Le Luxembourg peut-il être frappé par un séisme?
Le Luxembourg peut-il être frappé par un séisme?
Le violent séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie dans la nuit de lundi à dimanche a fait des milliers de morts et de blessés. Le bilan provisoire ne fait qu'augmenter d'heure en heure, laissant présager le pire.
Adrien Oth est chercheur et directeur scientifique au Centre européen de géodynamique et de séismologie (ECGS). Créé en 1988, l'ECGS vise la prévention, la protection et l'assistance contre les risques technologiques et naturels majeurs, ce qui inclut donc une surveillance constante des mouvements des plaques tectoniques sur toute la planète. «Dans un tel contexte tectonique, un séisme d'une telle magnitude est exceptionnel», entame l'intéressé. «Par contre, on se rappelle que le Japon avait enregistré un tremblement de terre de magnitude 9,1 en 2011 ce qui, dans le contexte tectonique de la Turquie et de la Syrie, serait plus difficile à constater.»
«Un contexte tectonique différent»
Il n'empêche que les régions touchées sont très actives, sismiquement parlant et où plusieurs séismes de magnitude inférieure ont déjà eu lieu par le passé. Qu'en est-il du Luxembourg? La question se pose: une telle catastrophe pourrait-elle toucher le Luxembourg un jour ou l'autre? «De mon point de vue, non», rétorque directement Adrien Oth. «Nous sommes dans un contexte tectonique différent. La faille est-anatolienne ayant provoqué le séisme en Turquie et en Syrie fait vraiment office d'interface entre deux plaques, la plaque anatolienne et la plaque arabique.»
Un véritable enchevêtrement de plaques et de failles qui exercent des poussées et des contraintes et qui occasionnent, à un moment donné, ces tremblements de terre. Au Luxembourg, la situation bien différente. «Le pays se situe bien à l'intérieur de la plaque eurasiatique. De ce fait, il n'y a jamais vraiment eu de sismicité historique relevante au Luxembourg.»
Par contre, non loin du Grand-Duché, se trouve ce qu'on appelle le «fossé rhénan». Il s'agit d'une zone sismique active, responsable de nombreux séismes destructeurs au fil des siècles. Celle-ci s'étale ainsi de Bâle (Suisse) jusqu'à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) sur plus de 300 km de long et 40 km de large. Le «fossé rhénan» passe notamment par les Vosges ou encore la forêt du Palatinat (Allemagne). «Dans les Ardennes, au 17e siècle, un séisme d'une magnitude de 6,2 avait ainsi été enregistré», note Adrien Oth. «Un tel événement pourrait se répéter et impacter légèrement le Luxembourg, mais cela a peu de chances d'arriver de notre vivant.»
Est-il possible de prédire une telle catastrophe? «Il y a encore beaucoup de choses qu'on ne comprend pas encore sur les tremblements de terre. Ce qui est certain, c'est que le cycle de récurrence est bien différent par rapport à ce qu'on retrouve dans d'autres zones du monde.»
Un «mini-séisme» en 2019
Certains se rappelleront qu'en décembre 2019, la terre avait tremblé au Luxembourg. L'épicentre se trouvait non loin d'Alzingen et le phénomène avait atteint une magnitude de 1,9 sur l'échelle de Richter. Un peu plus tôt cette même année, des secousses de magnitude 2,1 avaient été enregistrées à Remerschen. Si Adrien Oth s'en souvient bien, ce dernier assurait déjà à l'époque qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. «Je le répète, il y a de l'activité sismique au Luxembourg mais cela reste très rare.»
Le directeur scientifique en veut pour preuve qu'une nouvelle activité sismique a eu lieu récemment au Luxembourg, sans agiter les foules pour autant. «Celle-ci a eu lieu à Mondorf et la magnitude était comprise entre 1,5 et 2. C'est trop peu pour être ressenti par la population.»
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