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Où l'on reparle d'une application de tracing
Luxembourg 4 min. 15.11.2021 Cet article est archivé
Au Luxembourg

Où l'on reparle d'une application de tracing

Pour l'heure, le suivi des cas contacts se fait toujours au Luxembourg sur témoignages directs et appels téléphoniques.
Au Luxembourg

Où l'on reparle d'une application de tracing

Pour l'heure, le suivi des cas contacts se fait toujours au Luxembourg sur témoignages directs et appels téléphoniques.
Photo Archives : Chris Karaba
Luxembourg 4 min. 15.11.2021 Cet article est archivé
Au Luxembourg

Où l'on reparle d'une application de tracing

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
En 2020, le Statec a interrogé des habitants sur leur acceptation à disposer, sur leur mobile, d'un tel programme dans le cadre du suivi de l'épidémie virus. Et l'acceptation se relève majoritaire, sous conditions toutefois.

Voilà longtemps que la question d'introduire une application de tracing au Luxembourg ne fait plus la une. Après avoir lancé la réflexion au printemps 2020, que la question a animé quelques débats, le sujet est retombé dans l'oubli voilà un an. Mais une étude du Statec et la reprise des contaminations vont peut-être ramener le dossier sur le dessus de la pile. En effet, l'Institut de la statistique a interrogé à deux reprises 1.300 habitants sur ce sujet. Un panel d'hommes et de femmes de plus de 18 ans et au niveau d'études ou lieu d'habitation répondant à la moyenne nationale pour qui l'arrivée de pareil ''outil'' dans leur quotidien était loin d'être vue négativement.


Le traçage, ce dispositif «sanitairement utile»
Dans un avis rendu lundi, la commission nationale d'éthique indique avoir conseillé au gouvernement d'envisager la mise en place d'une application pour smartphone destinée à suivre les patients infectés par le covid-19. Mais avec plusieurs réserves.

Les premiers résultats de cette étude avaient été publiés en décembre dernier. Parmi les réponses déjà, 7 résidents sur 10 ne se disaient pas opposés à la mise en pratique de cette solution. Mais en cette fin 2021, les analystes à l'origine du projet Appreciate font désormais part de leurs conclusions plus affinées. La suite à donner étant suspendue à l'avis du gouvernement, si suite il devait y avoir. 

Car, pour l'heure comme depuis des mois, le tracing luxembourgeois se fait sur appel téléphonique et à la suite des déclarations reçues par les équipes de la Santé de la part des nouveaux cas covid+ repérés. Déclarations notamment possibles par mail adressé à covidtracing.public.lu. Et à titre d'information, dans la semaine du 1er au 7 novembre, 381 contacts ont ainsi été identifiés, contactés et invités à se placer en confinement ou en quarantaine. 

Question de confiance

Selon le Statec, l'acceptation de la nécessité du tracing via mobile tient pour une large part au «sentiment de responsabilité envers la communauté». Autrement dit, j'accepte d'installer et mettre en service ce ''pisteur" parce que j'estime que cela peut aider à ralentir la circulation du virus autour de moi (proches, collègues) et plus généralement dans le pays tout entier.

Par ailleurs, il ressort des deux sondages que les volontaires approuveraient d'autant mieux l'usage de ce type de ''surveillance sanitaire'' si l'app fonctionne au-delà des frontières, en Europe, peut être installée sur base volontaire (et non imposée). Par ailleurs, les répondants ont majoritairement fait part de leur volonté de ne pas voir être stockées sur un serveur central les données électroniquement collectées dans leurs contacts quotidiens. Les sondés marquant une préférence pour une mise en mémoire des informations plutôt sur l'appareil mobile des utilisateurs.


Tine A. Larsen, CNPD, Foto Lex Kleren
Une nouvelle loi covid truffée de failles
Pour la Commission nationale pour la protection des données (CNPD), l'entrée en vigueur au 1er novembre du régime CovidCheck élargi soulève encore la question de l'utilisation des informations de santé recueillies par les entreprises et les administrations.

Au passage, l'étude du Statec qui a regardé ce qu'il se passait dans les pays qui ont mis en place ce type d'appli de traçage dans le cadre de la pandémie covid, rappelle que «les préoccupations relatives au respect de la vie privée expliquent au moins en partie l'écart entre le soutien déclaré et les faibles taux d'installation observés». Le côté Big Brother du dispositif pouvant refréner bien des particuliers, pourtant convaincus de l'intérêt de la démarche pour contrer le virus.

A l'heure de la quatrième vague, le Statec reste certain que «les applications de recherche des contacts peuvent être des outils efficaces pour contrôler la pandémie». Pour la nation, elles pourraient même atténuer les coûts élevés des autres mesures envisageables pour contenir la circulation du SARS-CoV2 (comme un retour au confinement).

En France, la première appli de suivi avait fait un flop. Sa remplaçante, intégrant le pass sanitaire sous forme de QR code, a dépassé les 30 millions de téléchargements.
En France, la première appli de suivi avait fait un flop. Sa remplaçante, intégrant le pass sanitaire sous forme de QR code, a dépassé les 30 millions de téléchargements.
Photo: AFP

Mais reste une barrière majeure à franchir avant l'acceptation de cet outil numérique : la confiance. La confiance dans le programme, son usage et... le gouvernement. Là encore, il s'agit d'un point ressortant fortement de l'étude.

Aussi, l'heure est-elle vraiment idéale pour réintroduire la question du tracing 2.0? Après vingt mois de crise covid, la mise en place de dizaines de mesures, les troubles engendrés par le déploiement du CovidCheck ou la montée d'une défiance de plus en plus visible à l'égard des choix des dirigeants, voilà qui semble risqué.

Certes, le programme pourrait être développé. Mais, au final, combien d'habitants téléchargeraient l'appli et l'activeraient réellement? Donc quelle serait la réelle efficacité sanitaire de ce dispositif à l'échelle du Luxembourg? On saura certainement d'ici peu si Xavier Bettel veut avoir la réponse à cette double interrogation. 

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