«Réticences au sein du corps médical» sur l'euthanasie
«Réticences au sein du corps médical» sur l'euthanasie
Depuis 2009, 52 personnes sont officiellement décédées dans le cadre défini pour l'euthanasie. Seules deux l'ont été par assistance au suicide. Comment ces données peuvent-elles être interprétées selon vous?
Dr Jean-Claude Schmit - «Le nombre de gens qui ont recours à l’euthanasie ou au suicide assisté reste relativement faible comparé à des chiffres comparables d’autres pays. On peut donc se poser la question si l’information du public et des professionnels de santé quant à la possibilité de recourir à ces modalités est suffisante.
Dans ce sens, un des buts de la conférence ce mercredi soir- «Ma volonté en fin de vie... et avant», organisée à l'abbaye de Neumünster, ndlr - est d’informer le grand public et les professionnels sur les différentes options en fin de vie que la loi luxembourgeoise permet. Nous avons également édité récemment une brochure en quatre langues - français, allemand, anglais et portugais, ndlr - qui explique les trois lois qui s’appliquent en fin de vie et qui incitent le citoyen à réfléchir sur ses choix personnels.
Dix ans après les lois sur les soins palliatifs et l'euthanasie, une nouvelle stratégie doit être mise en place, notamment pour mieux former les professionnels. Cela signifie que des réticences existent encore au sein du corps médical?
«Effectivement, il existe encore des réticences au sein du corps médical vis-à-vis de l’euthanasie. C’est d’ailleurs un droit du médecin, prévu explicitement par la loi, de refuser de pratiquer l’euthanasie si cela est contraire à ses convictions personnelles, philosophiques ou religieuses. Par contre, il a l’obligation alors d’orienter son patient désireux de recourir à l’euthanasie à un confrère qui la pratique. Et ceci dans des délais réalistes.
Au-delà des réticences, il y a également un besoin de formation à plusieurs niveaux : comment aborder le sujet de la fin de vie avec ses patients ? Comment orienter le patient sans l’influencer indûment dans ses choix personnels à faire pour sa fin de vie ? Comment en pratique réaliser une euthanasie correctement ?
La future stratégie doit également inclure «certaines organisations supplémentaires» dans le dispositif afin de bénéficier d'une «représentativité correcte dans le secteur». Quelles lacunes cette mesure doit-elle combler?
«Un sujet très personnel comme la fin de vie se réfère généralement à des considérations philosophiques et génère souvent des réactions émotionnelles fortes. Pour cette raison, il est important pour la cohérence de notre société de procéder dans les discussions et décisions qui y sont liées, autant que faire se peut, par consensus. Et ce, en associant au débat toutes les parties prenantes importantes.
Même si on prend par la suite des décisions dans l’un ou l’autre sens, il est important que tous soient d’abord entendus en leur avis. Le groupe de travail au ministère de la Santé qui existait par le passé et qui s’occupait des discussions autour des thématiques de fin de vie ne comprenait pas certains acteurs importants et il prévu d’y remédier dans le groupe qui élaborera le futur plan national fin de vie.»
