Pourquoi le Kirchberg se doit d'ouvrir des boutiques
Pourquoi le Kirchberg se doit d'ouvrir des boutiques
Depuis le début des années 90, le Kirchberg Shopping Center jouissait d'un positionnement enviable. Le centre aux 55 enseignes régnant en maître absolu sur le commerce d'un quartier abritant, excusez du peu, 3.800 résidents et 41.300 salariés. Mais voilà, le 12 décembre, Infinity Shopping bouleversera la donne en ouvrant une galerie incluant une vingtaine de boutiques, juste à côté de la Place de l'Europe.
Au-delà des polémiques sur la poussée massive des centres commerciaux dans ou autour de Luxembourg cette année, pour le Kirchberg cette annonce peut s'analyser comme une nouvelle étape. Un pas supplémentaire vers l'humanisation d'un secteur jusque-là dédié à l'administration, aux instances européennes et aux cols blancs occupant le million de m2 de bureaux que compte cette seule zone de la capitale.
Dernièrement, le ministre des Travaux publics François Bausch (Déi Gréng) rappelait l'intention de rendre ce quartier «moins ennuyeux». Autrement dit, lui trouver une autre utilité que le simple accueil de salariés 40 heures par semaine. Un cabinet danois a déjà planché sur des idées d'aménagement, mais la donnée commerciale est majeure si la mue veut prendre.
«Il n'y aura pas d'habitants s'il n'y a pas de services à proximité», insiste-t-on désormais au Fonds Kirchberg après avoir peuplé l'espace de buildings. Pour sédentariser 50% des actifs présents chaque jour, il convient donc de leur offrir les boutiques, les artisans, les loisirs dont toute famille a l'utilité. Le centre sportif D'Coque participe à cet ancrage tout comme la nouvelle installation de la Bibliothèque nationale.
Afin de recenser une partie des besoins en matière de commerces, le Fonds a lancé une enquête en ligne. Jusqu'à fin octobre, celle-ci prend le pouls de ceux qui vivent ou fréquentent le Kirchberg. Un appel à participation a notamment été adressé par courrier toutes-boites à 6.755 habitants du Kirchberg et de ses environs (notamment Senningerberg, Neudorf, Weimershof et Weimerskirch). Déjà près de 800 réponses sont parvenues, signe indéniable d'intérêt pour la problématique.
L'agence d'urbanisme parisienne Intencité analysera ces données. Elle en donnera les conclusions d'ici 2020. «Il faut être attentif à bien étudier la masse critique nécessaire pour faire vivre tous les commerces envisagés. Les faire venir est une chose, qu'ils perdurent une autre», commente-t-on au Fonds Kirchberg.
Tram, LuxExpo et Cie
Déjà, des pistes de développement sont dans l'air. Il faudrait, par exemple, implanter des boutiques aux points d'échange du tram qui génèrent un fort flux de clients potentiels. Le site bientôt libéré de LuxExpo devra être repensé comme un futur «centre urbain». Avec du logement et donc les indispensables commerces qui vont avec, mais sans oublier les espaces verts et l'offre culturelle ou de loisirs qui accompagneront le quotidien des futurs résidents.
Le Kirchberg n'atteindra l'objectif «visé» des 25.800 habitants (quasiment la taille de Differdange!) à l'horizon 2039 que s'il réussit cette nouvelle métamorphose. Si le Fonds Kirchberg se doit d'étudier les différents scénarios, les décisions finales restent, elles, entre les mains des élus communaux de Luxembourg.
