«Pour Pfizer Luxembourg, c'est un grand jour»
«Pour Pfizer Luxembourg, c'est un grand jour»
Samedi 26 décembre, comme chaque Etat de l'Union européenne, le Grand-Duché a reçu son lot de vaccins anti-covid. Et parmi les officiels à être particulièrement attentifs à la bonne livraison de ce premier lot figurait Reginald Decraene. Le directeur général de Pfizer Luxembourg voyant là se concrétiser de longs mois d'espoirs et de préparatifs.
Ce lundi 28, débute la campagne de vaccination au Luxembourg et c'est avec «votre» vaccin. J'imagine que cela représente une émotion particulière?
Reginald Decraene : «Je parlerai même d'une fierté pour la vingtaine de collaborateurs de Pfizer Luxembourg. Habituellement, nous sommes là pour faire de l'information sur l'un ou l'autre des 170 produits de notre firme auprès des cabinets médicaux et des pharmacies du pays. Aujourd'hui, c'est une impression autre que commerciale qui s'impose : nous agissons dans l'intérêt d'une communauté entière.
Dans le cas de cette pandémie covid, nous avons conscience de l'importance et des bienfaits attendus de notre vaccin. C'est une sensation décuplée par rapport à l'ordinaire. En hiver, c'est plutôt vers la distribution du vaccin anti-pneumocoque que se concentre notre activité. Une vaccination que de nombreux généralistes prescrivent en même temps que le sérum anti-grippe.
Le pays n'a pas négocié de commandes directes auprès de Pfizer, la Commission européenne s'en est chargée pour ses membres. Quel rôle avez-vous joué alors?
«En fait, voilà des mois que nous nous entretenons avec les autorités luxembourgeoises. Le ministère de la Santé prioritairement, et pour la Caisse nationale de santé, la Protection nationale, la Fédération des hôpitaux et d'autres. En tant que producteur d'une formule de protection anti-covid, c'est bien avant la validation du 21 décembre par l'Agence européenne des médicaments que nous avons travaillé à des approches pour la logistique particulière à ce vaccin Pfizer/BioNTech. Les fameux réfrigérateurs nécessaires pour la conservation à -75°C mais pas seulement.
Avec les partenaires, nous avons réfléchi ensemble au premier point de livraison, au stockage, à la répartition entre différents sites de vaccination, à ce qu'allait nécessiter d'un point de vue organisationnel le rappel de vaccination 21 jours après la première injection.
Cela a pris des semaines, des weekends entiers pour que chacun ait bien conscience des attentes de l'autre. Avec toujours cette inconnue préalable du nombre de doses délivrées et du calendrier.
Les premiers paquets contenaient 9.700 doses, exact?
«Ici comme pour chaque Etat membre de l'UE, selon un principe d'égalité de traitement. C'est une belle symbolique je trouve. Le vaccin est parti de notre usine belge de Puurs pour arriver, samedi, dans les frigos d'un de nos grossistes déjà équipés. Mais il ne faut pas s'imaginer des poids lourds remplis de glacières bourrées de dosettes. Pour vous donner une idée, 1.000 flacons tiennent dans une petite boite de 33 cm de côtés pour 50 cm de haut...
Marchandise peu volumineuse, mais ô combien précieuse d'un point de vue santé publique...
«Si précieuse et rare actuellement qu'Interpol craint qu'elle n'attire la convoitise de certaines mafias. C'est pourquoi avec les représentants de l'Etat nous avons aussi discuté de la sécurité qui allait entourer les livraisons. La police grand-ducale a mis au point un dispositif pour que tout se déroule bien. Les itinéraires sont maintenus secrets et les lieux et conditions de préservation sont sous haute surveillance.
De son côté, Pfizer surveille ses envois depuis la Belgique jusqu'au(x) point(s) de livraison via des cadenas sur chaque camionnette, des parcours qui évoluent de voyage en voyage, un système de géolocalisation et de contrôle des températures à distance.
Mais la plus grande crainte pour les convois, ce ne sont pas les voleurs...
«Disons que la préoccupation est double. Dans certains pays, il faut aussi craindre des actions de blocage de la part de certains «anti-vax», des opposants à la vaccination qui pourraient vouloir s'engager dans des opérations extrêmes. D'où l'accompagnement et la vigilance de la police aux côtés des équipes logistiques.
D'ailleurs, si les autorités ont assuré l'aspect organisationnel de la campagne anti-covid, le challenge qui les attend maintenant va être de convaincre le plus de volontaires possible de s'inscrire pour recevoir la dose au coronavirus. Plus la population sera vite immunisée, moins longtemps les conséquences sociales ou économiques du virus pèseront. Pfizer et les autres laboratoires feront leur boulot (de recherche, de production), aux Etats de bien assurer l'autre part de la prévention vaccinale.»
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