«Sortir de la crise d'une manière socialement juste»
«Sortir de la crise d'une manière socialement juste»
Avec Djuna Bernard et désormais vous depuis le congrès de ce jeudi, Déi Gréng est dirigé par deux personnes qui n'ont pas 30 ans. Le message que le parti adresse aux électeurs semble clair: place aux jeunes. Vous assumez ce discours?
Meris Sehovic - «Oui, c'est en partie sûrement le message que nous souhaitons transmettre pour montrer qu'une nouvelle génération au sein du parti écologique émerge. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si notre fraction parlementaire, mais aussi l'équipe gouvernementale, possède la moyenne d'âge la plus basse. Nous avons fait le choix en 2018 et 2019 de réserver beaucoup de places aux candidats de moins de 30 ans, 25% pour les législatives et 50% pour les européennes.
Et alors même que certaines voix disaient que dans un système électoral aussi personnalisé ces candidats n'avaient que peu de chance, les électeurs nous ont prouvé le contraire. Tous ont obtenu de bons scores, preuve du besoin de renouveau souhaité au niveau politique. Que ce soit chez Déi Gréng, mais aussi dans presque tous les partis.
Pourtant, le remaniement ministériel survenu suite au départ de Félix Braz et à l'affaire Traversini a démontré que Déi Gréng a rencontré des difficultés...
«Ça a été effectivement une période très difficile pour le parti, qui nous a tous touchés personnellement et a aussi permis de nous rapprocher. Je pense que nous sommes sortis renforcés de ces épreuves. Nous nous sommes un peu plus professionnalisés. C'est pourquoi l'un de mes objectifs, en tant que coprésident, sera de faire de ce parti plus qu'une simple addition des personnels politiques. Que ce soit quelque chose de beaucoup plus personnel pour tout un chacun.
Quelle sera la ligne politique que vous souhaitez développer dans l'optique des élections communales et législatives de 2023?
«Pour l'heure, nous sommes encore en pleine crise, l'ambition consiste donc à en sortir d'ici 2023 d'une manière socialement juste. Au-delà, nous constatons que Déi Gréng est un parti qui grandit de jour en jour avec l'arrivée régulière de nouveaux membres. Des personnes qui viennent de plus en plus d'autres formations politiques. Avec Djuna Bernard, nous souhaitons poursuivre cette dynamique et ouvrir encore plus le parti, car l'écologique politique s'est arrimée à notre société. Ce qui était loin d'être le cas dans les années 80 au moment de la création du parti. Ce dernier se doit donc d'ouvrir ses portes et d'accueillir ces nouveaux membres.
Cet élargissement ne constitue-t-il pas un risque, celui de voir votre ligne directrice malmenée entre des intérêts potentiellement divergents?
«Le succès de Déi Gréng a été de parvenir à mettre la question de l'écologie au centre des débats politiques et d'en faire une priorité reconnue par tous en moins de 40 ans d'existence. Cela a été possible en commençant par appliquer nos idées au niveau local, en prenant des responsabilités au niveau des communes pendant 30 ans, avant de les mettre en oeuvre au niveau national.
C'est la raison pour laquelle nous n'allons pas diluer notre message politique avec l'arrivée de nouveaux soutiens, car c'est justement ce programme politique qui est attractif. D'ailleurs, Déi Gréng n'a jamais été un parti homogène, puisqu'issu aussi bien du mouvement antinucléaire que du mouvement féministe ou bien encore de celui des catholiques de gauche. Notre responsabilité consiste justement à maintenir ou construire des ponts entre ces différents courants.
Si le Premier ministre a indiqué que la crise économique n'allait pas aboutir à une refonte du programme de coalition, estimez-vous que certains points doivent être rediscutés?
«Je pense qu'il y a effectivement un réajustement au niveau des priorités à mener. Je pense notamment aux budgets prévus pour les projets d'infrastructures, comme le tram rapide par exemple ou à la mise en place d'un véritable réseau de pistes cyclables. Même si cette question ne relève pas de la seule compétence de l'Etat, mais bel et bien des communes. Force est d'ailleurs de constater que toutes n'ont pas souhaité jouer le jeu. Il y a donc encore des discussions à mener...»
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