Que changera le Brexit au Luxembourg?
Que changera le Brexit au Luxembourg?
(MF) – Alors que les conditions du Brexit restent un mystère, «Mister Brexit», Michel Barnier, sera au Luxembourg ce lundi après-midi. A 15 heures, le négociateur en chef de la Commission européenne, chargé de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, sera accueilli à la Chambre des députés par son président, Fernand Etgen. Il aura un échange de vues avec les membres du Bureau, de la Conférence des présidents et de la Commission des Affaires étrangères et européennes.
Juste avant, Michel Barnier sera reçu par le Premier ministre Xavier Bettel, à l'Hôtel de Bourgogne. Leurs discussions porteront sur les négociations en vue du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne et des futures relations entre les deux «divorcés». C'est la quatrième fois que Michel Barnier sera de passage au Grand-Duché pour parler Brexit.
Théoriquement, le Brexit sera effectif le vendredi 29 mars à minuit. A moins de sept semaines de cette sortie inédite de l'UE, le «no-deal» - un départ britannique sans accord - est de plus en plus redouté et «reste la plus mauvaise solution», avait déclaré fin janvier Xavier Bettel.
Mais rien n'est joué. Pas plus tard que dimanche, James Brokenshire, secrétaire d'Etat au Logement, a indiqué que le gouvernement comptait proposer au Parlement de débattre à nouveau des différentes options possibles pour le Brexit d'ici la fin du mois.
Avec ou sans accord, le divorce imminent aura des effets sur le Luxembourg dont la place financière travaille en étroite collaboration avec la City. Avec neufs vols quotidiens, Londres reste l'aéroport le mieux desservi par le Findel. Xavier Bettel avait d'ailleurs affirmé il y a trois semaines que le personnel était «prêt» à l'aéroport de Luxembourg.
Le 21 janvier, le Luxembourg avait présenté une batterie de mesures pour éviter que les Britanniques travaillant sur son territoire ne «perdent leur emploi» en cas de Brexit sans accord. «Pour ceux qui le 29 mars vivent ici, ils auront un an pour demander un titre de séjour», avait assuré le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn.
Globalement le Brexit apparaît comme une aubaine pour la place financière luxembourgeoise. La sortie du marché unique du Royaume-Uni est synonyme de perte du passeport financier européen. Via ce passeport, les grandes banques internationales établies au Royaume-Uni peuvent proposer leurs services dans l'Union européenne.
3.000 emplois en deux ans
Le magazine Funds Europe citait fin janvier une déclaration de Luxembourg for Finance, l'agence de développement de la place financière grand-ducale, selon laquelle «47 institutions financières avaient rendu publics à ce jour leurs plans de relocalisation luxembourgeois liés au Brexit. La moitié d'entre eux étaient des gestionnaires d'actifs et l'autre moitié des banques, des assureurs et des prestataires de services de paiement. Entre-temps, un certain nombre d'entreprises ont choisi d'étendre leurs activités luxembourgeoises existantes sans que ces plans aient été rendus publics».
Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for finance, estimait en ce début février que près de 80 entités auraient déjà fait le choix de délocaliser leurs activités de Londres vers Luxembourg ou d'y élargir leurs activités.
Selon l'Association luxembourgeoise des fonds d'investissement (Alfi), 23 sociétés de gestion d'actifs basées au Royaume-Uni ont annoncé publiquement qu'elles créeront ou renforceront leur présence au Luxembourg, qui «maintient sa position de premier centre pour fonds d'investissement en Europe et deuxième au monde», comme l'a souligné sa présidente, Denise Voss lors de la conférence de presse annuelle de l'industrie luxembourgeoise des fonds d'investissement, le 30 janvier dernier.
Côté emplois, le Brexit devrait se traduire par l'arrivée de quelque 3.000 salariés supplémentaires sur la Place endéans deux ans. Interrogé sur le nombre d'emplois récupérables du fait du Brexit, Nicolas Mackel, le directeur général de Luxembourg for Finance avait estimé en septembre 2017: «Dans le court terme, que je chiffre à deux ans, je pense que ça se situera plutôt autour de 3.000 postes au Luxembourg».
Joint par nos confrères de Paperjam, Nicolas Mackel avait précisé que «ce ne sont pas 3.000 personnes qui vont venir», mais que «90% seront probablement engagées localement.»
