Studio 352, les artisans derrière le carton d'Ernest & Célestine
Studio 352, les artisans derrière le carton d'Ernest & Célestine
Depuis la mi-décembre, le second volet d'Avatar truste la plus haute marche du box-office français. Mais non loin derrière le dernier blockbuster de James Cameron, dans le top 5, la suite des aventures de «Ernest & Célestine» fait office de très bel outsider. La coproduction franco-luxembourgeoise a été pour une bonne partie réalisée au désormais célèbre Studio 352 et Mélusine Productions, sociétés sœurs luxembourgeoises basées à Contern.
À la tête de ces deux entreprises florissantes, Stéphan Roelants. Le natif de Mons, en Belgique, peut avoir le sourire: «Ernest et Célestine: le voyage en Charabie» est un succès autant critique que commercial. «Nous approchons les 500.000 entrées depuis la sortie du film, c'est pas mal du tout, surtout que je ne pensais pas qu'on travaillerait sur une suite», confie le CEO au moment de notre entretien. «On est resté troisième ou quatrième du box-office pendant quelques semaines. Bien évidemment, nous sommes curieux vis-à-vis de ces chiffres, mais cela ne nous préoccupe pas vraiment dans le sens où les films d'animations comme celui-ci ont une durée de vie relativement longue.»
Une nouvelle reconnaissance pour le studio maintes fois récompensé et qui, rappelons-le, a concouru plusieurs fois aux prestigieux Oscars ainsi qu'aux Golden Globes ainsi qu'aux Annie Awards. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers pour le studio d'animation grand-ducal qui multiplie les projets ces dernières années. On se rappelle notamment du long-métrage d'animation «Le Sommet des Dieux» du réalisateur Patrick Imbert qui avait remporté le César du meilleur film d'animation en 2022. «Le film a fait 300.000 entrées, un succès pour nous car le film était beaucoup plus adulte», note Stéphan Roelants.
Plus récemment, le Studio 352 a contribué à la mise au trait et au coloriage du film «Le Petit Nicolas – Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?» et a également été nommé à la prochaine cérémonie des César pour «Ernest & Célestine: le voyage en Charabie», toujours dans la catégorie «Meilleur film d'animation»
Notre ambition, c'est de faire des films divertissants mais intelligents, avec un propos. Le tout, dans une certaine alchimie avec une recherche graphique très poussée.
Stéphan Roelants
Preuve en est, s'il en fallait encore une, de tout le talent et le savoir-faire de cette petite équipe d'une quarantaine de personnes qui n'a presque pas bougé depuis la création du studio. «C'est sûrement ma plus grande fierté», sourit Stéphan Roelants. «Notre ambition, c'est de faire des films divertissants mais intelligents, avec un propos. Le tout, dans une certaine alchimie avec une recherche graphique très poussée. J'ai vraiment la chance d'avoir une équipe très expérimentée et capable de se renouveler en permanence».
Les prix, très peu pour le CEO de Studio 352 et Mélusine. «Pour moi, les prix ont d'important qu'ils nous permettent de faire d'autres films et de respecter le travail de l'équipe. De plus, ces multiples nominations et récompenses d'année en année me font dire qu'il y a une certaine constance dans notre travail. Sur 25 ans, c'est un sacré tour de force.»
Ces multiples nominations et récompenses d'année en année me font dire qu'il y a une certaine constance dans notre travail.
Stéphan Roelants
Le Montois d'origine peut être fier du travail accompli. En ayant commencé par travailler sur des séries d'animation sans prétention telles que «T'choupi» ou encore «Charlotte aux Fraises», le Studio 352, qui est passé sur le format long-métrage en 2006, est aujourd'hui reconnu comme un fleuron de l'animation européenne grâce à des films tels que «Le Jour des Corneilles», «Song of the Sea», «Breadwinner», «Les Hirondelles de Kaboul» et «Wolfwalkers» qui a manqué l'Oscar du meilleur film d'animation à quelques voix de différence, selon Stéphan Roelants. «On était en compétition face à «Soul» de Disney».
Après des dizaines d'années dans le secteur du cinéma, quel regard porte Stéphan Roelants sur l'état du cinéma actuel? «Honnêtement, tout est devenu trop consensuel et bienpensant pour moi. Par exemple, je trouve que les critiques sont beaucoup plus douces qu'auparavant. Le secteur de l'animation est également de plus en plus difficile à financer. Enfin, toute l'industrie est en pleine évolution avec les différentes plates-formes de streaming comme Netflix, au détriment des cinémas qui, je pense, sont voués à devenir des endroits de moins en moins fréquentés», avoue-t-il, légèrement pessimiste.
De très nombreux projets en cours de réalisation
Outre une future distribution internationale de «Ernest et Célestine: le voyage en Charabie», l'année 2023 sera chargée pour le Studio 352 ainsi que Mélusine Productions. «En production pure, on vient de terminer «Le Royaume de Kensuke», adaptation d'un roman évoquant l'histoire d'un garçon échoué avec sa chienne sur une île perdue au milieu du Pacifique. On vise une sortie en début d'automne prochain. Aussi, nous sommes en plein dans la production de «Slocum», le dernier film de Jean-François Laguionie qui devrait sortir début 2024. Il raconte l'histoire d'un enfant vivant une relation conflictuelle avec son père. Ce dernier, passionné de voile, est surnommé «Slocum», référence à Joshua Slocum, le premier navigateur à avoir réalisé le tour du monde en solitaire à la voile.»
Comme si cela ne suffisait pas, le studio planche également sur le développement d'un long-métrage nommé «Les Nazis, mon père et moi» qui narre l'histoire d'un garçon à la recherche de son père, suspecté d'être un espion nazi. «Enfin, il y a également «Les Ombres», une adaptation d'une BD belge. Le film d'animation suit la route de deux enfants sur les traces de leur père», détaille Stéphan Roelants, tout en ajoutant également travailler sur plusieurs autres documentaires.
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