Schrassig: les détenus lancent un SOS depuis leur cellule
Schrassig: les détenus lancent un SOS depuis leur cellule
Depuis quelques semaines, les protestations des prisonniers font la une des journaux: grèves, sit-in, détenus refusant de regagner leurs cellules... aucune violence, cependant, n'a été rapportée au cours de ces manifestations.
Les préoccupations principales des détenus peinent à sortir des murs de la prison. Plusieurs d'entre eux ont contacté le Luxemburger Wort afin de faire entendre leurs revendications au-delà du cadre pénitentiaire.
Problèmes structurels
Les détenus grévistes reprochent au système carcéral des problèmes profonds et structurels: sont dénoncées, entre autres, les conditions de travail des détenus. Les travailleurs n'auraient pas d'assurance, excluant ce temps de travail de leur cotisation retraite. Cet emploi carcéral leur rapporterait 220€ par mois.
«Nous travaillons, mais nous ne gagnons que de quoi subvenir à nos besoins quotidiens en prison», explique un détenu. «Il est impossible d'économiser pour préparer une vie honnête après la prison, par exemple».
La plupart des condamnés devraient également payer des amendes, ce qui leur serait impossible compte tenu du montant de leurs revenus au cours de leur peine.
De plus, il leur est impossible de déposer des congés maladie. Toute personne incapable de travailler en raison d'une maladie serait poursuivie pour refus de travailler, tandis que les visites chez le médecin demeureraient, au maximum, hebdomadaires.
D'après les déclarations recueillies, de graves lacunes séviraient dans l'application des décisions de justice. Les criminels violents sont, en principe, tenus de recevoir un soutien psychologique, ce qui ne serait pas le cas en raison d'un manque de moyens. Les psychologues seraient difficilement accessibles, et les thérapies de groupe inexistantes.
«Nous sommes détenus ici, mais on ne travaille pas avec nous», souligne un prisonnier. Selon les détenus, on quitterait alors la prison dans un état pire que celui dans lequel on y est entré. Il est évidemment difficile, pour les détenus, d'envisager que l'autorité chargée de l'application de la loi ne respecte pas la loi elle-même, poursuit le détenu.
Lettre au ministre
Le Luxemburger Wort a également reçu la copie d'une lettre adressée au ministre de la Justice, Felix Braz. Cette dernière, signée «Les Détenus Du CPL», présente des recoupements avec les déclarations d'autres prisonniers au Luxemburger Wort. Les détenus affichent leur déception face au refus du ministre de discuter avec eux.
La critique de l'application de la loi touche plusieurs domaines: l'auteur ou les auteurs de la lettre font remarquer qu'à l'étranger, les détenus sont libérés de prison après un tiers ou la moitié de la peine prévue, et les récidivistes après la moitié ou les deux tiers.
Au Luxembourg, les seuls décideurs étant les agents de probation, les abus seraient à l'ordre du jour. Si le système pénitentiaire échoue, c'est que, en dépit d'efforts pour bien se comporter en détention, un détenu n'a aucune chance d'obtenir une réduction de peine.
Il est demandé au ministre de reconsidérer sa décision et d'engager une discussion avec les prisonniers.
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