Quelles stabilité et croissance après la crise ?
Quelles stabilité et croissance après la crise ?
(MF avec Annette Welsch) – En temps normal, le programme de stabilité et de croissance (PSC) et le programme national de réforme (PNR) font partie intégrante du discours sur l'état de la nation qui n'a pas eu lieu en ce début de printemps 2020, la priorité du gouvernement étant de combattre le coronavirus. Dans un contexte global d'état d'urgence, de chute drastique de l'activité économique et d'envolée de la dette publique, c'est donc la première fois que les députés ont débattu sur les deux programmes qui seront ensuite transmis à la Commission européenne.
Les évolutions de l'économie comme des finances publiques ont été complètement bouleversées par les mesures de crise. De sorte qu'en 2020, au lieu de l'excédent prévu de 800 millions d'euros, s'affiche sur les tableaux prévisionnels désormais un déficit de cinq milliards d'euros et, selon le Statec, une probable récession économique de six pourcents du PIB.
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), a rappelé que pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie et protéger la population du covid-19, l'Etat avait déjà investi 0,4 milliard d'euros en un temps record. La Commission européenne avait réagi rapidement et suspendu les critères de Maastricht pour 2020, autorisant du coup, les pays à s'endetter davantage. Ce que le Luxembourg n'a pas manqué de faire.
Pierre Gramegna a souligné combien les chiffres devaient être pris avec des pincettes, en particulier la perspective du Statec d'une croissance économique de 7 % pour 2021 : «Ce serait bien, car nous avons eu une croissance de 3 à 3,5 % ces dernières années, ce qui se traduirait par une croissance nulle sur les deux années 2020 et 2021», résume-t-il, avant de glisser: «Mais personne ne le sait».
Il ne faut pas laisser la pauvreté et les inégalités s'aggraver davantage
François Benoy, député Déi Gréng
Alors que le ministre des Finances laisse entendre que le pays dispose des ressources pour réagir face à la lourde crise provoquée par le virus, Gilles Roth, député du principal parti d'opposition (CSV), rappelle qu'en 2008, «nous avons connu une crise avec un effondrement économique de 6 %, qui a touché la place financière et dont nous nous sommes financièrement bien sortis».
Et au député d'interroger le ministre sur le niveau de résistance des finances publiques à l'épreuve de la crise et de s'inquiéter de l'état du système de sécurité sociale dont le solde créditeur est passé de 1,1 milliard d'euros à 282 millions. Au Premier ministre, le porte-parole du CSV réclame maintenant «une feuille de route pour la reprise économique».
Alors que le député Roy Reding (ADR) juge que la dette doit être réduite sans quoi elle devra être remboursée par les générations futures, Marc Baum (déi Lénk) est d'avis que cette crise «offre des opportunités. Il ne faut pas laisser la pauvreté et les inégalités s'aggraver davantage» mais imposer davantage les mieux lotis et moins les bas et moyens revenus.
François Benoy (Déi Gréng) voit venu le «temps de repenser les choses et de ne pas revenir à une économie d'hier, mais d'en créer une nouvelle pour l'avenir». Comme André Bauler (DP), il prône le maintien des investissements à un niveau élevé et écarte une politique d'austérité. Au contraire, le moment est venu de «renforcer la protection du climat et des investissements qui doivent être réalisés dans la mobilité, les projets environnementaux et les infrastructures numériques».
Trop peu de réponses aux recommandations de l'UE
Revenant sur le programme national de réforme (PNR) présenté par le ministre de l'Economie, Franz Fayot (LSAP), le député (CSV) Claude Wiseler lance: «Vingt pages de mesures contre le coronavirus mais rien sur l'avenir. Je m'attendais à des premières réflexions sur les cinq critiques de l'UE». Le PNR fait état des recommandations de la Commission européenne pour le développement des différents pays de l'UE et des réponses qu'ils comptent apporter.
Franz Fayot admet que «nous avons manqué les objectifs pour la recherche privée et publique où les dépenses ne sont pas assez élevées, pour la réduction de la pauvreté et pour le climat où nous sommes à la traîne». Le ministre a énuméré cinq domaines dont il faudrait se préoccuper : le système de santé et de soins, la digitalisation, l'étude Rifkin afin d'atteindre la neutralité climatique, une chaîne d'approvisionnement qui mise davantage sur la production régionale et un marché intérieur fort. Mais le PNR ne pouvait malheureusement plus être adapté à la crise et aux réponses à y apporter.
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