«Six mois après, c'est toujours aussi difficile»
«Six mois après, c'est toujours aussi difficile»
Les mois passent, mais pas la douleur. C'est ce que traduisent les paroles d'Inna Yaremenko, vice-présidente de LUkraine asbl. «On ne s'y habitue pas, à voir tous ces crimes de guerre survenir quotidiennement», a-t-elle confié ce mardi 23 août, à l'occasion d'une conférence de presse.
Six mois de guerre, mais également 31 années d'indépendance. Ce 24 août 2022 revêt une saveur particulièrement amère pour les Ukrainiens, habituellement occupés à célébrer leur liberté en cette journée. «Cette liberté, mais également toutes les valeurs de l'Union européenne, auxquelles le peuple ukrainien est attaché, telle que la démocratie et la liberté de penser, ce que la Russie essaye de détruire», résume de son côté Olena Klopota, secrétaire générale de l'association.
Pour illustrer ses propos, elle s'appuie sur des chiffres. Déclarée le 24 août 1991, l'indépendance de l'Ukraine a fait l'objet d'un référendum, le 1er décembre de la même année. Un vote auquel 84,2% des citoyens ont participé, 90,3% d'entre eux se prononçant en faveur de l'indépendance du pays.
Plus de 4.000 réfugiés au Luxembourg
«En réalité, une seconde journée est tout aussi importante pour l'Ukraine. Il s'agit du 23 août, un jour lors duquel le pays célèbre son drapeau», ajoute Nicolas Zharov, président de LUkraine asbl, en pointant du regard l'étendard jaune et bleu situé à sa gauche. Flanqués juste à côté se trouvent les drapeaux du Luxembourg et de l'Union européenne. Et le président de rajouter: «Je suis fier de voir ces trois drapeaux ensemble, et j'espère qu'à la fin de la guerre, ce sera toujours le cas», faisant allusion à la demande d'adhésion à l'Union européenne formulée par l'Ukraine.
Dès le début de la guerre et durant ces six mois, l'association luxembourgeoise, fondée en 2014, s'est mobilisée sans relâche. Pour envoyer sur place une aide humanitaire d'urgence d'abord, et pour accueillir les réfugiés ukrainiens au Luxembourg dans un second temps. Ils sont plus de 4.000 à s'être tournés vers le Grand-Duché depuis le 24 février dernier. «Parmi eux, 5 à 10% sont repartis, peinant à trouver une solution pour se loger. Certains se sont tournés vers un autre pays, d'autres ont repris le chemin de l'Ukraine, ce qui montre que ces personnes sont bel et bien parties, car elles n'avaient pas d'autre choix», poursuit Nicolas Zharov.
Dès leur arrivée au Luxembourg, ces hommes, femmes et enfants ont pu être épaulés grâce à LUkraine asbl, au travers, notamment, d'un point d'information. Plus de 3.000 ont pu y recevoir de l'aide pour effectuer leurs démarches administratives. L'association a également contribué à la mise en relation des réfugiés et des familles d'accueil, aidant ainsi plus de 1.000 nouveaux arrivants dans leur recherche de logement.
Répondre à des besoins
Mais l'implication de LUkraine ne s'arrête pas là! Rendez-vous psychologiques, cours d'anglais et de français ou encore activités sportives, l'offre apportée aux réfugiés a pris de multiples formes. En se basant sur la pyramide des besoins fondamentaux de Maslow, l'association a développé une propre version visant à correspondre aux besoins des réfugiés.
Si l'accès à un logement et à de la nourriture se trouve tout en bas de cette pyramide, en haut culmine le ''Ukrainian Hub''. Un espace rêvé par les membres de LUKraine où cohabiteraient citoyens ukrainiens et résidents luxembourgeois, afin d'échanger sur leurs cultures respectives.
Nous sommes très fiers de ces chiffres, car c'est énorme pour un petit pays tel que le Luxembourg, c'est donc un signe d'une grande solidarité.
Nicolas Zharov, président de LUkraine asbl
Au-delà des frontières luxembourgeoises, l'asbl a également œuvré sur le terrain, en Ukraine. Au total, 10 ambulances ont été envoyées au sud et à l'est du pays dans le but d'y apporter une aide médicale. Pas moins de 770 tonnes d'aide humanitaire ont aussi été acheminées sur place, tandis que 13.000 colis alimentaire ont été distribués. «Nous sommes très fiers de ces chiffres, car c'est énorme pour un petit pays tel que le Luxembourg, c'est donc un signe d'une grande solidarité», sourit Nicolas Zharov.
Et là aussi, les bénévoles de l'association ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Deux nouveaux projets sont en passe d'être réalisés dès cette semaine: l'envoi d'un camion de pompier sur place, mais aussi d'une station de filtrage de l'eau. «Elle permettra de filtrer 38.000 litres par jour, une action essentielle dans la région du Donetsk, qui vit quotidiennement sous les bombes et voit ses infrastructures détruites», explique le président de LUkraine.
Le camion de pompier permettra quant à lui d'aider les soldats du feu sur le terrain, qui sont constamment pris pour cible par les forces armées russes. «Ce véhicule est arrivé de Suède, et nous aimerions en envoyer cinq au total», révèle Nicolas Zharov. Comme quoi, l'asbl, entièrement financée par des dons, ne manque pas d'ambition et de projets.
28.423 crimes de guerre
Olena Klopota, Nicolas Zharov et Inna Yaremenko n'ont pas été les seuls à prendre la parole lors de ce rendez-vous avec la presse. Par visioconférence, Ruslan Goriachenko, responsable du département des droits de l'homme de la police nationale ukrainienne, a présenté les actions de ses équipes sur le terrain. «Le quotidien des policiers a énormément changé depuis le début de la guerre», souligne-t-il. Désormais, les agents sont principalement concentrés sur la recherche et le rassemblement de preuves liées à des crimes de guerre, qui ne sont pas moins de 28.423 à avoir été répertoriés depuis le début du conflit.
Un travail fastidieux et chronophage qui sera bientôt facilité grâce à l'intervention de LUkraine asbl. L'association a mis en relation la police ukrainienne avec Artec3D, une entreprise ayant développé une technologie permettant de collecter rapidement des preuves, et d'enregistrer leur réplique en 3D. «La justice doit suivre son cours et pour qu'elle puisse le faire, des preuves doivent être rassemblées», a de son côté déclaré Artyom Yukhim, PDG et fondateur d'Artec 3D.
Si l'association reconnaît et remercie l'engagement du Luxembourg à ses côtés depuis le début du conflit, elle souligne néanmoins que le Grand-Duché pourrait faire plus dans les semaines à venir. Considérant la Russie comme un «état terroriste», LUkraine encourage notamment le gouvernement luxembourgeois à reconnaître les actions du Kremlin en Ukraine comme un acte de génocide contre les citoyens ukrainiens, une action déjà réalisée par sept pays. «Toute pression supplémentaire sur la Russie permettra de sauver des vies ukrainiennes», insiste Olena Klopota.
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