«Si vous avez une solution miracle...»
«Si vous avez une solution miracle...»
En juillet déjà, Paulette Lenert reconnaissait : «Tout ne se passe pas comme prévu». Il n'était alors question que d'un léger rebond des infections. Aujourd'hui, alors que les compteurs s'affolent et que le pays bat des records de contamination au covid-19 (jusqu'à 862 cas en 24 heures), la ministre de la Santé doit aussi faire face à une déferlante de critiques sur son (in)action de ces dernières semaines. Lundi soir, en conférence de presse, celle qui avait su faire face à la première vague reconnaissait donc une certaine lassitude : «Si vous avez une solution miracle, venez me trouver. Ce n'est pas facile!»
Un aveu de faiblesse que chacun lui pardonnera. Après tout, qui voudrait du job de ministre de la Santé dans ces conditions? Paulette Lenert assume le rôle depuis sept mois, sans broncher. Hier, elle a de nouveau fait face. Expliquant pourquoi à la vue de certains indicateurs il était paru bon au gouvernement de ne pas s'alarmer voilà une dizaine de jours. Un attentisme qui semble surréaliste aujourd'hui, mais qui faisait sens alors, argumente-t-elle encore.
Maintenant, l'urgence est à la gestion de la crise sanitaire. Au paquet de mesures déjà annoncées vendredi auprès du Premier ministre, la socialiste a ajouté quelques dispositifs. A commencer par l'accès désormais limité dans les grandes surfaces, «là où des milliers de gens se croisent». Pas plus d'un client pour 10 m2, exclusivement dans les magasins de plus de 400 m2.
Pour le couvre-feu, qui devrait entrer en vigueur avant le weekend, rien de bien neuf. Toujours de 23h à 6h chaque jour de la semaine et jusque fin novembre. «Bien sûr, nous n'avons pas de preuve qu'il y a plus d'infections le soir. Mais l'on sait que la boisson encourage les comportements plus légers.» Et même si elle concède que ce couvre-feu peut sembler «un pas difficile», l'ancienne avocate signale aussi que «c'est là un petit prix à payer».
A l'avenir, la «normalité aussi grande possible» se traduira aussi par des rassemblements limités. Avec un chiffre d'or à retenir : quatre. Pas plus de quatre invités à la maison, pas plus de quatre convives à la même table de restaurant, pas plus de quatre sportifs proches pour un entrainement, etc. «Au-delà, c'est masque obligatoire pour tout le monde, martèle la ministre, quelle que soit la nature du rassemblement (privé, public, dehors ou dedans)».
Gare à l'avertissement taxé
Quitte à limiter les interactions, les regroupements de plus de 100 personnes doivent désormais se faire avec chacun assis à sa place et masque sur le visage. Sans oublier la déclaration au préalable de l'événement auprès de la direction de la Santé pour établir le protocole sanitaire de la réunion, manifestation publique et autres banquets.
Et gare aux petits malins qui voudraient enfreindre telle ou telle consigne sanitaire exigée, le plafond des amendes a été relevé. «L'avertissement taxé minimum, pour une personne physique passera de 25 à 100€ et pourra aller jusqu'à 500€.» Plus encore si le fautif est l'organisateur ou le patron du lieu où des infractions sont constatées.
L'urgence est également de trouver des personnels supplémentaires. D'abord pour les écoles impactées par l'épidémie. Mais si, en raison des cas d'infection ou des personnes mises en quarantaine, le ministre de l'Education peine déjà à trouver les effectifs pour faire cours ''normalement", le récent classement des femmes enceintes comme personnes vulnérables contraint Claude Meisch (DP) à recruter 200 nouveaux enseignants pour remplacer les futures mamans. Compliqué.
De son côté, Paulette Lenert doit trouver de quoi renforcer les équipes de soignants, elles aussi décimées en ce moment par des foyers d'infection ou des mises en retrait pour briser toute chaîne de contamination. D'où cet appel lancé dans toute la fonction publique pour trouver des volontaires capables d'assurer, à l'hôpital, des missions de soutien. Une réserve sanitaire notamment là pour accomplir des taches administratives. Il est même question de légiférer plus avant sur la possibilité de prêt de main-d'oeuvre pour pallier les manques qui pourraient, s'ils ne sont pas résorbés, vite bloquer la prise en charge de tous les malades, covid et autres.
Ce prêt de main-d'oeuvre avait déjà été testé entre sociétés, sous le nom de Jobswitch au printemps (afin d'éviter certains recours au chômage partiel), cette fois il est question d'en étendre l'usage en direction des services publics de santé mis à mal par l'infection. «Déjà, nous pourrons compter sur des personnels de Luxair pour venir seconder les équipes en charge du tracing des cas contacts», a annoncé Paulette Lenert. Des salariés bienvenus car le dispositif de tracing était littéralement noyé sous la masse de travail.
Autant de points (et d'autres encore) qui font maintenant l'objet d'amendements soumis à l'avis du Conseil d'Etat. «Dans le meilleur des cas, nous pourrions adopter le rapport de Commission mercredi matin, puis discuter et adopter les amendements gouvernementaux mercredi après-midi en séance plénière» assure le président de la commission de la Santé, le député LSAP Mars Di Bartolomeo. Si tout va comme prévu...
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