Talkwalker sur le point de procéder à de nouvelles suppressions d'emplois
Talkwalker sur le point de procéder à de nouvelles suppressions d'emplois
L'entreprise Talkwalker, basée au Luxembourg, licencie pour la deuxième fois en six mois, comme l'a rapporté le Luxembourg Times il y a peu. En outre, le conseil d'administration de la plateforme d'analyse des médias sociaux se réorganise pour faire face à des problèmes qui, selon les initiés, ne sont pas uniquement liés à l'environnement défavorable actuel dans le secteur technologique mondial.
Dans des messages sur Twitter, Reddit et LinkedIn, au moins sept employés au Luxembourg, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ont déclaré qu'ils allaient quitter l'entreprise. Il s'agit d'une nouvelle série de licenciements, après le départ de plusieurs centaines d'employés en juillet. En raison du renchérissement après la pandémie et des conséquences économiques de la guerre en Ukraine, les investisseurs se sont séparés d'actions tech d'une valeur de mille milliards d'euros.
Une ascension record
Des licenciements ont eu lieu entre autres chez Meta, la société mère de Facebook, le service de covoiturage Uber, Twitter, Amazon et Google. Talkwalker, qui a souvent été saluée comme une success story tech luxembourgeoise, semble désormais s'y ajouter. Les derniers licenciements pourraient concerner une cinquantaine d'employés au Luxembourg, estime un employé actuel en se basant sur ce qui se passe au siège de l'entreprise au Grand-Duché, où environ 230 personnes étaient employées l'année dernière.
Deux ans auparavant, le personnel ne comptait que 100 personnes. Au niveau mondial, les suppressions d'emplois concerneraient environ 150 personnes, les États-Unis et le département marketing étant particulièrement touchés, a déclaré une deuxième personne licenciée en janvier aux États-Unis. Les deux sources du Luxembourg Times n'ont pas souhaité être nommées.
A son apogée, Talkwalker comptait, selon les estimations de deux anciens employés, plus de 700 collaborateurs dans le monde entier, avant que 15% du personnel ne soit réduit en juillet. Au moins 672 personnes avaient un profil LinkedIn indiquant Talkwalker comme employeur en avril dernier, contre 509 en janvier. En un an, l'entreprise a perdu environ 20% de ses effectifs, les ventes, le support et le développement commercial ayant été les plus touchés, la technique l'étant moins.
Selon LinkedIn, l'ancienneté moyenne des employés était de 1,8 ans. Le Luxembourg Times a demandé à plusieurs reprises à l'entreprise de s'exprimer sur les licenciements, mais aucune réponse n'a été donnée.
Restructuration du management
Deux entrepreneurs locaux, Christophe Folschette et Thibaut Britz, ont fondé Talkwalker en 2009 et ont rapidement fait de l'entreprise l'un des rares succès de start-up au Grand-Duché. Aujourd'hui, selon son site web, l'entreprise compte parmi ses clients Adidas, l'Unicef et la Banque européenne d'investissement.
En 2018, la société de capital-investissement Marlin Equity Partners, basée à Los Angeles, a acquis une participation de 66 % dans l'entreprise pour un montant non divulgué. Talkwalker a ainsi rejoint un portefeuille d'investissement de 8,5 milliards de dollars, qui comprend des centaines d'entreprises. Après le rachat, Talkwalker s'est rapidement développée. L'entreprise possède désormais des bureaux au Luxembourg, en Allemagne, aux États-Unis au Texas et à New York, en France, à Singapour, au Royaume-Uni et en Inde, comme on peut le lire sur le site web de l'entreprise.
Cependant, l'année dernière, l'ensemble de la direction de l'entreprise a démissionné, a déclaré une cinquième personne qui ne travaille plus dans l'entreprise. Les profils LinkedIn montrent d'anciens employés de l'entreprise, dont deux anciens Chief Executive Officers. L'un d'entre eux est Tod Nielsen, qui a quitté l'entreprise en juillet après seulement un an de fonction.
Nielsen avait été engagé pour développer une stratégie visant à protéger Talkwalker contre d'éventuels revers de l'économie, comme l'a expliqué l'actuel CEO, Lokdeep Singh, dans une interview accordée au Luxembourg Times l'année dernière. Le directeur financier Gregory Andre, la directrice du marketing Elena Melnikova et le directeur de la clientèle Louis Peacock ont également quitté l'entreprise en 2022, selon les données récoltées sur LinkedIn.
Des démissions à la chaîne
Dimitri Lanssen, qui avait été chargé de diriger les activités australiennes, a quitté l'entreprise en septembre. Le bureau de Sydney avait déjà dû fermer après moins d'un an. Une restructuration a également eu lieu au sein du conseil d'administration de l'entreprise : Walter Mair, Peter Spasov, Christopher Duncan Clasper - tous de Marlin Equity Partners - ainsi que Robert Glaesener et Roland Pezzutto ont démissionné de leurs mandats en janvier, selon les informations figurant dans le registre des entreprises luxembourgeois.
Aucun de ces anciens dirigeants n'a répondu aux demandes d'informations via LinkedIn - à l'exception de Glaesener, qui a déclaré mercredi que les informations contenues dans le registre des entreprises n'étaient pas correctes. Son profil LinkedIn le répertorie toujours comme président de Talkwalker. Glaesener a également déclaré que les chiffres concernant la nouvelle série de licenciements étaient erronés.
Rentable, mais quand?
Talkwalker a enregistré des pertes de 2,7 millions et 3,9 millions d'euros en 2019 et 2020. Cela correspond à une tendance progressive à la baisse par rapport à 2018, 2017 et 2016, lorsque l'entreprise avait enregistré des déficits de 2,1 millions, 1,8 million et 600.000 euros respectivement. Talkwalker a terminé l'année 2020 - la dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles - avec une dette de 15 millions d'euros. L'entreprise «trouvera le chemin de la rentabilité d'ici la fin de l'année», avait annoncé Singh l'année dernière dans une interview au Luxembourg Times.
D'anciens collaborateurs rendent le choix d'une mauvaise stratégie responsable de l'absence de succès de l'entreprise jusqu'à présent. Selon un ancien employé, Talkwalker s'est concentré sur les mauvais marchés. De plus, de nombreux commerciaux ne connaîtraient pas suffisamment le produit. Les évaluations négatives s'accumulent également sur le site web du portail de l'emploi Glassdoor, avec des pics atteints lors des vagues de licenciements de l'année dernière et du début de cette année.
Dans une évaluation de juillet d'un ancien commercial, on peut lire que Talkwalker «a évolué trop rapidement. La direction n'a pas pris le temps, ce qui a conduit à un licenciement massif». Il a ajouté que Talkwalker avait beaucoup de «potentiel, et j'espère qu'ils pourront l'exploiter». «J'ai été engagé pour aider à développer la présence de Talkwalker sur le marché américain. Mais il n'y a absolument aucune structure ou soutien pour que cela se réalise. Mauvaise planification, c'est voué à l'échec», peut-on lire dans une autre évaluation publiée sur Glassdoor en décembre.
Cet article a initialement été publié sur le site du Luxembourg Times.
(Traduction: Simon Martin)
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