Sécurité et Défense au rapport à mi-mandat
Sécurité et Défense au rapport à mi-mandat
(pj avec Marc Hobscheid) En trois ans, le pays aura vu défiler trois ministres de la Sécurité intérieure. Etienne Schneider (LSAP) puis François Bausch et, enfin, son collègue écologiste Henri Kox (depuis l'été 2020). Pas de quoi stabiliser la politique sécuritaire du pays. D'ailleurs, les chiffres de la délinquance n'enregistrent guère de baisse significative. Un reproche que ne manque pas de faire, Léon Gloden (CSV). «La sécurité fait pourtant partie de la qualité de vie», souligne le porte-parole du principal groupe parlementaire d'opposition sur le sujet.
Et la critique des chrétiens-sociaux est vive sur les choix d'Henri Kox, notamment en termes d'effectifs. «Le ministre affirme, par exemple, que 20 policiers supplémentaires seront déployés dans le quartier de la gare dans la capitale. Seulement, il oublie de dire qu'il va les retirer d'autres endroits.»
Si le CSV plaide pour une présence policière plus massive, il constate que la tendance actuelle serait plutôt à la suppression des commissariats de proximité. Notamment dans les secteurs les moins denses en population.
Cela entraîne l'abandon de certaines missions, la prévention sur le terrain aussi bien que les contrôles en matière de vitesse. Et le e-commissariat, lancé en 2018, ne suffit pas à régler tout, partout. Aux yeux de Léon Gloden, même l'annonce de 600 recrutements jusqu'en 2023 ne tient pas la route. Trop insuffisant au regard des besoins.
Et puis, les réformes fonctionnelles tardent à se mettre en place. Comme pour un déploiement plus intensif de la vidéosurveillance ou des bodycams pour les agents en intervention. Pourtant, ces mini-caméras auraient l'avantage d'éviter des situations aussi dramatiquement confuses que lors du récent fait divers à Ettelbrück qui s'est soldé par la mort du suspect d'une balle tirée par un policier. «Au niveau local, les libéraux sont toujours favorables à ce genre de dispositif. Mais une fois l'heure du vote à la Chambre, ils sont contre.»
2.550 policiers et 1.100 soldats
Mais il convient aussi d'évoquer le bilan sécuritaire d'un point de vue militaire, cette fois. Pour Léon Gloden, le ministre de la Défense renâclerait trop à verser les 2% de PIB attendus pour la part luxembourgeoise à l'OTAN et aux actions militaires. Et à miser, même si c'est honorable, sur des actions de coopération dont le financement reste inclus dans les dépenses militaires...
Présidente de la commission parlementaire sur les questions de Sécurité et Défense, Stéphanie Empain a un tout autre discours. La députée Déi Gréng rejette l'a priori que les Verts auraient un problème avec l'armée ou la police. Néanmoins, elle qualifie l'objectif des 2% du PIB d'«illusoire et d'erroné».
Concernant les récents déboires autour du surcoût du premier satellite d'observation luxembourgeois, LUXEOSys, la parlementaire estime qu'il ne s'agit pas là d'un mauvais investissement, mais un projet au «développement malencontreux». Et qu'importe alors si aucune commission d'enquête n'a été autorisée à mettre son nez dans le pourquoi d'une facture ayant augmenté de 139 millions d'euros en quelques mois...
Quant aux futurs recrutements sous l'uniforme, Stéphanie Empain annonce qu'ils seront plus féminins que par le passé. Mais c'est là un ''défaut'' caractéristique des métiers liés à la défense et à la protection des biens ou des personnes. Ancienne employée de l'état-major général, la députée Déi Gréng considère même que l'embauche de plus de civils dans les rangs ne poserait guère de soucis d'intégration.
Dans le domaine de la sécurité intérieure, les Verts ne sont pas non plus formellement fermés à l'introduction des caméras corporelles. Seulement, dans le cadre du respect de la vie privée, ils demandent une analyse détaillée basée sur les expériences étrangères avant d'en autoriser la mise en place sous certaines conditions.
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