Un homme de 37 ans avait menacé de mort Bettel et Lenert
Un homme de 37 ans avait menacé de mort Bettel et Lenert
Fernando T. est en détention provisoire depuis cinq mois et sept jours. Mercredi, il devra répondre de ses actes devant une chambre pénale du tribunal de district de la capitale. Il est reproché à cet homme de 37 ans, originaire de Niederkorn, d'avoir menacé de mort et insulté Xavier Bettel (DP), Paulette Lenert (LSAP) et, dans une moindre mesure, Lydie Polfer (DP) au cours de l'année dernière.
Il aurait en outre déclenché de fausses alertes en communiquant un danger immédiat dans des lettres de menaces à l'aide d'une substance inconnue. Les menaces de mort très concrètes avaient pour toile de fond la politique sanitaire du gouvernement. L'affaire remonte au début de l'été 2021 : les 21 et 22 juillet, des collaborateurs du ministère d'État et du ministère de la Santé reçoivent par la poste des enveloppes contenant des lettres de menace anonymes et une poudre brunâtre. La caisse de maladie reçoit un courrier similaire, mais sans la poudre suspecte.
Des menaces prises très au sérieux
Dans ces lettres, l'auteur menaçait de mort le Premier ministre Xavier Bettel et la ministre de la Santé Paulette Lenert, et ce en raison de la politique sanitaire dans le cadre de la lutte contre le covid-19 et d'une supposée obligation de vaccination imminente. Il annonçait en outre des attentats contre les centres de vaccination. Les menaces étaient très concrètes et prises au sérieux par les autorités. «Préparez-vous à des attentats et à la perte de nombreuses vies humaines», écrivait l'auteur anonyme aux ministres. «Êtes-vous prêts à perdre des membres de votre famille qui vous sont proches ? Pouvez-vous au moins protéger tous les centres de vaccination ? Je l'espère, car si la pétition pour la vaccination obligatoire devait aboutir, votre sommeil tranquille serait terminé».
Il poursuivait : «Si l'obligation vaccinale voit le jour, je n'ai pas peur de vous ou de sacrifier des vies humaines». Et aussi : «Le Luxembourg est petit, il est facile de vous croiser». Les menaces étaient également accompagnées d'insultes envers Paulette Lenert et Xavier Bettel - des insultes homophobes également adressées au Premier ministre.
Recherche de traces dans les médias sociaux
Les empreintes digitales d'une seule et même personne étaient relevées sur tous les courriers. Celles-ci ne pouvaient toutefois pas être attribuées à quelqu'un, faute d'une inscription correspondante dans les bases de données. En outre, une trace d'ADN avait pu être relevée. La poudre avait été analysée à la fois par le laboratoire d'État et par un service spécialisé NBC de l'armée allemande. Aucune substance chimique, biologique ou radioactive n'avait été détectée. Des investigations dans les réseaux sociaux, principalement dans les commentaires des critiques venant des personnes critiquant la politique sanitaire, ont finalement conduit la police judiciaire à un utilisateur de Facebook qui se présentait sous un pseudonyme.
Ce dernier présentait des similitudes évidentes dans la syntaxe et l'orthographe des commentaires sous des articles de presse. Une demande auprès de la direction de Facebook conduisait les enquêteurs à un numéro de portable luxembourgeois : celui de Fernando T. de Niederkorn, un opposant radicalisé aux vaccins et aux mesures.
Début décembre : deuxième vague de lettres de menaces
Alors que l'enquête était encore en cours, d'autres lettres de menaces de mort parvenaient au ministère d'État, au ministère de la Santé, à la CNS et à RTL. Cette fois, dans des courriers reçus le 8 décembre 2021, outre Xavier Bettel et Paulette Lenert, c'est la bourgmestre de la capitale Lydie Polfer qui était visée. Les empreintes digitales et les traces d'ADN correspondaient à celles relevées sur les lettres de juillet.
Le scribe anonyme annonçait précisément comment il comptait tuer le compagnon de Xavier Bettel ainsi que les filles de Paulette Lenert. Cette fois-ci, l'auteur anonyme menaçait spécifiquement le compagnon de Xavier Bettel, Gauthier Destenay, de torture, de mutilation et finalement de mort, en des termes précis. L'auteur était également très concret lorsqu'il menaçait de mort les filles de Paulette Lenert. Et Lydie Polfer devait en outre être «mise en garde contre les accidents qui pourraient survenir chaque jour». L'auteur posait un ultimatum jusqu'au 15 janvier, date à laquelle le gouvernement devait annoncer de nouvelles mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie.
Il risque jusqu'à 5 ans de prison
Fernando T. est ensuite arrêté comme suspect et avoue être l'auteur des lettres anonymes. Il confirme que la poudre contenue dans les premières lettres, qu'il a mélangée avec de la nourriture, devait déclencher un important dispositif de sécurité. Il a tapé les lettres de menace sur son téléphone portable et les a ensuite imprimées. Les empreintes digitales et les traces d'ADN correspondent en outre aux siennes.
Il s'expliquera ce mercredi devant la chambre criminelle, Fernando T. risque une peine de prison comprise entre six mois et cinq ans. C'est en effet la peine prévue par l'article 327 du Code Pénal pour les menaces assorties de conditions ou d'instructions - et/ou une amende de 500 à 5.000 euros. Mais Fernando T. est également poursuivi pour fausse alerte. Du point de vue du ministère public, il a en effet volontairement donné l'impression que la poudre brune de la première série de lettres de menaces représentait un danger. L'article 319 prévoit pour cela une peine de huit jours à cinq ans ainsi qu'une amende de 300 à 3.000 euros. L'infraction d'outrage peut en outre être d'application, conformément à l'article 275, de 15 jours à six mois d'emprisonnement et d'une amende de 500 à 3.000 euros.
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