Un guide pour faciliter la communication autour du cancer
Un guide pour faciliter la communication autour du cancer
Quelles sont les phrases qu'il vaut mieux prononcer, et, au contraire, quelles sont celles qu'il faut à tout prix éviter face à une personne atteinte d'un cancer? En lançant la campagne #CommentTeDire il y a un an, la Fondation cancer s'est donné pour mission de recueillir des témoignages de malades et de leurs proches, afin de répertorier les mots qui aident et ceux qui blessent.
Douze mois plus tard, les 500 réponses récoltées ont permis de concocter un petit guide pour faciliter la communication autour du cancer, «qui reste tabou», souligne Martine Risch, psycho-oncologue de la fondation. Dans son service, la professionnelle prend en charge les patients et leurs proches, et note que ces derniers se sentent souvent impuissants face à la maladie.
«Fréquemment, les proches, en particulier les amis et les collègues de travail de la personne atteinte, sont bouche bée. Ils ne peuvent plus rien dire, et souvent, ils ne disent et ne font rien, ce qui amène à un éloignement, une mise en retrait», explique la spécialiste. Un comportement qui n'est pas sans affecter le patient, qui ne se sent pas compris.
Des mots simples
Parmi les centaines de témoignages reçus, la Fondation cancer a procédé à un filtrage afin de repérer les paroles les plus fréquentes ayant été appréciées, ou ayant blessé. Une étape «un peu difficile», selon Martine Risch. «Lorsque quelqu'un qui aime entendre quelque chose, cela ne veut pas dire que ces mots conviendront à tout le monde.» Pour rappel, 3.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année au Luxembourg, et 1.100 décès par an sont attribués à cette maladie, selon le ministère de la Santé.
Les patients ont ainsi confié apprécier les phrases et les attentions simples. Des messages tels que «Je pense à toi», «Comment tu te sens aujourd'hui?», sont très efficaces pour montrer au malade qu'il est soutenu. «Des petites attentions du quotidien comme ''Je fais les courses demain, est-ce que tu as besoin de quelque chose?'', ou encore ''Je peux emmener tes enfants au sport'' permettent de signaler que l'on pense à la personne et que l'on traverse cette épreuve avec elle», indique la psycho-oncologue qui rappelle néanmoins qu'il est primordial de «faire des promesses que l'on peut tenir».
Au contraire, les témoignages des malades interrogés ont fait part de leur aversion pour la pitié, qui se manifeste à travers des phrases comme «J'ai de la peine pour toi» et la banalisation de la maladie, qui peut se transmettre par des expressions telles que «ça va aller», «ne te fais pas de souci». «Ce sont des choses à absolument éviter, le cancer n'est jamais vécu pareil d'un patient à un autre.»
Le fait d'être présent, d'être à l'écoute, c'est déjà montrer du soutien pour la personne malade.
Martine Risch, psycho-oncologue de la Fondation cancer
Dans les réponses au questionnaire, des phrases affreusement blessantes ont également été relevées par les personnes atteintes de cancer. «On a, par exemple, répertorié plusieurs patients à qui il a été dit ''Comme tu as le cancer, il serait temps de réfléchir aux erreurs que tu as commises qui t'ont fait contracter cette maladie''. On ne pensait pas que cela serait si fréquent», révèle Martine Risch.
Une présence par les gestes
Et si les mots manquent, les gestes comptent tout autant, fait savoir la Fondation cancer. «Le fait d'être présent, d'être à l'écoute, c'est déjà montrer du soutien pour la personne malade», poursuit la psycho-oncologue. Ainsi, la spécialiste conseille de privilégier l'honnêteté face au patient. «Quand on ne sait pas quoi dire, il vaut mieux l'avouer plutôt que de se retirer. Dire qu'on aimerait être là malgré tout.»
D'ores et déjà disponible en ligne, ce guide est accessible gratuitement pour tous. Sa version papier peut également être commandée sans frais auprès de la fondation. «À partir de ce samedi 4 février, Journée mondiale de lutte contre le cancer, nous allons distribuer ce document qui, nous l'espérons, encouragera vraiment les gens à continuer d'intégrer les malades dans leur quotidien par de simples mots et gestes.»
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