«Une chance extraordinaire»
«Une chance extraordinaire»
Par Gaston Carré
Le Premier ministre s'est rendu ce lundi à Sotchi, où il a été accueilli par son homologue russe Dimitri Medvedev avant de rencontrer le président Vladimir Poutine aujourd'hui, mardi.
Nature de ces visites: «de courtoisie» selon Xavier Bettel; leur objectif: «écouter». Ecouter Poutine surtout, alors que la question ukrainienne reste en suspens et que la crise syrienne menace de déboucher sur une confrontation internationale par procuration.
C'est «une chance extraordinaire de pouvoir rencontrer Vladimir Poutine demain» se réjouit Bettel dans le Falcon qui ce lundi matin le mène sur la mer Noire, vers la ville de Sotchi, connue pour avoir accueilli les jeux Olympiques d'hiver et abriter la résidence estivale du président russe.
Car de la Syrie et de l'Ukraine Bettel vient de parler avec François Hollande et Angela Merkel, avec Barack Obama un peu plus tôt, avec le Pape même il y a deux semaines. Exultation d'un jeune Premier qui face à une page d'Histoire est en concertation avec ses principaux signataires? Non: ce concours de rencontres est heureux selon le Premier ministre dans la mesure où «l'ensemble des parties en présence poursuivent désormais un même but»: une normalisation en Ukraine et, surtout, l'éradication du terrorisme islamiste au Proche-Orient.
Questions pour un président
Si le but est le même pour tous, tous cependant ne s'accordent pas sur les moyens d'y parvenir, en Syrie surtout: vive est l'inquiétude face à des bombardements russes qui selon Poutine visent l'Etat islamique mais qui selon nombre d'observateurs ont frappé l'opposition armée au régime de Bachar el-Assad. Xavier Bettel tentera-t-il, aujourd'hui, d'obtenir une clarification de la part du président russe? Bettel l'assure, tout en précisant qu'il n'est «pas allé à Sotchi pour donner des leçons à qui que ce soit», que «c'est au peuple syrien avant tout qu'il appartient de décider du sort d'El-Assad» et, last but not least, que «tout mettre sur le dos de celui-ci est excessif».
Ne pas oublier Minsk
Devant Medveded cependant Bettel affirme que «des actions unilatérales ne sauraient apporter une solution à cette crise», et constate que son homologue russe prend acte de cette remarque sans s'insurger. Etonnante mansuétude? Elle peut s'expliquer par le fait que Bettel lui-même s'est montré magnanime face au dossier ukrainien, en reconnaissant que les accords de Minsk, qui pour l'heure demeurent lettre morte, induisent des «responsabilités aussi bien pour l'Europe que pour la Russie» et, surtout, qu'il faut «éviter une prolifération de sanctions économiques dont les deux parties en présence ont finalement à pâtir».
Xavier Bettel souligne cependant que «Poutine possède une influence réelle sur les séparatistes», et que cette influence pourrait être une voie d'approche pour le dialogue qu'il aura avec le président russe aujourd'hui mardi. Une approche «dans le souci d'une écoute mutuelle» encore, et d'entendre l'ensemble des protagonistes: «A Bruxelles notamment, j'ai entendu des voix très majoritairement pro-ukrainiennes; il me tarde désormais d'entendre les arguments de Poutine», mais de lui rappeler toutefois qu'«en aucun cas on ne saurait ignorer les accords de Minsk».
Le Premier ministre russe voit-il une corrélation entre le traitement par l'Occident de la problématique ukrainienne et son attitude face à la crise syrienne? Non, selon Bettel, qui cependant relève que devant cette dernière les points de vue des différents partenaires européens sont devenus «plus convergents, bien plus qu'ils ne l'étaient il y a trois semaines environ».
Accueilli à Sotchi donc, une station balnéaire sur la mer Noire qui aura surpris les visiteurs luxembourgeois par la douceur de son climat, Xavier Bettel relève que les températures sont beaucoup moins clémentes ces jours-ci au Luxembourg, et saisit l'occasion pour procéder avec Dimitri Medvedev à un «échange de vues» sur un certain nombre de dossiers bilatéraux.
Des bourses pour des étudiants
A été évoqué, ainsi, le dossier Cargolux, autrement dit le litige relatif au survol de la Russie et aux visas nécessaires pour les pilotes, une simple «évocation» laissant entendre toutefois que la question n'est pas résolue encore. Une plus étroite coopération des chemins de fer russes et luxembourgeois a de même été «évoquée». Plus concrètes semblent être les réalisations dans le domaine culturel, sur le plan de la recherche notamment. Une dizaine d'étudiants russes ainsi vont bénéficier de bourses qui leur permettront de compléter leur savoir au Grand-Duché.
Xavier Bettel durant son séjour russe est entouré de l'ambassadeur du Grand-Duché, Pierre Ferring, du ministre-conseiller Patrick Hemmer et de sa conseillère diplomatique Yuriko Backes.
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