Un virus qui pèsera lourd financièrement
Un virus qui pèsera lourd financièrement
(pj avec Michèle Gantenbein) - Dans la tempête, inutile de crier. Chacun sait que le danger guette. Aussi, à analyser les perspectives attendues pour l'économie du pays et son budget, Romain Bausch se veut plus prévenant qu'alarmant. Face aux conséquences de la crise du covid-19, le président du Conseil national des finances publiques (CNFP) se contente d'un «ce n'est pas une raison de paniquer, mais il est important de garder un œil sur cet impact».
Car même si le Luxembourg a réagi vite et fort, compris en contractant un emprunt de 2,5 milliards d'euros (à taux négatif), l'horizon s'est subitement assombri. Ainsi, la croissance économique au Grand-Duché désormais espérée par le gouvernement a été revue à la baisse à hauteur de 6% du PIB (avec un rebond attendu de +7% en 2021). Le Statec envisage même un scénario plus pessimiste avec une croissance freinée de 12,4% cette année, et une relance limitée à +2,1% l'an prochain.
Selon cette estimation, le produit intérieur brut réel fin de 2021 serait de 10% inférieur au chiffre de 2019. Et la CNFP de regretter que le gouvernement n'ait pas pris en compte ce scénario dans ses calculs.
D'après les prévisionnistes, la crise va aussi faire grimper le chômage à un taux de 6,7% cette année, pour 7,2% l'an prochain. La croissance de l'emploi n'est plus qu'estimée à 0,7% en 2020 et à 1% en 2021. À l'origine, l'Etat avait tablé sur une hausse supposée de 3%. Il faut donc réviser certains calculs, à commencer par les recettes attendues dans les caisses publiques.
Déjà, le ministre des Finances a révisé sa copie. Loin du pronostic de revenus augmentant de +4,5%, Pierre Gramegna table plutôt maintenant sur une diminution des recettes de l'ordre de 8,2%. Et cela alors qu'en parallèle, le robinet des dépenses va couler à flot. Si le budget prévoyait un accroissement des dépenses publiques de 6,8%, il serait plutôt question d'un bond de 15% pour assurer les différents plans décidés (de stabilisation d'abord et de relance ensuite).
Compte tenu de ces nouvelles données, le CNFP valide le fait qu'il faille s'attendre a minima à un déficit public de 5 milliards d'euros pour 2020 (8,5% du PIB) et de 2 milliards d'euros pour 2021 (3% du PIB). Il y a quelques mois, le pays tablait sur un exercice 2020 toujours excédentaire, mais l'idée est à balayer aujourd'hui.
Le CNFP, toutefois, ne trouve rien à redire sur le fait que le Grand-Duché se soit engagé dans la voie de ce déficit. Suivant d'ailleurs en la matière le feu vert accordé par la Commission européenne dans la gestion de crise des Etats membres de l'UE.
Pour le Conseil national des finances publiques, une vigilance particulière doit aussi être portée sur le sort des communes. Car si le gouvernement a supposé un excédent de 340 millions d'euros pour les communes en 2020. En avril, les chiffres ont été révisés pour annoncer un déficit de 372 millions d'euros. Une aggravation pour laquelle le CNFP attend des explications. Mais lors de sa dernière réunion, le Syvicol a déjà alerté les autorités de la situation délicate qui menaçait les 102 administrations communales du pays.
La Sécurité sociale, elle, devrait mieux résister à la crise. Certes, l'organisme n'atteindra pas l'excédent envisagé de 1,1 milliard d'euros. En raison de la chute attendue des cotisations et de la hausse des dépenses (notamment en raison du financement du congé pour raisons familiales), l'excédent pourrait se réduire à 281 millions d'euros en 2020 (et 342 millions d'euros l'année suivante).
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