«Toujours une part d'incertitude»
«Toujours une part d'incertitude»
Après le vaste projet de l'autoroute de la Sarre, le Ban de Gasperich est, avec 35 hectares, la plus grande surface de terrains jamais sondée au Luxembourg.
Découvreur d'une ferme rurale de l'âge du bronze et de traces d'un bivouac militaire du XVIIe siècle, l'archéologue Laurent Brou ne «pense pas avoir de surprises» lors des fouilles plus poussées qui démarreront en mars mais sait aussi qu'«il y a toujours une part d'incertitude», vu l'étendue du ban. Les foreurs en ont encore fait l'expérience hier sur le Ban de Gasperich: l'hiver n'est pas propice pour fouiller le sol. Leur camionnette est restée embourbée!
Des vestiges à 80 cm sous le sol
Raison pour laquelle Laurent Brou, archéologue au musée national d'Histoire et d'Art, qui a découvert là des vestiges d'une ferme rurale datant sans doute de l'âge du bronze, c'est-à-dire de 800 ans avant notre ère, et les traces d'un bivouac militaire datant du XVIIe siècle (qui pourrait être lié au siège de Luxembourg par l'armée de Louis XIV en 1684!) préfère sagement attendre le printemps.
En mars il prévoit «d'ouvrir plus largement certaines zones pour voir comment ça s'organise, avoir plus d'informations, affiner la datation et connaître le type de site». L'objectif étant de pouvoir «donner une origine, une fonction aux structures» décelées à environ 80 cm sous le sol.
Le tout avec une contrainte: rester dans les délais pour ne pas ralentir les projets immobiliers. L'un des travaux de l'archéologue consistant justement à tisser régulièrement de bons rapports avec l'aménageur pour «montrer que l'archéologue n'est pas là pour freiner». Les fouilles plus avancées démarreront en mars et ensuite «c'est à nous de respecter le calendrier.
Nous avons décidé de libérer le terrain à la fin juillet sur l'hypothèque archéologique», explique Laurent Brou qui compte prospecter par décapage du sol plutôt que d'utiliser des méthodes géophysiques vu les contraintes géologiques. Et si le sol révélait, sur un terrain idéalement situé pour repérer des assaillants à des kilomètres à la ronde, des vestiges uniques? «Je ne pense pas avoir de surprises par rapport à ce que j'ai pu diagnostiquer. Mais vu la surface, je n'ai pas tout vu.
Il y a toujours une part d'incertitude», glisse l'archéologue. Reste que «si on trouve quelque chose de plus important que prévu, interviendra une décision ministérielle», explique Laurent Brou.