Trous d'air à prévoir lors de la tripartite aviation
Trous d'air à prévoir lors de la tripartite aviation
S'ils s'étaient quittés en bons termes mi-juillet, les partenaires sociaux du secteur de l'aviation se retrouvent dans un état d'esprit bien différent ce jeudi. La faute à deux réunions houleuses entre syndicats et direction de Luxair, pourtant destinées à préparer cette nouvelle réunion tripartite sectorielle. A en croire les représentants du personnel, les rencontres n'auraient eu d'autre but que de mettre sur la table «un plan d'action présentant clairement un sureffectif et des mesures mettant en péril directement les acquis sociaux des salariés».
Selon les éléments publiés en début de semaine par l'OGBL, le LCGB et le NGL-SNEP, les responsables de la compagnie aérienne envisageraient de supprimer les avancements salariaux liés à l'ancienneté au-delà de 20 ans pour tous les salariés - et au-delà de 15 ans pour les pilotes -, de geler les salaires et le versement du treizième mois pendant trois ans ou bien encore de supprimer la prime de départ en retraite.
«Lors de ces échanges, il n'a pas été question d'investissements et de modernisation de l'entreprise, mais uniquement d'une remise en question de la convention collective», dénonce Paul de Araujo, secrétaire syndical LCGB. «Tout cela donne l'impression que la direction tire profit de la situation créée par le covid-19 pour remettre en cause les acquis sociaux des salariés», enchaîne Michelle Cloos, secrétaire centrale OGBL.
Contactée, la direction de Luxair n'a pas souhaité s'exprimer avant la rencontre officielle. Seule une référence à «la volonté de prévoir le futur de la société» a été avancée. De son côté, François Bausch (Déi Gréng), ministre de la Mobilité, ne cache pas l’ambiguïté d'une situation présentée comme «l'une des crises les plus graves du secteur aérien».
Si ce dernier annonce que sa «préférence» va à la mise en place «d'investissements nécessaires pour le développement de l'aéroport» et à «la mise en place d'aides et d'avantages en faveur de Luxair», il met en garde contre toute atteinte aux règles européennes en matière de respect de la concurrence. En clair, les accords qui devront être trouvés aussi bien pour Luxair, que pour Luxairport et Cargolux devront répondre aux exigences juridiques imposées, sous peine de rejet pur et simple par la Commission européenne.
Pour y parvenir, plusieurs pistes sont explorées, allant d'un soutien complet des acteurs locaux à d'éventuels transferts de compétence à d'autres entités, en passant par des modèles hybrides. Seul point commun: la volonté affichée des syndicats et du gouvernement de «garder le maximum d'emplois». Que ce soit via des reclassements, des départs en préretraite ou «toute autre solution qui se devra d'être explorée». Sauf que, de l'aveu même du ministre de tutelle des acteurs du Findel, «la situation est très compliquée». A l'image des résultats obtenus par Luxair cet été et qui auraient pu être «catastrophiques» sans «la politique commerciale très agressive» mise en place par la nouvelle direction.
Raison pour laquelle François Bausch se veut «réaliste» et juge que «les syndicats devront aussi apporter quelque chose», puisque la Commission européenne «n'acceptera pas de valider un plan de soutien si rien ne change». L'essentiel des débats à venir, jeudi et dans les prochaines semaines, devrait donc porter sur cette notion de changement, les syndicats estimant notamment que «ce n'est pas aux personnels de supporter les contreparties».
Pour tenter de faire pencher la balance de leur côté, les trois syndicats du secteur aérien organisent, ce jeudi à 8h, un piquet de protestation au pied de la Héischhaus où se dérouleront les négociations. Des échanges qui s'annoncent francs tant les décisions qui en sortiront auront des conséquences sur un secteur qui représente quelque 10.000 emplois directs et indirects et représente l'équivalent de 5% du PIB. Sans oublier les négociations à venir de la convention collective chez Luxair, texte qui arrive à échéance officiellement le 31 décembre prochain et qui concerne quelque 2.950 personnes.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
