«Poser les bons jalons pour le budget 2019»
«Poser les bons jalons pour le budget 2019»
(Patrick Besch, traduit et adapté par Marc Auxenfants) - Les députés luxembourgeois se sont réunis en séance publique ce mercredi matin pour débattre du budget 2019 après un hommage à la mémoire de son Altesse Royale le grand-duc Jean. Le député André Bauler (DP) a présenté le texte du projet, qui sera adopté cette semaine.
Selon le document, les dépenses s'élèveront à 19.611 millions d'euros en 2019. Tandis que les revenus se monteront à 18.962 millions d'euros. L'année 2019 s'achèvera donc avec un déficit public de 649 millions d'euros.
Un budget négatif assumé par le gouvernement: «Les dépenses d'aujourd'hui sont les revenus de demain», avait justifié en mars dernier Pierre Gramegna, le ministre des Finances. Selon son pronostic, l'équilibre des comptes publics sera atteint dans les années à venir.
Fin 2018, la dette publique s'élevait à 21,4% du PIB. En 2019, elle représentera 20,02% du produit intérieur brut, pour tomber à un ratio de 18% en 2022. En termes absolus, la dette passera de 12,5 milliards à 13,2 milliards d'euros.
Revenant sur les priorités gouvernementales, Pierre Gramegna avait à l'époque défini trois axes centraux pour le budget 2019: cohésion et équité sociales, compétitivité économique et durabilité. Dans les trois domaines, les dépenses devraient augmenter massivement.
Aussi, le ministère des Transports et de la Mobilité ainsi que celui de l'Éducation recevront pour la première fois plus de deux milliards d'euros. D'autres ministères pourront également bénéficier d'un budget plus important. Le Logement recevra une enveloppe supplémentaire de 6,8%.
Par ailleurs, le gouvernement investira davantage dans le sport (+21% de plus pour les clubs) et dans la culture (+15%). Le ministère de l'Énergie recevra 44% de budget supplémentaire, pour mettre la poursuite du programme d'énergie à 100% renouvelable.
Au total, le gouvernement prévoit d'investir 11 milliards d'euros entre 2018 et 2023. Pour sa part, André Bauler a particulièrement loué les 2,3 milliards d'euros investis dans la nature, l'environnement, le climat et la durabilité.
Aides fiscales
Parmi les principales aides fiscales prévues au budget 2019: la réduction de la TVA sur les produits d'hygiène féminine, qui passe à 3%, une enveloppe de 237 millions d'euros allouée au congé parental ou encore la gratuité des frais de garde dont le coût de 421 millions d'euros sera supporté par l'État.
Pour les entreprises, la réduction de 1% de l'impôt global sur le revenu des sociétés entrera en vigueur de manière rétroactive au 1er janvier (pour un coût de 50 millions d'euros).
A contrario, les droits d'accises sur les produits pétroliers qui augmenteront au 1er mai prochain, devraient se traduire par une rentrée budgétaire supplémentaire de 2,5 millions d'euros.
«Les chiffres montrent que le gouvernement s'en tient à ses deux objectifs: une dette inférieure à 30% du PIB et la sécurisation du Triple A», résume ainsi Pierre Gramegna.
Réactions mitigées
La Chambre de commerce a réagi au projet de budget: «Le projet est novateur à divers égards, comme la nouvelle présentation comptable, mais d'autres aspects laissent davantage à désirer. De nombreuses incertitudes, internationales (Brexit, tensions commerciales, ralentissement dans la zone euro, etc.) ou nationales (question de l'éventuel 'dégonflement' des arriérés d'impôt ou de la non-concrétisation du ralentissement prévu de la hausse des dépenses, qui coûterait 1,5 milliard d'euros à l'horizon 2022 en cas de poursuite d'une progression des dépenses courantes de 6,1% par an) font cependant craindre que cette prudence s'avère insuffisante, d'autant que la progression soutenue de l'emploi, frontalier notamment, pourrait générer des besoins additionnels d'investissements publics. Il aurait été souhaitable, de se prémunir contre d'éventuelles 'surprises' en prévoyant de plus importantes marges budgétaires,» a-t-elle estimé.
Si de son côté, la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) salue la création d'un crédit d'impôt salaire social minimum (CISSM), elle estime toutefois que «cette amélioration reste insuffisante pour atteindre un niveau dépassant le seuil de risque de pauvreté».
Si la CSL salue par ailleurs «les efforts au cours des dernières années au niveau des structures d'accueil des enfants et des chèques-service accueil (CSA)», elle remarque que «de nombreux enfants (y compris notamment ceux des salariés frontaliers) ne bénéficient pas des CSA, ce qui rend indispensable une augmentation des prestations familiales en espèces et la création d'un mécanisme d'adaptation automatique de celles-ci».
La CSL conclut que «la désindexation de ces prestations a engendré entre-temps une perte de 20% au niveau des montants ; cette dégradation a été renforcée pour les enfants nés après la récente réforme des prestations familiales, qui a diminué le montant moyen accordé par enfant».
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