«Sans doute la deuxième catastrophe majeure du pays»
«Sans doute la deuxième catastrophe majeure du pays»
La pluie tombait toujours et l'eau montait encore que déjà l'Association des compagnies d'assurances (ACA) sortait la calculatrice. Mercredi à la mi-journée, elle estimait les dédommagements à plus de 50 millions d'euros. «Evidemment que la facture sera bien plus élevée que pour les inondations au Mullerthal. Car en 2018, cela ne concernait qu'une région». Cette fois, les averses n'ont épargné aucun recoin du Grand-Duché.
Et voilà donc Marc Hengen, administrateur-délégué de l'ACA de prophétiser : «Ce sera sans doute la 2ème catastrophe naturelle majeure du siècle». En termes de dégâts causés par un épisode naturel, seul le passage de la tornade au Sud du pays le 9 août 2019 aura fait plus fort encore. Cette fois, les compagnies avaient dû débourser près de 100 millions d'euros pour venir en aide aux sinistrés, aux entreprises ou aux collectivités. Rien à voir avec ce qu'a pu coûter la dernière tempête qu'a connue le pays ou les récentes inondations, en juin, dans le secteur des Terres rouges...
Mais au terme d'un jeudi où les premières déclarations de sinistre n'ont cessé de tomber, l'ACA se veut encore prudente sur ses estimations. «Ce pourrait être bien plus. Des habitants ont dû être évacués dans certaines localités (comme Echternach, Vianden, Rosport...), cela ne laisse rien supposer de bon sur ce qu'a pu causer comme pertes la montée des eaux.»
Petits villages comme capitale, de partout, les doléances ont ainsi remonté aux oreilles des compagnies d'assurance. «L'avantage des crises à répétition, c'est que les assureurs gèrent mieux ce type de situation. En organisant des lignes d'appel dédiées, en mettant rapidement en place des brigades d'experts, en facilitant au mieux les démarches de leurs clients concernés.»
Et pour Marc Hengen, les dossiers déposés ne devraient guère causer de problèmes de remboursement. Essentiellement parce que nombre de particuliers ont souscrit, en plus de leur assurance habitation, aux garanties proposées dans les contrats depuis juin 2017. Celles-ci couvrent aussi bien les préjudices matériels liés aux crues qu'au refoulement des égouts publics ou les glissements et affaissements de terrains dus aux pluies.
«Mais si les assurances sont généreuses aussi, forcément cela se paye un jour», reconnait-on à l'ACA. En effet, «c'est aussi un mauvais jour pour les compagnies qui vont devoir débourser beaucoup et vite, et donc faire appel à leurs réassureurs. Cela aura un coût qui se répercutera, au final, sur le montant des contrats.» Et cela ne va pas aller en s'arrangeant d'ailleurs car, pour l'ACA, force est de constater que ce type de mésaventure tombée du ciel ne cesse de survenir.
«Sur ces cinq dernières années, en été particulièrement, le pays a connu une série de pluies abondantes ou d'orages violents. Avant cela n'arrivait pas si souvent. Si inondations il devait y avoir, c'était en fin d'automne ou à la fonte des neiges», rappelle Marc Hengen. Signe que, même à l'échelle nationale, le dérèglement climatique ne se traduit pas seulement par une remontée des températures, mais aussi par des catastrophes.
«Et encore, nous pouvons compter sur des structures qui permettent d'éviter le pire», soupire l'administrateur-délégué. Il est ici question de Meteolux dont les prévisions s'affinent (alerte rouge il y a bien eu). Du site inondation.lu dont la mise à jour des données permet de suivre à la minute la montée des ruisseaux ou de la Moselle.
Dans l'idéal, l'application GouvAlert.lu aurait dû, elle aussi, précocement sonner l'alarme auprès de la population. Manqué cette fois, comme l'a reconnu jeudi soir la ministre de l'Intérieur...
«Mais en tant que citoyen mais aussi comme représentant des assureurs, il faut aussi saluer le rôle majeur des pompiers. Sans eux et leur travail, les désordres (et donc les coûts) de pareils épisodes seraient bien plus conséquents.» Aussi du côté des 55 assureurs de biens du pays, nul ne remet en cause le bien-fondé des sommes que ces sociétés doivent verser pour le CGDIS.
Car c'est un fait peu connu mais une partie du budget du Corps grand-ducal se voit financé via une part prise sur le montant des primes d'assurance incendie souscrites (6%) et des primes sur la responsabilité civile automobile souscrite par les conducteurs (3%). «L'an dernier, cela a représenté 12 millions d'euros. Mais c'est vraiment une somme bien placée!». Une goutte de satisfaction dans un océan d'ennuis, en somme.
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