Qui veut vraiment de la rentrée des classes?
Qui veut vraiment de la rentrée des classes?
Plus de 15.000 signatures en une semaine. C'est dire si la pétition «Non à la reprise des lycées et écoles en mai», lancée sur Change.org a trouvé écho parmi les résidents. Son initiative en revient à des parents d'élèves pas vraiment d'accord pour déposer leurs enfants devant les établissements scolaires aux dates proposées pour le retour en classe. Trop tôt, trop de craintes encore de contamination au covid-19, organisation trop complexe à mettre en place...
Le ton rassurant des dernières interventions du ministre de l'Education, Claude Meisch (DP) n'y change rien. De nombreuses familles ont encore la peur au ventre, et n'hésitent pas à dire qu'«il est inconscient de risquer la vie des élèves et de leurs proches en leur faisant reprendre les cours en mai». Et de suggérer donc au gouvernement de revoir sa copie, et donc d'interrompre exceptionnellement l'année scolaire après ce confinement qui, initialement, n'était envisagé que du 16 au 29 mars derniers.
Message clair pour les pétitionnaires: «Faites redoubler les jeunes ou passer une classe mais une année de perdue, c'est mieux qu'une vie perdue». Et ce n'est pas là le seul canal venant chahuter le choix de faire reprendre la classe début mai aux élèves de première du secondaire classique et général d'abord, puis au reste des classes les 11 et 25 mai. Le site de la Chambre, face à l'afflux de revendications sur le sujet, a d'ailleurs choisi de rassembler les contestations selon deux catégories.
Qui est favorable à un report de l'ouverture des établissements scolaires et universitaires uniquement après deux semaines sans nouvelle infection, peut signer la pétition n°1549. Les opposant favorables à une fermeture des établissements scolaires, mais aussi des crèches et des maisons-relais jusqu'en septembre peuvent se tourner vers la pétition n°1550.
L'ACEN, le syndicat enseignant, ne cache pas son alignement avec la position du ministre et se dit favorable à une reprise des cours. «Nous soutenons cette décision, mais estimons que les dates avancées sont encore trop prématurées», estime la formation dirigée par le président Luc Wildanger. Et de réclamer que la cloche ne sonne la rentrée qu'après la Pentecôte. Pour l'ACEN, en attendant cette date, les leçons en ligne se poursuivraient afin d'assurer le suivi pédagogique. D'autant que jeunes et parents ont l'air d'apprécier cette formule.
Mais aux yeux du syndicat, il est important que le ministère de l'Education et ses partenaires aient parfaitement répondu aux exigences sanitaires et organisationnelles. A quoi ressemble une classe -même en demi-effectif- où les jeunes se tiennent à deux mètres les uns des autres? Si examen il y a, comment désinfecter les copies avant correction? Est-il possible qu'en décalé l'ensemble des classes puissent bénéficier d'une récréation dehors? Et ainsi de suite.
Pour les enseignants du SNE/CGFP, du SEW/OGBL, de l'APESS et de la FEDUSE/Enseignement, la position commune ne remet pas en cause l'agenda gouvernemental. D'une même voix, les quatre syndicats assurent qu' «il reste primordial que la santé de l'ensemble de la population, y compris les élèves et les enseignants, doit être la première des priorités du gouvernement». Et d'assurer que sur ce thème, «aucun compromis ne sera accepté!» Un avis ponctué là encore de multiples questionnements.
Avant le Jour J, quel qu'il soit, les communes devront elles aussi avoir réglé les difficultés nouvelles qui leur incombent en tant que responsables des écoles. Ce vendredi, le représentant des 102 bourgmestres du pays attend donc des éclaircissements lui aussi. Déjà, en début de semaine, Emile Eicher (CSV), président du Syviol, a pu échanger «dans un esprit constructif» avec Claude Meisch mais de nombreux problèmes restent à résoudre.
«Nous avons, par exemple, besoin de réponses sur les mesures de protection à mettre en place dans les bâtiments. C'est tout bête mais quelles portes laissons-nous ouvertes?, interpelle le président du Syvicol. A quel rythme et comment désinfecter? Que se passe-t-il si un enfant est testé positif?»
«Nous avons dit à Claude Meisch qu'il nous fallait au moins deux semaines d'avance pour mettre tout cela en œuvre», indique Emile Eicher. Un ultimatum poli mais ferme. C'est donc peu dire que le ministre de l'Education, en place depuis 2013, se retrouve confronté au plus difficile exercice qu'il ait eu à résoudre. Une équation à de multiples inconnues pour l'instant.
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