Un vent frais souffle peu à peu sur la Chambre
Un vent frais souffle peu à peu sur la Chambre
A deux ans des élections communales et législatives, les grandes manœuvres au sein des différentes familles politiques ont bel et bien commencé. Si le moment n'est pas encore venu de présenter les thèmes qui animeront ces campagnes électorales, la probabilité est grande pour que les visages qui les incarneront ne possèdent plus les traits de ceux et celles qui tenaient le haut de l'affiche lors des derniers scrutins.
Le phénomène devrait être particulièrement visible à la Chambre où certains députés ont été assermentés pour la première fois dans l'enceinte du Marché-aux-Herbes, il y a trois, voire quatre décennies. Au-delà de l'avenir politique de figures telles que Viviane Reding (CSV), Lydie Polfer (DP) ou Michel Wolter (CSV), les électeurs devront surtout décider s'ils accordent encore leur confiance à une génération d'hommes et de femmes politiques en place depuis le début de cette législature.
Car depuis 2018, ce sont près d'une dizaine de nouveaux visages issus des rangs de quatre des six partis actuellement représentés à la Chambre qui ont été assermentés. Un jeu de chaises musicales pour le personnel politique qui ne trouve toutefois pas majoritairement son origine dans une volonté des partis de renouvellement, mais par les circonstances politiques. Particulièrement pour les partis de l'actuelle coalition.
Face au malaise cardiaque de Félix Braz (Déi Gréng) et aux conséquences de «l'affaire Traversini», les écologistes ont ainsi été contraints de mettre sur le devant de la scène des personnalités jusqu'alors inconnues du grand public. Situation quelque peu différente pour le LSAP qui a tout de même vu ses mandats changer de titulaire suite à la démission d'Etienne Schneider du gouvernement et le départ d'Alex Bodry vers le Conseil d'Etat. Pour le DP, les changements sont dus au décès d'Eugène Berger et au départ de Joëlle Elvinger vers la Cour des comptes européenne.
De ce point de vue, le CSV apparaît comme globalement étranger à ce mouvement de renouvellement de son personnel politique. Du moins au niveau de la Chambre, puisque sur les 21 élus seul un mandat s'apprête à connaître un nouveau visage. En l'occurrence le départ annoncé de Françoise Hetto-Gaasch et l'arrivée de Max Hengel. Résultat: les chrétiens-sociaux affichent les députés les plus expérimentés, avec une durée moyenne des mandats de douze ans. Le record de longévité effective sur les bancs du Parlement atteignant 27 ans pour deux membres de la fraction.
Outre le rajeunissement en cours ou à venir des députés, la prochaine assemblée devrait également voir une meilleure représentation des femmes. Un mouvement déjà entamé par Déi Gréng qui dispose déjà d'une majorité d'élues dans ses rangs à la Chambre et qui sera encore plus accentué au début 2022 avec l'arrivée annoncée de Jessie Thill pour remplacer Carlo Back.
La fraction écologiste sera alors composée de trois quarts de femmes. Une quasi-exception dans le paysage politique luxembourgeois, puisque seul déi Lénk parvient à faire mieux avec deux députées à la Chambre depuis mai 2021. Pour l'heure, seul un tiers des sièges (35%) du Marché-aux-Herbes sont occupés par des femmes.
A noter toutefois que le rajeunissement et la féminisation en cours se heurtent à de réelles difficultés, en lien direct avec les «problématiques structurelles» du système politique. Autrement dit, le nombre relativement restreint de candidats pour des fonctions à la complexité de plus en plus grande. Preuve en est les difficultés rencontrées lors des trois remaniements gouvernementaux qui se sont étalés sur plusieurs semaines.
Face à cet écueil connu, plusieurs voix s'élèvent pour une plus grande professionnalisation du milieu politique. Ce qui devrait notamment passer par une limitation drastique du cumul des mandats. Un choix qui devrait, finalement, revenir aux électeurs.
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