Plus de 1.100 réfugiés ukrainiens vont faire leur rentrée
Plus de 1.100 réfugiés ukrainiens vont faire leur rentrée
Régler son réveil, préparer sa tenue, organiser son cartable... Autant de gestes qui deviennent une habitude pour les élèves, au fil des années qui passent. Mais pour certains d'entre eux, cette rentrée aura une saveur particulière. À des milliers de kilomètres de leur établissement scolaire habituel, de nombreux réfugiés ukrainiens vont reprendre le chemin de l'école au Luxembourg.
Ils sont très exactement 1.131 à être inscrits pour suivre leurs cours, tous niveaux confondus. Si 309 d'entre eux se rendront dans des écoles communales, ils seront bien plus à fréquenter les écoles internationales (822). Pour Ksenia Yukhymenko, maman de trois enfants âgés de 5, 9 et 15 ans, cette rentrée scolaire est synonyme d'exaltation. «Mes deux filles se rendront à l'école de Bissen, tandis que mon fils de 15 ans suivra ses cours à l'École internationale Anne Beffort.»
Les enfants ont commencé les cours en mai après être arrivés en avril au Grand-Duché. Tous ont hâte de retourner en classe. «Nous pensions que la guerre ne durerait pas autant, et avions pour objectif de rentrer rapidement. Finalement, nous avons obtenu un logement pour une période d'un an, donc nous allons rester au moins pendant cette année. Les enfants sont ravis de retrouver le chemin de l'école où ils se sont fait des amis», sourit la réfugiée.
Préserver les habitudes
La scolarisation permet en effet aux plus jeunes une certaine stabilité grâce aux liens sociaux qu'ils développent. C'est pour cette raison, entre autres, que les autorités luxembourgeoises ont pris la décision de rendre l'école obligatoire pour les nouveaux arrivants ukrainiens, au même titre que pour l'ensemble des enfants résidant sur le territoire. «Au total, 95% des élèves de moins de 20 ans ont été scolarisés au Luxembourg en mai 2022. Le pays affiche ainsi le meilleur taux en Europe, car nous avons refusé l'enseignement ukrainien à distance, même si nous avons donné la possibilité aux élèves de le suivre en sus», explique Pierre Reding, directeur général de l'Intégration au ministère de l'Éducation nationale.
Depuis Pâques, environ 1.300 enfants ont ainsi pu être scolarisés dans les écoles du pays. Entre les départs et les arrivées, ils sont donc un peu moins nombreux à reprendre le chemin des salles de classe à la mi-septembre. Mais l'écrasante majorité d'entre eux retourneront dans l'établissement qu'ils ont déjà fréquenté avant l'été. «Les habitudes et les amitiés des écoliers doivent être préservées en retournant dans la même école, même en cas de relogement si cela reste possible», appuie Elisabeth Reisen, cheffe du service de la scolarisation des enfants étrangers au ministère.
Au sein des établissements internationaux, la majorité des écoliers ukrainiens suivent leurs cours dans des classes d'accueil. «Ils sont approximativement 16 élèves par classe avec des niveaux scolaires différents, et, le but pour les élèves est le passage à la classe régulière», poursuit Elisabeth Reisen. Cette étape est réalisée avec beaucoup de flexibilité, et se fait petit à petit tout au long de l'année, en fonction du niveau de l'élève. Au total, une quarantaine de ces classes ouvriront leurs portes le 15 septembre dans le pays.
Le pays est en permanence confronté à l'afflux d'élèves étrangers.
Pierre Reding, directeur général de l'Intégration
Contrairement à certains de ses voisins européens, le Luxembourg est plutôt bien préparé à l'intégration des élèves étrangers au sein de son système scolaire. «Cette rentrée, ce sont en tout 15.000 lycéens de différentes nationalités qui étudient au Luxembourg. Le pays est en permanence confronté à l'afflux d'élèves étrangers», souligne Pierre Reding.
Un début d'année chargé
Le mois de septembre n'est donc pas synonyme d'inquiétudes particulières pour le service d'Elisabeth Reisen, même s'il est traditionnellement chargé. «Les deux premières semaines font toujours l'objet d'adaptation avec des élèves qui disparaissent et d'autres qui reviennent, mais la situation ne sera en rien comparable avec l'afflux que nous avons connu au mois de mars», indique la cheffe du service de la scolarisation des enfants étrangers.
En effet, l'équipe composée d'une quarantaine de personne avait dû s'organiser pour prendre en charge de multiples familles, parfois jusqu'à 60 par jour. Si des réfugiés ukrainiens continuent d'arriver au Luxembourg, leur nombre est relativement moins élevé qu'au début du conflit, permettant au service de continuer à assurer l'ensemble de ses missions.
«Le défi du service est d'éventuellement anticiper la création de classes d'accueil supplémentaires lors de la rentrée, mais surtout d'assurer désormais les intégrations en cours d'année, qui connaissent notamment des pics après Noël», fait savoir Elisabeth Reisen. Ce à quoi viendra s'ajouter le suivi des élèves. Ces derniers peuvent d'ailleurs s'appuyer sur le réseau de médiateurs interculturels embauchés par l'Éducation nationale.
Alors que 80 postes avaient initialement été annoncés, ce sont finalement 54 médiateurs qui ont été embauchés pour ces rôles. «Ils assurent des entretiens avec les élèves, mais également une permanence à l'école pour régler d'éventuels problèmes, et permettent aux enfants d'avoir un espace de parole s'ils ont besoin de soutien», détaille Pierre Reding. Parallèlement, de nouveau professeurs ont été recrutés, principalement des anglophones, plus nombreux encore que les médiateurs interculturels.
À l'image des élèves, les enseignants peuvent, eux aussi, avoir besoin de soutien pour faire face à cette situation exceptionnelle. «Nous avons rédigé des fiches à propos des réactions des élèves, ou des fautes courantes qu'ils peuvent faire, que les professeurs peuvent consulter à leur disposition. Des formations pour mieux accueillir les élèves arrivant dans le pays sont également disponibles, et étaient mises en place bien avant l'arrivée des réfugiés ukrainiens», explique Elisabeth Reisen.
Ainsi, si l'organisation des classes d'accueil ne sortait pas de l'ordinaire des missions du service, ces dernières risquent de se compliquer à l'avenir. En effet, surprenant par sa durée, le conflit va pousser des écoliers à être scolarisés durablement hors de leur pays. Et pour certains, difficile de s'accommoder au système scolaire classique.
«La prochaine étape qui s'imposera sera l'organisation de la formation professionnelle. Certains élèves ont un projet professionnel et il ne sera pas constructif de les garder dans les classes d'accueil de manière indéterminée», estime Elisabeth Reisen. Pour ces écoliers, la maîtrise du français ou de l'allemand est indispensable pour pouvoir accéder à l'apprentissage. Mais ce prochain défi ne sera à relever que l'année prochaine.
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