Un budget «réaliste, solidaire et responsable»
Un budget «réaliste, solidaire et responsable»
Le rituel fait partie intégrante de la chorégraphie parlementaire : la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) arrive en séance plénière de la Chambre avec le projet de budget. Elle y remet le document au président de la Chambre, Fernand Etgen (DP), qui fait passer le projet de loi le plus important de l'année au président de la commission des Finances, André Bauler (DP), avant que celui-ci ne le remette à Max Hahn (DP), le rapporteur.
Deux premières
Les explications de la ministre des Finances sur les grandes lignes du projet de budget pour 2023 constituent une double première : c'est la première présentation du budget par Yuriko Backes, qui a succédé à Pierre Gramegna au début de l'année. Et pour le Luxembourg, c'est la première présentation du budget par une ministre des Finances.
Yuriko Backes reprend d'emblée le fil de la déclaration du Premier ministre. Si le Luxembourg a bien géré la tempête de crises multiples jusqu'à présent, c'est parce que le gouvernement a pris ses responsabilités. Elle qualifie son projet de budget de «budget de crise pour temps de crise»; celui-ci est «réaliste, solidaire et responsable».
Les prévisions du Statec servent de base à l'élaboration du budget qui, selon la comptabilité luxembourgeoise, comprend des dépenses de 24,2 milliards d'euros pour des recettes de 21,5 milliards d'euros. Ces prévisions se basent sur une croissance de 2 %, une inflation de 2,8 % et une augmentation du marché du travail de 2 % également.
«Les chiffres ne sont pas gravés dans la pierre», indique la ministre en se référant au passé récent et au risque de récession. Comme celle-ci pourrait justement frapper durement une petite économie ouverte, il est important, selon elle, de préserver la marge de manœuvre financière de l'État.
Deux constantes
Traditionnellement, il n'y aura néanmoins pas de coupes dans deux domaines. Les investissements seront maintenus à un niveau élevé. Yuriko Backes parle d'une «politique d'investissement durable» de 3,8 milliards d'euros, dont l'artisanat luxembourgeois profiterait. Une attention particulière est accordée à la transition énergétique et numérique.
Pour chaque euro dépensé par l'État, 47 centimes sont consacrés à des mesures sociales.
Yuriko Backes, ministre des Finances
Et la part du lion revient au budget social : «Pour chaque euro dépensé par l'État, 47 centimes sont consacrés à des mesures sociales», calcule la ministre. Cela comprend entre autres l'augmentation du personnel des services sociaux promise par le Premier ministre.
«Avec moi, il n'y aura pas de hara-kiri en matière de politique financière», confirme Yuriko Backes en réponse à l'annonce du Premier ministre selon laquelle une grande réforme fiscale serait «irresponsable». En raison des paquets d'aide de 5,5 milliards d'euros ficelés depuis 2020 pour les citoyens et les entreprises, il n'y a pas de marge de manœuvre, précise la ministre. Cela laisse en même temps entrevoir que la réforme est reportée à des temps meilleurs. Mais elle n'est pas supprimée.
Comme la ministre des Finances l'avait déjà mentionné en milieu d'année, son projet de budget contient des allègements ponctuels en faveur des familles monoparentales. Le bonus fiscal passe de 1.000 à 2.505 euros, pour un revenu annuel maximal de 60.000 euros. De même, l'allocation maximale pour les enfants qui ne vivent pas dans le foyer fiscal du contribuable sera augmentée de dix pour cent.
En matière de politique fiscale, les taux de TVA seront en outre réduits à 3% au 1er janvier pour les panneaux solaires, à 8% pour les réparations d'appareils ménagers et pour l'achat de vélos. Suite à l'accord tripartite, la TVA s'élèvera alors à 7%.
Dans son discours d'une heure, la ministre a également mis l'accent sur la politique d'implantation - le «régime d'impatrié» et la «prime participative» seront rendus plus attractifs - et sur la construction de logements. Dans ce domaine, l'attrait de l'«amortissement accéléré» en tant que technique d'évitement fiscal sera réduit une deuxième fois après 2021 : chaque contribuable ne pourra plus y recourir que deux fois.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Yuriko Backes aborde également les efforts budgétaires dans le budget de la défense. D'ici 2028, le Luxembourg veut porter ses investissements à 1% du PIB, l'objectif de l'OTAN étant de 2%. Le Grand-Duché investit en outre 1% dans la coopération au développement - ce qui fait du Luxembourg l'un des rares bons élèves à atteindre cet objectif de l'ONU.
L'endettement, qui a récemment fait l'objet d'un débat au sein de la coalition, s'élèvera à 26,3% en 2023 - et sera donc inférieur à la barre des 30% fixée dans le document de la coalition. Il en sera de même dans la planification pluriannuelle, avec une estimation de 29,5% en 2026.
Si le déficit des finances publiques s'élève à 1,8 milliard d'euros l'année prochaine, celui de l'administration centrale est de 2,8 milliards d'euros. En dehors d'une crise, un tel volume n'est pas acceptable pour un pays comme le Luxembourg, précise Yuriko Backes. «Mais en cas de crise, c'est inévitable».
Cet article a été publié pour la première fois sur wort.lu/de
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