien ressenti de catastrophique. Une crise chez Déi Gréng où ça? Il n'y a aucune zizanie dans les rangs», assure-t-il.
Lui préfère voir un parti et des membres «en convalescence personnelle» après cet ensemble de coups durs. «Humainement ou politiquement, tous nos membres ont de quoi être affectés», soutient le dirigeant certain que les choses vont rentrer dans l'ordre.
Pour le prochain gouvernement, le comité extraordinaire, convoqué en urgence le 3 octobre, permettra de mettre des noms sur les postes à redistribuer. Et l'ordre du jour ne portera que là-dessus. Qui pour prendre en main le portefeuille du Logement (à la place de Sam Tanson) et les fonctions de ministre délégué à la Défense et à la Sécurité intérieure (jusque-là tenues par François Bausch)? «S'il fallait débattre d'autres points majeurs, nous les aurions soumis au vote des adhérents», assure Christian Kmiotek.
Reste que le fait de conserver Roberto Traversini dans son rôle de député Déi Gréng, alors même que l'élu reconnaît avoir commis des «erreurs» dans certains travaux menés sur une de ses habitations, peut faire grimacer dans les rangs. «Nous ne jugerons pas Roberto», avait assuré le coprésident la semaine passée. Son homologue féminin le rejoint sur ce point: «Les conclusions politiques viendront avec les décisions de justice.»
Pour l'heure, effectivement, la culpabilité de l'ancien bourgmestre differdangeois n'est pas prouvée. Le parquet vient juste d'ouvrir une enquête portant sur détournement de deniers publics ou privés, prise illégale d’intérêts, blanchiment et violation de la loi modifiée du 19 juillet 2004 concernant l’aménagement communal et le développement urbain.
Une vision positive
Des accusations graves portées sur un membre éminent d'un parti qui pouvait se parer de bien des vertus. Des accusations portées à un homme qui pouvait prétendre à rejoindre le gouvernement même. «Oui, nous devons être exemplaires, mais j'ai toujours su que nous étions un mouvement comme les autres. Avec des hommes et des femmes faillibles», bat sa coulpe Djuna Bernard.
Mais plutôt que de regarder les défauts des uns, elle préfère se focaliser sur «la vision positive portée par tous dans le parti. C'est cela qui nous a donné du crédit dans la société et nos valeurs restent d'actualité.» Une aura verte qui vient cependant de connaître ses premières taches.
