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Rattrapés par le covid-19 à l'autre bout du monde
Luxembourg 5 4 min. 24.03.2020 Cet article est archivé

Rattrapés par le covid-19 à l'autre bout du monde

A défaut de pouvoir accoster, le Celebrity Eclipse reste en mer depuis deux semaines.

Rattrapés par le covid-19 à l'autre bout du monde

A défaut de pouvoir accoster, le Celebrity Eclipse reste en mer depuis deux semaines.
Photo : DR
Luxembourg 5 4 min. 24.03.2020 Cet article est archivé

Rattrapés par le covid-19 à l'autre bout du monde

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
Ce couple de Luxembourgeois, en croisière en Amérique du Sud, a échappé à la maladie mais pas aux complications liées à l'épidémie. Les voilà bloqués en mer pour dix jours de plus que prévu, loin de Leudelange.

Evidemment qu'ils ne l'avaient pas imaginée ainsi leur croisière. La promesse d'escales de rêve, du soleil de l'été en Amérique du Sud, d'un navire grand confort. Sauf que depuis leur départ du Grand-Duché, fin février, le coronavirus a fini par les rejoindre. Et voilà comment Alain Depierreux et son épouse Covi, de Leudelange, se retrouvent embarqués dans un voyage avec plus de péripéties que prévu.

Bien sûr, pas question pour le couple de Luxembourgeois de se plaindre. A bord du Celebrity Eclipse, ils ne manquent de rien et aucun passager ni membre d'équipage n'est infecté. Tout irait donc pour le mieux dans ce périple devant rallier l'Argentine à Santiago au Chili. «Quand nous avons embarqué à Buenos Aires, le 1er mars, la situation du coronavirus était encore relativement calme en Europe et il n’y avait aucun cas en Amérique du Sud», se souvient Alain Depierreux. Sauf que d'Asie à l'Europe, la pandémie a ensuite eu vite fait d'atteindre l'autre côté des océans. 

Les ports d'Uruguay, les cités côtières d'Argentine, le passage du Cap Horn, le navire progresse; la maladie semble encore bien loin. «Il n’y avait alors que deux cas en Argentine et aucun au Chili à ma connaissance», se souvient le voyageur en évoquant son arrivée à Ushuaïa et les informations qui parviennent aux oreilles des 2.800 touristes à bord.

Mais à l'heure de la remontée de la côte chilienne, l'épidémie s'accélère en Amérique du Sud. Le couple luxembourgeois apprend que de nombreux vols intercontinentaux sont supprimés mais aussi que deux cas de covid-19 ont été dépistés sur un autre bateau de tourisme. La croisière ne va alors plus vraiment s'amuser. Le capitaine pousse les machines et atteint Santiago au Chili le 15 mars, à 2h30 du matin. «Mais, depuis minuit, le pays venait de fermer l'accès à tous ses ports», découvrent Alain et sa femme.

Bien mieux sur le navire qu'au Luxembourg

Deux jours de négociation avec les autorités n'y changeront rien : le bateau ne peut rejoindre son point d'arrivée, ni même se ravitailler. «Finalement, on est partis vers Valparaiso, à quelques nœuds de là. Mais pas plus de chance de débarquer...» Confinement oblige, ce deuxième port reste inaccessible. Les voilà immobilisés pour trois jours, ancrés face à la cité aux légendaires funiculaires. Le Celibrity Eclipse sera finalement ravitaillé (en nourriture et carburant) à l'aide de barges allant et venant depuis la côte. «Cela a pris beaucoup de temps et c’était dangereux pour les personnes qui transféraient les palettes.» 

Sur les différents ponts, l'équipage fait tout pour que les passagers soient les moins préoccupés et les plus occupés possible. Mais l'inquiétude ne peut que poindre parmi les clients. «Finalement, notre croisiériste Celebrity Cruises a trouvé une solution. Il nous rapatrie vers la Californie. Dix jours de croisière vers San Diego de plus, offerts», sourit le Leudelangeois qui consent être «bien mieux sur le navire qu'au Luxembourg dont j'ai de tristes nouvelles.»

Et maintenant cap vers San Diego

Placides face à la situation, Alain et Covi ont pris contact avec le ministère des Affaires étrangères luxembourgeois. L'administration nationale a promis d'organiser leur rapatriement, comme pour tout résident actuellement à l'étranger. Reste à savoir quand. «Difficile à dire car la Californie vient elle aussi d'appliquer des mesures de confinement. Même si nous n'avons pas de malades à bord et largement passés en mer nos 14 jours de quarantaine préventive, pas certain que nous puissions mettre pied à terre en arrivant.»

Certitude : le consulat luxembourgeois à San Francisco suit leur parcours et la compagnie qui leur a vendu le séjour a promis de rapatrier le couple. En attendant, les navigateurs au long cours profitent de la gentillesse de l'organisateur du voyage : «Tout a été réorganisé et se passe presque comme une croisière normale. Les forfaits boissons sont étendus à toute la durée du voyage. Et faute d’avoir à bord assez d’artistes pour animer les soirées musicales, le personnel se mobilise et les plus doués maintiennent cette distraction», témoignent les Leudelangeois qui ont mis cap au Nord. Et de conclure : «Notre famille nous manque terriblement», comme à tout confiné dans le pays finalement.

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