Sensibiliser les sociétés aux droits de l'homme
Sensibiliser les sociétés aux droits de l'homme
Si l'Etat a l'obligation de faire respecter les droits de l'homme, c'est aussi une obligation pour les entreprises. Elles doivent également définir des voies de recours pour les victimes en cas d'abus ou de violation de ces droits.
Pour aiguiller les entreprises et tenter de les contraindre, il existe au Luxembourg - comme en Suisse et en Grande-Bretagne - un Plan d'action national (PAN) pour la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme pour la période». Le document, valable pour la période 2020-2022, a été avalisé en décembre par le Conseil de gouvernement et présenté mercredi par Jean Asselborn devant les députés.
Tout l'enjeu est de définir la balance entre mesures volontaires et obligations légales des entreprises. Faut-il une loi contraignante comme le souhaitent les ONG ou écouter les entreprises du secteur privé qui seraient du coup soumises à des règles plus strictes que leurs concurrents?
Textile, construction mais aussi secteur bancaire
Jean Asselborn soutient l'«idée d'une initiative européenne pour renforcer la responsabilité sociale et environnementale des entreprises transnationales dans la gestion de leurs chaînes d'approvisionnement». Il aimerait voir s'élaborer une législation contraignante au niveau européen et compte sur l'Allemagne qui prendra la présidence de l'UE au second semestre.
Pour que le gouvernement puisse trancher, l'université du Luxembourg mènera une étude durant les mois à venir afin de peser le pour et le contre d'une loi contraignante pour les entreprises, a annoncé le ministre des Affaires étrangères.
Une précédente étude réalisée par l'université du Luxembourg avait mis au jour «un certain potentiel de risque d'impact négatif d'activités économiques sur les droits humains» dans les secteurs financier, des services, des technologies de l'information et de la communication, de l'hôtellerie et de la restauration, du textile, de l'agro-business, la logistique, la construction et les mines.
Ferrero et Odigeo
Dans le collimateur du gouvernement figurent en premier lieu les multinationales. Par le passé, comme le rappelle le Luxemburger Wort ce jeudi, Ferrero, dont le siège se trouve au Findel, a été inquiété à plusieurs reprises pour avoir exploité des enfants dans des plantations de cacao. Actuellement 112 entreprises de sept pays - dont le Luxembourg - figurent sur la liste du Conseil des droits de l'homme de l’ONU.
Est montrée du doigt Odigeo, une holding établie au Luxembourg, qui organiserait des voyages dans les colonies israéliennes en Cisjordanie. Jean Asselborn lui a envoyé une lettre pour l'appeler à remédier à toute violation des droits de l'homme. Les colonies de peuplement dans les territoires occupés violeraient le droit international.
Pas plus tard que mardi le chef de la diplomatie luxembourgeoise a participé à la 43e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à Genève, où il réitéré que le Luxembourg continuera de s'engager pour promouvoir et protéger les droits humains dans le monde. Il a annoncé que le Grand-Duché «a décidé de présenter sa candidature au Conseil des droits de l'homme pour le mandat 2022-2024».
